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Conquérir un nouveau marché en s’inspirant d’Hergé et Tintin pour l’Ile Noire

Tintinsource Moulinsart et Casterman

Dans les 24 aventures publiées de Tintin, L’ile Noire est le seul à avoir eu 3 versions. Alors que les autres albums parus initialement en noir et blanc ont aussi connu des variantes colorisées, L’ile Noire a, en plus, été entièrement redessiné pour son édition de 1966 !

 

L’album se déroulant en Angleterre et Ecosse, l’éditeur britannique Methuen décela 131 erreurs dans l’édition couleurs de 1943 et demanda à Hergé de tout corriger comme préalable à sa traduction.

Avec l’aide de son studio, Hergé décida de refaire l’album pour l’adapter à ce marché si capital à ses yeux. Depuis, la renommée internationale de Tintin n’a jamais cessée de se développer, aboutissant notamment au film « Le secret de la Licorne » de Steven Spielberg en 2011. 

Comme pour Hergé, partir à la conquête d’un nouveau marché est souvent synonyme de remise en question, d’aventure et de flexibilité. Être à l’écoute de ses clients est primordial pour avancer.

 


« La vie trouve toujours son chemin »  Steven Spielberg


Pour réaliser sa première version de 1938, Hergé avoua qu’il avait « jeté un coup d’œil un peu sommaire sur l’Angleterre » ce qui n’échappa pas son éditeur britannique quand il fut question de le traduire ! « Il s’est passé ceci, pour L’Île Noire, c’est que cet album n’avait jamais été traduit en Angleterre et que mon éditeur anglais, avant de le publier, l’a lu — ce sont des choses qui arrivent ! — et il m’a dit « écoutez, il n’est pas possible de le laisser comme ça. D’abord, cela a été dessiné à une autre époque et il y a des tas d’erreurs au point de vue de la réalité de la chose anglaise. » Il avait dressé une liste complète et exacte de mes erreurs, invraisemblablement nombreuses, que contenait cette histoire. »

Hergé pris alors la décision radicale de le redessiner entièrement pour développer les ventes de Tintin dans le monde anglo-saxon. Par son écoute, il a dévoilé ses facultés d’adaptation. Sa flexibilité fut impressionnante et démontra l’importance qu’il attachait à la crédibilité du contenu de ses publications. Aujourd’hui, la plupart des lecteurs de Tintin ne connaissent que cette 3eme version de l’album. La couverture originale de l’édition de 1943 reste cependant mythique et fut vendue plus d’un million d’euros par Artcurial en 2014. 

 


« Tout au long de ma carrière, j’ai fait ce que je pouvais pour découvrir de nouveaux talents et les aider à se lancer » Steven Spielberg


Accompagnant Hergé, une petite entreprise s’affairait sous la forme d’un  studio composé notamment d’Edgar P. Jacobs, Jacques Martin et Bob de Moor. Pour cette 3eme version de l’Ile Noire, Bob de Moor partit en repérage en Angleterre et Ecosse pour mieux comprendre les erreurs qui avaient été commises. Corrigeant le côté désuet de la première version, il l’adapta à l’époque. Alors qu’Hergé travaillait en parallèle sur « Vol 714 pour Sydney », c’est grâce à cette structure et la délégation de nombreuses tâches que le projet de cette Ile Noire revue et corrigée put aboutir. En disposant d’une structure agile lui permettant de faire face à l’évolution de son marché, il savait s’entourer de talents pour réussir à délivrer ses objectifs. Sur ses collaborateurs, il déclara que « Jacques Martin, auteur d’Alix et de Lefranc, joue davantage vis-à-vis de moi le rôle de critique : pendant des heures, il discute de la valeur d’un gag, de la construction d’une page, avec une rigueur dont je lui sais gré, même s’il arrive d’être irritant ! » Bien des années après sa mort, son œuvre continue d’être mise en avant par la Fondation Tintin, c’est une équipe moderne qui s’affaire toujours en coulisses.

 


Quand tu écoutes, tu apprends. Vous absorbez comme une éponge et votre vie devient tellement meilleure que lorsque vous essayez d’être écouté tout le temps » Steven Spielberg


 

Avec L’Ile Noire, Hergé illustra le rôle d’un décideur qui doit régulièrement montrer sa capacité à faire avancer le travail de son équipe. Pour ce projet, il est arrivé à répartir ses ressources entre plusieurs projets et à mobiliser les énergies. Convaincu de l’importance de ce nouveau marché anglo-saxon, il devait proposer à ses lecteurs un album de qualité qui ne faisait pas que corriger les erreurs de la version précédente. Avec notamment Bob de Moor, il avait des talents à disposition et savait leur donner des responsabilités pour faire foisonner les idées. Sa force fut de savoir se remettre en question et de donner à chacun le pouvoir d’agir.

 

L’histoire de l’Ile Noire devrait être source d’inspiration pour de nombreuses entreprises qui veulent se développer et ont besoin de s’adapter aux requêtes de leurs partenaires et clients. Dans l’univers de Tintin et de la bande dessinée franco-belge, redessiner entièrement un album pour le corriger était et reste innovant. Hergé a tout au long de sa carrière montré que lorsque c’était nécessaire il ne fallait pas hésiter à se remettre en question. En permanence, il savait rester ouvert à des objectifs ambitieux et n’hésita pas non plus à viser la lune !

Aujourd’hui, dans l’univers de la bande dessinée franco-belge, avec plus de 250 millions d’albums vendus dans plus de 100 langues, Tintin est seulement devancé par Astérix et ses 380 millions d’albums ! Seul album de la série à bénéficier de 3 versions, l’Ile Noire dépasse les 5,4 millions d’albums vendus (source Dossier Tintin 2011).

Si vous souhaitez en savoir plus sur cette aventure, il vous faudra trouver le « Dossier Tintin : L’Ile Noire »  ou le « tome 4 de l’édition Rombaldi » qui publient les différentes versions en vis-à-vis.

 

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