Le domaine des simulateurs dynamiques est essentiellement connu dans les industries de pointe où les risques sont importants, le simulateur permettant de former au pilotage de ces installations dans des conditions réelles. 60 % des simulateurs aux USA dans le domaine du rail sont conçus par Corys et notamment celui du nouveau TGV américain (Acela21). Nous avons échangé avec Charles Rosmorduc, PDG de cet acteur majeur français implanté dans le monde, pour mieux connaître les enjeux de ce secteur et ses innovations.

 

Dans quels secteurs les simulateurs de CORYS sont-ils présents et quels sont les enjeux ?

Charles Rosmorduc : Nous travaillons pour 3 secteurs industriels de pointe : l’énergie nucléaire, le transport ferroviaire et les industries de procédés. Au cœur de la transition énergétique,  les clients de CORYS font face simultanément à un accroissement des exigences en termes de sécurité et de performance et à la révolution digitale (IOT, Intelligence Artificielle, cloud, …).

L’enjeu majeur dans les trois secteurs est l’amélioration de la qualité et de la performance industrielle de tout le cycle des produits (de la conception à l’opération) dans un contexte d’accroissement du volume de données à gérer.

 

Quel est le rôle essentiel d’un simulateur ?

Charles Rosmorduc : Tout d’abord assurer la sécurité des opérations par la formation des opérateurs. Il permet d’entrainer l’opérateur aux procédures normales (démarrage, arrêt, repli) mais également et surtout aux opérations dégradées (panne, anomalie, conditions météorologiques inhabituelles…). 

Initialement, le simulateur est donc utilisé pour la sécurité (il est par exemple obligatoire dans le secteur du nucléaire depuis les années 70 avant même la construction d’une centrale). Ensuite il a été mis en œuvre pour l’optimisation des opérations par exemple pour apprendre la conduite économique en carburant sur un train, et enfin, il facilite ou prépare à l’arrivée de nouvelles problématiques ou innovations.

Par exemple, autre cas d’utilisation, il y a quelques années, la RATP a souhaité créer un simulateur pour entrainer les conducteurs de train à la gestion de la foule. En simulation, nous avons pu créer des passagers virtuels en grand nombre et ainsi créer des cas de figure spécifiques: arrivée d’une foule, blocage de porte par un passager, mouvements de personnes aléatoires… etc.

 

Le simulateur a-t-il un rôle à jouer dans la transition écologique ?

Charles Rosmorduc : Le simulateur est de plus en plus utilisé pour optimiser les opérations, notamment faire des économies de carburant dans le domaine du transport. L’un de nos clients américain, en formant sur simulateurs ses conducteurs à la conduite économique a pu réduire ses dépenses d’énergie de 10 % sur une facture totale de 10 Md de dollars. De même, dans le domaine des hydrocarbures, on peut grâce au simulateur s’entrainer à un fonctionnement plus sobre d’une raffinerie.

 

Vous évoquiez le nombre croissant de données à gérer dans ces différents secteurs, comment cela influence votre métier ?

Charles Rosmorduc : Nous travaillons sur des projets d’équipements énormes, avec des investissements se comptant en Milliards d’euro. Ces équipements regroupent des systèmes complexes comportant chacun un volume de données conséquent, des calculs et des modélisations avancées. On est en présence de boucles de rétroactions complexes, chaque système initiant une réaction est fortement lié à de nombreux autres systèmes : c’est à partir de ces éléments et de leurs interactions que nous réalisons le simulateur. Ce simulateur contribue à la conception et à l’ingénierie des équipements qui ont dans chaque domaine des enjeux spécifiques.

Dans une centrale nucléaire, il faut maîtriser la réaction, contrôler les interactions entre tous les systèmes. Autre exemple, dans une usine de polymères, il s’agit de bien gérer les phases de transition de production d’un produit à un autre, lié au changement de matière à l’entrée. Le volume de données à gérer et à manipuler en simulation augmente et nous contraint à adapter nos outils constamment pour y faire face.

 

Quelle est l’évolution des applications des simulateurs et les tendances des demandes clients ?

Depuis une dizaine d’années le simulateur est également utilisé en tant qu’outil d’ingénierie surtout dans le domaine nucléaire. Il permet à l’ingénieur de visualiser le système conçu et de se mettre dans la situation de l’opérateur, pour se rendre compte du contexte réel et ainsi tester dans des conditions plus proches de la réalité future. Le simulateur, intégré au cycle de développement, permet également d’appréhender plus facilement la complexité des systèmes développés en particulier dans leur dimension dynamique (temporelle) et il est le premier élément dans la chaîne d’ingénierie qui permet de valider la bonne interactivité des composants, dans un environnement de plus en plus réaliste au gré de l’avancement du projet, pour aboutir au jumeau numérique support à l’opération.

Avec l’apparition de nouveaux besoins ou de nouveaux systèmes (souvent digitaux) nos clients demandent  davantage d’interactions avec les outils d’ingénierie lors des phases de conception notamment avec le systèmes PLM et la connexion de la simulation avec les équipements réels pour améliorer l’opération une fois les installations démarrées.

Les clients  souhaitent également être en capacité de « monitorer » au mieux l’équipement. C’est ainsi que nous créons des « jumeaux numériques » afin de connecter le simulateur et le vrai équipement pour visualiser les différents scénarios d’opération. On peut ainsi voir comment l’équipement réagit, comment il va s’user dans le temps… 

Sur une autre dimension, nos clients nous demandent également d’être capable de faire fonctionner nos simulateurs dans le cloud pour répondre aux enjeux de disponibilité « anywhere/anytime » ou d’optimisation de leurs moyens de formation pour leurs personnels. Nous avons à ce titre un partenariat technique et commercial avec Amazon Web Services.

 

Au delà des secteurs historiquement concernés, quels sont vos perspectives d’avenir ?

Charles Rosmorduc : Nous nous intéressons au recyclage des matériaux, des déchets, nous aidons déjà ces industries et même des PME dans ce secteur.
Enfin, avec les usines automatisées, nous assistons à l’émergence de procédés mécaniques rapides avec peu ou pas de techniciens pour les contrôler, là aussi les simulateurs dynamiques de procédé continu peuvent jouer un rôle important, dans la mise au point de ces nouvelles usines dans un contexte où leur vitesse de fonctionnement augmente sans cesse.

 

Quels sont les valeurs et engagements de Corys ?

Charles Rosmorduc : Nos engagements se structurent autour de 3 propositions principales :

  • Fournir des solutions de simulation innovantes et toujours plus réalistes (réalité virtuelle) et facilement accessibles (via le cloud). 
  • Accompagner nos clients dans la transformation digitale de leurs opérations (jumeaux digitaux) et proposer des solutions technologiques de qualité.
  • Enfin, être un partenaire industriel à la hauteur de nos clients pour comprendre et partager leurs enjeux métier !

Actualité : https://www.linkedin.com/company/corys/