Selon une enquête KPMG parue au mois de janvier 2020, les néobanques séduisent bien au-delà des seuls millenials. Les 26 banques mobiles présentes dans l’Hexagone ont généré l’ouverture de 3,5 millions de comptes actifs, soit une hausse de 75% en un an. Un succès qu’illustre parfaitement la société allemande N26. Cinq ans après sa création, la néobanque indépendante est déjà présente dans 25 pays et vient de passer le cap des 5 millions d’utilisateurs dans le monde, dont plus d’un million et demi en France, particuliers comme professionnels. Rencontre avec Jérémie Rosselli, directeur général France, Belgique et Luxembourg de N26.

 

Relativement récente sur le marché, les néobanques ont, en peu de temps, rencontré leur public. Quels sont les facteurs explicatifs de ce développement rapide ?

Elles répondent à un réel besoin. Aujourd’hui, tout le monde (ou presque) est équipé d’un smartphone que l’on utilise pour une multitude d’usages. Il est donc naturel que la banque se soit déplacée vers le mobile. Mais il y a plus. La force d’une néobanque, c’est qu’elle a été conçue nativement pour ce support, bien au-delà de la seule question de l’ergonomie. C’est bien l’ensemble des services qui a été pensé en fonction de ce dernier. Cela veut dire que l’on peut ouvrir un compte directement depuis son téléphone mobile 7 jours sur 7, sans avoir à se déplacer et cela en seulement 8 minutes. Il n’y a donc pas de paperasse  à remplir, ce qui différencie dès le départ la relation client entre une néobanque comme N26 d’un établissement traditionnel. Directement depuis son terminal, on peut également changer le plafond de sa carte, ou bloquer en cas de perte et même la débloquer si jamais finalement vous la retrouvez. Tout fonctionne en temps réel. L’avantage du digital est aussi d’offrir des services plus agiles et moins chers. Plus compétitifs, plus simples et plus sûr, voilà les ingrédients de la recette gagnante de N26 pour simplifier grandement la vie de nos utilisateurs.  

 

Nos sociétés ont tendance à délaisser l’argent liquide pour aller toujours davantage vers les paiements électroniques. Comment cette tendance forte peut-elle jouer dans le développement des néobanques ?

Il est vrai que l’adoption des paiements digitaux connaît une accélération continue (même si dans cet ensemble la France a été un peu plus lente au démarrage par rapport à d’autres pays européens). C’est notamment le cas du paiement sans contact qui ne cesse de croître. C’est une évolution dont les néobanques tiennent compte. Chez N26, toutes nos cartes possèdent une fonctionnalité de paiement de ce type. Mieux, nous sommes les premiers et encore l’un des rares acteurs du marché à proposer à la fois Apple Pay et Google Pay pour permettre à tous nos clients d’effectuer leurs paiements mobiles. Enfin, nous avions prévu de lancer une nouvelle fonctionnalité cette année. Avec la pandémie de Covid-19, nous avons accéléré ce lancement pour permettre à  nos clients d’utiliser leur carte avant même de l’avoir reçu physiquement. 

 

N26 possède une offre destinée aux professionnels, principalement les microentrepreneurs. Quels sont les développements à venir dans ce domaine ?

N26 est une aventure d’entrepreneurs. Il est important de rappeler que nous sommes indépendants sur le marché puisque nous n’appartenons à aucune banque traditionnelle. Depuis le départ, nous voulions proposer un service bancaire dédié aux auto entrepreneurs, à ceux qui créent et innovent et font le dynamisme des économies locales où nous sommes engagés. Nous allons continuer à étoffer notre offre à l’intention des entrepreneurs et des freelances dont les derniers mois nous ont montré qu’ils auront un rôle croissant dans l’économie de demain. N26 France a lancé en juin « N26 Business Metal ». Cette carte propose une remise en argent (cashback) de 0,5% pour tout achat afin de soutenir efficacement indépendants et auto-entrepreneurs dans le développement de leur activité et l’optimisation de leur gestion. Nous réfléchissons également à étendre à moyen terme nos activités aux entreprises de taille un peu supérieures, notamment les PME et les ETI qui elles aussi sont des maillons indispensables de nos vies au quotidien. Nous venons d’ailleurs d’ouvrir un centre de développement à Vienne où la moitié de nos équipes de recherche travaille sur ce sujet. 

 

N26 a annoncé une extension de 100 millions de dollars de son dernier tour de table. Quel en est le but ?

N26 a levé un total de plus 770 millions de dollars. L’objectif est d’accélérer notre développement pour servir notre ambition, transformer en profondeur et durablement la banque. Cette vision se structure en trois axes. D’abord l’international : nous sommes arrivés sur le marché américain en juillet 2019 et allons poursuivre notre expansion géographique au-delà des 25 marchés où nous sommes déjà implantés. Ensuite le local, puisque dans les marchés où nous sommes présents, nous sommes devenus une banque du quotidien en quelques année. Si on prend l’exemple de la France, nos clients dépensent en moyenne 1000 euros par mois ce qui correspond à la moyenne des dépenses d’un foyer en France. Enfin l’expérience utilisateur : pour cela nous allons continuer d’offrir toujours plus de fonctionnalités et d’innovations pour construire le modèle de la banque de demain pour les particuliers comme professionnels. Et nos ambitions sont à la hauteur du défi face à nous c’est pour cela que nous vison à long terme de rassembler 100 millions de clients dans le monde entier.