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Engagement | Comment KPMG est devenu un véritable laboratoire d’expérimentation de l’innovation sociale ?

Comme dans l’économie en général, où les organisations pionnières tracent une route vierge dans l’innovation sociale et environnementale, les initiatives au sein des grands groupes traditionnels sont les étincelles qui préparent un passage à l’échelle vital pour leur avenir. De ce point de vue, la Fondation KPMG est un véritable laboratoire d’expérimentation de l’innovation sociale. Luc Bretones est CEO de NextGen, chercheur en innovation managériale à l’ESSEC et organisateur du NextGen Enterprise Summit, le grand rendez-vous mondial des organisations adaptatives à impact. Il s’est intéressé à la transformation du géant du conseil et de l’audit KPMG en France avec un focus sur ses initiatives pionnières.


 

Un contexte favorable…

La présence atomisée de KPMG sur le territoire français – plus de la moitié des salariés ne sont pas basés en Ile-de-France – ainsi que ses multiples initiatives doivent permettre une cristallisation de sa politique d’impact à l’échelle de tous les territoires et de toute l’organisation.

Marie Guillemot, nouvelle Présidente de KPMG France a résolument enclenché l’accélération de cette mue par le lancement d’un projet de transformation vers le “for good” (pour le bien commun). 

Le groupe fourmille déjà d’initiatives dans cette direction. Des offres en matière de communication ESG – critères d’évaluation Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance des organisations – aux services de due diligence – évaluation – ESG en passant par les études d’impact sur les chaînes d’approvisionnement ou sur des packs d’énergies renouvelables, le tableau impressionniste se dessine. Le passage à l’échelle va se nourrir des valeurs et de la culture spécifique de KPMG, avec force et cohérence. Qui plus est, et ceci représente un facteur clef de succès, les équipes se connaissent bien et ont plaisir à travailler ensemble.

Autant d’atouts, de capital social, certes challengé par la période pandémique, mais qui constituent une base solide pour le projet “for good ».

 

… soutenu par les initiatives du cabinet…

Ce capital social, ces valeurs particulières qui fondent la personnalité de KPMG comme acteur du territoire partout en France, en proximité, en expertise et en humilité relèvent notamment d’un engagement sincère et historique. 

Bouchra Aliouat en est une des figures emblématiques. Ecole de commerce et début de carrière dans la pub, la jeune femme recherche rapidement un environnement où trouver plus de sens, plus d’utilité. Elle réoriente sa carrière en s’engageant auprès d’Enactus – Entrepreneurial Action For Us – une ONG américaine qui soutient les jeunes, forme les leaders de demain pour qu’ils intègrent les enjeux sociaux et environnementaux dans le monde économique. Bouchra en est convaincue, la formation des leaders responsables de demain est cruciale et a postériori, elle reconnaît avoir participé aux “prémices de l’entrepreneuriat social”. KPMG apparaît à ce moment de son parcours, comme mécène : “j’ai été incubée chez KPMG pour lancer ce programme en France. Des ressources de KPMG étaient mises à ma disposition et j’étais également détachée à 100% pour le lancement. J’ai fait cela pendant 8 ans”.

En 2006, la direction du cabinet propose à Bouchra de monter la fondation KPMG. Elle s’engage alors dans le mouvement des entreprises à impact, le mécénat. Membre de cercles tels que l’Admical – Association pour le développement du mécénat industriel et commercial – dont l’objectif est le développement du mécénat chez les entrepreneurs, le CFF – centre français des fondations – ou encore Rêv’Elles qui travaille sur l’empowerment des jeunes filles, Bouchra creuse les sujets de diversité, d’inclusion et d’innovation sociale.

Le mécénat de compétence représente un levier formidable pour aider les collaborateurs à développer des compétences différentes, humaines, pour un leadership plus responsable. 

Rêv’Elles focalise sur les jeunes filles de milieu populaire qui ne s’autorisent pas un certain nombre de métiers ou d’orientations car elles ne sont pas dans un environnement social stimulant et ne disposent pas de rôles modèles. “On travaille sur le développement personnel, la confiance en soi des jeunes filles pour les aider à atteindre leurs rêves ; ceci via une communauté de rôles modèles, des séminaires de coaching, et des échanges permanents avec les entreprises. Nous intervenons à partir de 16 ans au moment des orientations et jusqu’à 20 ans”. Les partenariats incluent par exemple des entreprises de l’énergie et du bâtiment pour tenter d’injecter de la diversité dans ces secteurs.

 

… et investi par les femmes et les hommes du groupe

Une entreprise de services sait mieux que les autres que sa richesse se trouve dans ses forces vives. De fait, la fondation KPMG se veut opératrice de programmes tels que « Les Lycées de la Réussite ». Née du constat des difficultés de lycées professionnels connaissant beaucoup de situations de décrochage, avec des populations aux situations familiales complexes (familles monoparentales, parents illettrés, parents issus de l’immigration, …), l’initiative a pris une belle ampleur. En agissant au cœur de foyers de misère sociale, le programme « Les Lycées de la Réussite » accompagne des jeunes de niveaux BEP et Bac Pro, dont beaucoup se retrouvent en marge de la société et ne connaissent pas le monde de l’entreprise.
Bouchra le dit en toute simplicité, “ces jeunes sont loin des tours de La Défense, leur environnement familier est celui de l’auto-école et des commerces de proximité”. La fondation apporte une aide précieuse, elle amène le monde de l’entreprise dans ces lycées professionnels, elle crée une relation de proximité entre ces jeunes et les collaborateurs de l’entreprise. 300 des 1000 volontaires actifs au sein de la fondation KPMG sont acteurs de ce programme et vont dans les classes des quartiers les plus difficiles. 

Cette expérience permet aux collaborateurs de changer leur regard sur la diversité, les quartiers et les élèves, et réciproquement, les professionnels sont des hommes et des femmes comme eux. Finalement, à condition d’être motivé et d’étudier, ce sont des perspectives envisageables. Le résultat : des ambitions rehaussées pour ces jeunes !

 

L’entreprise et la culture comme leviers d’émancipation des jeunes des quartiers

La fondation multiplie les propositions : parrainage de classes, journées découvertes chez KPMG, stages, financement de coachings pour développer la confiance en soi, bourses pour des projets de citoyenneté, sorties scolaires.
Un autre levier très important, confirmé par l’association Échanges Phocéens de l’Ecole Centrale Marseille qui œuvre dans la même direction depuis très longtemps – 3 programmes de tutorat, plus de 1 000 jeunes accompagnés et l’investissement de 400 étudiants de l’École Centrale de Marseille – consiste en un accompagnement par la culture. Elle représente un levier d’insertion professionnelle considérable.

Bouchra Aliouat insiste sur l’importance des passerelles socio-culturelles : “On va utiliser la culture comme vecteur d’intégration pour ces jeunes en travaillant par exemple avec le théâtre du Châtelet qui leur propose un programme sur mesure. Du Châtelet, les jeunes ne connaissaient pour la plupart que le forum, rarement le théâtre !”

 

Un impact qui commence à se faire sentir

Au bout de 15 ans, une évaluation d’impact sur le programme lycées de la réussite observe des effets très positifs. Les acteurs associatifs et les lycées apprécient la valeur humaine apportée, bien au-delà des budgets.

Les classes accompagnées par KPMG – 70 classes dans 38 lycées sur l’ensemble du territoire – via ce dispositif voient leurs taux de réussite au bac professionnel augmenter de façon significative et les élèves poursuivent davantage leurs études au-delà du bac.

Les ambitions formulées lors des vœux dans Parcours Sup sont plus élevées et les enseignants, en général, sont très favorables à travailler avec le monde de l’entreprise. Ils reçoivent, de fait, peu d’offres de ce type.

L’opération est gagnante trois fois : pour les 1500 jeunes accompagnés chaque année partout sur le territoire (Roubaix, Marseille, Nantes, Strasbourg, Lyon et les zones rurales), pour les professeurs qui ne connaissent pas bien le monde de l’entreprise et pour les collaborateurs qui vivent cette expérience en s’engageant sur leur temps de travail.

Bouchra Aliouat s’enthousiasme “nous travaillons avec des enseignants engagés pour les jeunes, qui ont envie de les sortir de leur situation. Nous avons des exemples d’élèves de bac pro qui poursuivent en bac+2, bac+3 et même en master !”

 

Le soutien à l’égalité des chances et à l’innovation sociale

De la fondation opératrice de programme à l’appui d’associations ou de grandes écoles, KPMG soutient fortement les programmes qui intègrent par exemple des critères sociaux et de maladie dans leur sélection afin d’évaluer les compétences humaines – les “soft skills” – des candidats, ainsi que les associations comme Article 1 et NQT – Nos Quartiers ont des Talents – qui développent le mentorat. “Je rêve de 500 associés KPMG parrains de jeunes des quartiers” lance Bouchra.

L’émergence de nouveaux modèles économiques, d’entreprises à impact représente également un enjeu central d’innovation sociale. Un outil de diagnostic, à 360 degrés, d’entreprise sociale a par exemple été développé puis offert à La Ruche – 9 espaces en France dédiés à l’entrepreneuriat social – permettant d’évaluer les besoins d’expertise de mécénats de compétence de plusieurs promotions d’entrepreneurs. Chez KPMG, ce ne sont pas moins de 1000 collaborateurs qui font du mécénat de compétence sur leur temps de travail, par exemple sur du diagnostic social pour les entrepreneurs, un soutien à la mise en place d’un business plan, etc. Le niveau d’engagement possible a été réévalué à six jours par an et par collaborateur, en mécénat de compétence, dans les champs d’action de la fondation. Des temps d’engagement plus longs sont également possibles comme par exemple quinze jours à 100% au sein d’une structure, toujours dans les domaines de focalisation de la fondation.

“Ces expériences sont très enrichissantes pour les collaborateurs ; ils adorent” témoigne Bouchra. Elles leur permettent en effet de développer des compétences en lien avec des organisations de petite taille. Le gain est très positif pour les bénéficiaires mais aussi pour les collaborateurs qui côtoient des organisations très innovantes et peuvent identifier de nouvelles pratiques utilisables dans leurs activités de demain”.

 

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