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Faillite de la Silicon Valley Bank | Vers un retour au calme des marchés ?

banque@Gettyimages

La crise bancaire initiée par les déboires de la Silicon Valley Bank (SVB) s’est propagée à différents établissements américains comme européens. Son intensité fragilise le système financier mondial dans un contexte de hausse des taux d’intérêt imposée par les banques centrales pour contenir l’inflation. Pour autant, faut-il s’alarmer de la santé des banques ? Pas forcément, comme un décryptage des mécanismes à l’œuvre permet de le comprendre.

 

Les banques régionales américaines fragilisées

Dans ce scénario en plusieurs actes, il faut revenir à la situation de SVB. La banque des start-up de la Silicon Valley était destinataire de dépôts très importants, qu’elle place en 2021 en bons du trésor à 10 ans. A priori rien de plus sûr. Mais la hausse des taux a entraîné une baisse mécanique du prix des obligations. Lorsque ses clients ont réclamé leur argent, elle s’est vue contrainte de vendre en urgence ses obligations souveraines. La perte de 1,8 milliard de dollars constatée a entrainé un mouvement panique de retraits, à hauteur de 42 milliards de dollars en une journée ! Pour autant SVB respectait les ratios prudentiels et ne présentait pas de créances douteuses. La faillite éclair de la SVB (rachetée par First Citizens) et la crise de confiance générée a fait plusieurs autres victimes : Silvergate, Signature, quand First Republic Bank tanguait dangereusement. Une situation qui a révélé les fragilités des banques régionales américaines, avec un risque de liquidité et de taux d’intérêt non couverts permis par une réglementation trop laxiste.

 

La propagation de la crise en Europe

Deuxième acte, la contagion de la crise aux banques européennes. C’est d’abord Crédit Suisse, banque systémique, qui a fait les frais de la défiance des déposants. Un événement qui ne doit rien au hasard mais qui reste très différent de la situation de la SVB : après une succession de scandales, le vénérable établissement était en difficulté depuis plusieurs années, bien que respectant également ses obligations prudentielles.  Pourtant, face à la défiance des déposants exacerbée par des commentaires maladroits du président de la Saudi National Bank, les autorités suisses ont imposé le 19 mars 2023 son rachat par UBS. Bradée à 3 milliards de francs suisse, cette acquisition contrainte entraine également une perte sèche de 16 milliards de francs suisse pour les détenteurs de dettes bancaires subordonnées (dites AT1). Vendredi c’est à la Deutsche Bank que s’attaquent les marchés financiers. Rentable et bien capitalisée, elle avait également dans le passé souffert de différents scandales. Le remboursement anticipé d’une obligation subordonnée « Tier 2 » a mis le feu aux poudres. Le cours des Credit Default Swap (CDS), c’est-à-dire de l’assurance pour se couvrir contre sa faillite, explosait dans la foulée. L’irrationnel a ainsi pris la main sur les marchés et fait trembler l’ensemble du secteur financier.

 

Une réaction rapide des superviseurs

Prompte à réagir, l’administration Biden a garanti très vite tous les dépôts de Silicon Valley Bank pour empêcher que le mouvement de panique ne se propage. Après une communication brouillonne, Janet Yellen, la secrétaire au Trésor américain, a indiqué que l’exception de risque systémique pourrait être mobilisée au cas par cas, permettant de protéger tous les déposants. En Europe Christine Lagarde, présidente de la Banque Centrale Européenne (BCE), a rappelé la solidité des établissements européens et la capacité de la BCE à agir si nécessaire. Avec de sérieux arguments : les banques de la zone euro sont soumises à des exigences en fonds propres rigoureuses et passent régulièrement des stress tests. Cette réglementation très stricte s’inscrit dans le cadre de nouvelles règles bancaires internationales, dites « Bâle III ». Les banques se trouvent ainsi dans une situation bien plus favorable qu’en 2008 : leurs bilans sont sains, elles restent bien capitalisées et le marché interbancaire ne souffre pas, preuve qu’elles se font confiance.

 

L’occasion d’approfondir les réformes nécessaires

Il appartient aujourd’hui aux superviseurs et aux banques centrales de calmer la panique des marchés dont les craintes peuvent devenir autoréalisatrices. Les réglementations apportées dans les années 2010 prouvent aujourd’hui leur utilité. Cependant, cet épisode, rappelle que les banques ne peuvent survivre sans confiance. La panique des déposants, amplifiée par les réseaux sociaux, constitue une menace redoutable. La transparence est donc plus nécessaire que jamais. Ces événements conduiront à renforcer la réglementation américaine et devraient aussi favoriser la concentration du secteur bancaire, les petits établissements étant les plus vulnérables. En Europe, une véritable union bancaire pourrait enfin voir le jour, favorisant l’intégration financière de la zone euro. Une crise s’avère parfois un facteur positif à moyen terme.

 

Maxime Guibet, Consultant manager chez Lamarck Group, Responsable de l’offre ESG

 

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