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Comment L’Économie Française Fait-Elle Face À La Rentrée ?

La France a connu une reprise cyclique générale et un rebond de la croissance de l’emploi en 2017, soutenus par la mise en œuvre de réformes structurelles et soutenus par une conjoncture mondiale favorable. Après un début d’année en demi-teinte sur le plan économique, l’économie française devrait récupérer le terrain perdu au cours des derniers mois de l’année. Cependant, cela ne suffira pas à garder les anciens cadres de prévision intacts. L’Hexagone a l’occasion de profiter de l’élan de la croissance pour poursuivre le programme ambitieux de mesures avec lequel il veut mettre fin aux problèmes qui ont pesés sur son économie pendant des décennies.

Ralentissement de la croissance, accélération de l’inflation

Emmanuel Macron s’est présenté aux élections avec un programme de réformes qui promettait de stimuler l’activité et l’emploi. Cependant, après une bonne année 2017, les prévisions de croissance ont subi un recul en raison de la faible performance de l’Hexagone au cours du dernier trimestre. Le Ministre de l’Action et des Comptes publics Gérald Darmanin a récemment commenté que l’économie croîtra en deçà de l’estimation du gouvernement de 2,0 %, bien que la croissance de l’activité soit supérieure à 1,8 % en 2018.

De son côté, la Banque de France a révisé à la baisse en septembre ses prévisions de croissance économique pour 2018 à 1,6 % contre 1,9 % estimé en mars. Ces chiffres supposeraient une diminution de 0,7 point du rythme d’expansion de l’activité par rapport à 2017. Les données du deuxième semestre devraient compenser partiellement la mauvaise performance de l’Hexagone au cours des premiers mois de l’année. Les dernières enquêtes d’activité, telle que l’indice des directeurs d’achat publié par Markit, montre que le ralentissement de la production au cours du premier semestre s’est stabilisé depuis juin.

En ce qui concerne les facteurs qui soutiendront la croissance au cours des prochains trimestres, la hausse de la demande intérieure sera principalement motivée par un plus grand investissement des entreprises pour détendre le taux d’utilisation des capacités productives élevé, comme indiqué par l’indicateur élaboré par l’Insee. La contribution nette des exportations a été légèrement positive en 2017, ce qui a aidé le déficit courant à diminuer. Cependant, l’appréciation progressive de l’euro par rapport au dollar limitera l’effet positif de la reprise du commerce international, qui pourrait par ailleurs souffrir des tensions à cause des mesures protectionnistes. La nouvelle réalité a légèrement modifié les prévisions de la Banque de France en matière d’expansion de l’activité pour 2019 à 1,6 % contre 1,7 % estimé en mars. Malgré tout, la croissance de l’économie française restera supérieure à son potentiel, que la Commission européenne quantifie à 1,3 % en 2019.

La création d’emplois n’a pas suffi à faire face à la hausse des prix et des taxes qui a réduit le pouvoir d’achat des ménages, qui affichent également une faible confiance dans l’économie. D’une part, la Banque de France s’attend à une inflation de 2,1 % en 2018, un rebond consolidé lors de la révision de septembre qui contraste avec les 1,2 % enregistrés en 2017. En août, l’inflation a atteint 2,3 % en glissement annuel, son plus haut niveau depuis mars 2012. Les pressions inflationnistes ont été principalement motivées par la récente hausse des prix du pétrole, qui devrait être temporaire et répondre essentiellement à un ajustement à la baisse des prévisions d’offre. D’autre part, la croissance des salaires reste modérée, malgré les problèmes des entreprises à combler leurs postes vacants, comme le montre l’indicateur des difficultés de recrutement de l’enquête mensuelle de la conjoncture de l’Insee.

Équilibrer les finances publiques

La modération de la croissance de l’économie diminuera la collecte d’impôts de l’exercice en cours, incitant l’exécutif à prendre des mesures pour contenir les coûts dans le but de régler les pressions sur le déficit public. À cet égard, Bruno Le Maire a manifesté lors de la rentrée que le déficit pourrait atteindre 2,6 % du PIB en 2018, un chiffre équivalent à celui de 2017, mais supérieur aux 2,3 % estimés auparavant. Une expansion de l’activité moindre que prévu et la prise en charge de la dette de la SNCF serait à l’origine de ce déséquilibre, ajoutant au déficit respectivement 0,2 point et 0,1 point. Le Premier Ministre Édouard Philippe a annoncé l’une des premières mesures pour contenir le déficit, par lequel les pensions et autres prestations sociales perdraient en pouvoir d’achat en augmentant seulement de 0,3 % en 2019 et 2020, soit bien en dessous de l’inflation attendue.

Parmi les priorités du gouvernement est d’éviter de retomber sous le coup de la procédure pour déficit excessif, afin de préserver sa crédibilité budgétaire auprès des autres partenaires européens. En juin, la Commission européenne a décidé que la France respectait à nouveau le Pacte de stabilité et a retiré le pays de cette procédure, mettant fin à une décennie de contrôle des finances publiques de l’Hexagone. L’exécutif prépare le budget pour 2019 avec un objectif de déficit public compris entre 2,6 % et 3,0 % du PIB, limite haute établie dans le cadre des traités européens.

Réparer la toiture tant que le soleil brille

Dans son rapport sur l’économie française publié en juillet, le Fonds monétaire international a évalué positivement les récentes réformes du Code du travail et des différentes taxes visant à accroître la flexibilité du marché du travail et à renforcer le lien entre les coûts salariaux et la productivité. Le document recommandait aussi de tirer parti de la situation actuelle pour poursuivre le programme de réformes visant à relever les défis structurels en suspens afin de garantir une croissance durable. Il a également souligné l’importance de la mise à jour de la formation en adaptant les compétences des travailleurs aux besoins des entreprises, afin d’améliorer leur employabilité, de stimuler la participation au marché du travail et d’augmenter la productivité.

Les lignes directrices qui suivront une grande partie de l’initiative législative au cours des prochains trimestres sont les suivantes. Dans le secteur public, des mesures seront prises pour réduire l’endettement et améliorer l’efficacité des administrations publiques. Par exemple, il y aurait des contrôles des dépenses des collectivités locales, des audits des services publics ou une diminution du nombre d’employés publics en faveur de personnel sous contrat à durée déterminée. Un système de rémunération basé sur le mérite serait aussi prévu.

En ce qui concerne le secteur privé, la flexibilité du marché du travail serait renforcée et de nouvelles activités seraient ouvertes à la concurrence. Le lien entre les salaires et les résultats de l’entreprise et sa productivité serait aussi encouragée. Afin de promouvoir la création de tissu industriel, l’impôt sur les sociétés sera progressivement ramené de 33 % actuellement à 25 % en 2022. De plus, les taxes sur le capital seraient modifiées pour encourager les investissements.

Dans le cadre du système financier, l’élaboration de politiques macroprudentielles visant à prévenir l’accumulation de déséquilibres se poursuivra. En vue de normaliser la stratégie monétaire de la Banque centrale européenne, il sera crucial de résoudre certaines vulnérabilités du système financier, notamment en ce qui concerne les niveaux élevés d’endettement d’une partie du secteur des entreprises.

Tribune d’Alberto Aledo, BSI Economics

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