Alors que les menaces visant les organisations se font de plus en plus nombreuses, les moyens de protection mis en place pour contrer ces dernières s’appuient autant sur des solutions de protection physiques qu’électroniques. Rencontre avec Julien Laforets, président de Fichet Group.

 

Aujourd’hui, différents secteurs font appel aux entreprises de sécurité pour les protéger. Quelles sont les tendances sur ce marché ?

Julien Laforets : Les besoins de protection à forte valeur ajoutée concernent en premier lieu les opérateurs d’importance vitale qui regroupent des organisations indispensables à la survie d’un État ou présentant un danger pour la population. Ces opérateurs ont l’obligation de protéger leurs infrastructures des actes de malveillance, de sabotage ou de terrorisme. Cela concerne par exemple des sites militaires, des sites gouvernementaux, des sites industriels, des opérateurs bancaires ou des data centers. On constate que les menaces sont de plus en plus fortes dans ce domaine. Parallèlement à cette tendance, de nouveaux segments de marché historiquement soumis à des risques de faible intensité font désormais face à une multiplication d’actes de malveillance et de terrorisme. Cela implique d’avoir recours à des moyens de protection de plus en plus perfectionnés pour protéger les immeubles de bureaux, les universités, les hôpitaux, les salles de spectacle, etc. Ce que nous appelons le segment du Safe Building. Chez Fichet Group, nous fournissons des solutions à l’ensemble de ces segments de marché.

 

A quels types de solutions ces organisations font-elles appel pour contrer ces menaces ?

Julien Laforets : Il s’agit d’un mix de solutions qui mobilisent sécurité électronique et sécurité physique. La protection électronique des infrastructures va permettre par exemple de contrôler l’accès à un site sensible (ou à une partie du site réservé à une certaine catégorie de personnel). L’enjeu est de pouvoir définir et contrôler les accréditations des individus, tout en maintenant la fluidité des flux de personnes au sein du site. Parallèlement, des moyens de protection physique sont mis en place comme des portes et façades sécurisées pour résister aux effractions et attaques par balle ou explosif. Ces solutions viennent en complément des systèmes électroniques. Ces deux mondes sont interconnectés et complémentaires. C’est pourquoi, il est devenu indispensable de fournir des solutions globales aux opérateurs. C’est ce à quoi nous nous employons à faire chez Fichet Group.

 

Et les solutions de cybersécurité ?

Julien Laforets : C’est un domaine qui fait bien entendu partie de notre écosystème, mais sur lequel nous ne sommes pas directement présents et qui n’a pas vocation à devenir le cœur de nos activités. Nos systèmes sont bien évidemment cyber-protégés et qualifiés par l’ANSSI. Les opérateurs étant de plus en plus équipés de solutions de cybersécurité, les organisations criminelles ont tendance à revenir à des attaques traditionnelles, comme des intrusions dans les bâtiments, pour voler par exemple de l’information confidentielle. Parfois même, attaques physiques et informatiques sont menées de concert.

 

Les clients finaux constituent traditionnellement le cœur de cible de Fichet Group. Désormais, vous visez également les intégrateurs. Pourquoi cette réorientation ?

Julien Laforets : Notre marché devient de plus en plus complexe et les exigences de plus en plus fortes, ce qui suppose de faire des choix forts en matière de stratégie. Nous avons choisi de nous positionner en tant que constructeur, d’investir massivement sur la R&D et l’innovation, et de nous appuyer davantage sur des spécialistes du secteur qui vont pouvoir installer nos produits dans les infrastructures clients. Le recours à des intégrateurs est également une condition indispensable pour accélérer notre business à l’export, où nous réalisons déjà 20% de nos activités. De manière globale, cela se traduira par une forte augmentation de nos volumes.

 

C’est-à-dire ?

Julien Laforets : Nous visons 12% de croissance annuelle organique sur les prochaines années. Parallèlement, nous envisageons l’acquisition de sociétés, soit pour renforcer notre positionnement à l’international, soit pour compléter notre portefeuille de produits. Nous ambitionnons de devenir une ETI européenne de référence sur son marché avec un chiffre d’affaires de 150 à 200 millions d’euros dont une part significative à l’export, notamment en Afrique et au Moyen-Orient.