Le prêt participatif (ou crowdlending) a le vent en poupe. Au cours du 1er trimestre 2020, les plateformes ont permis de financer les TPE et PME françaises à hauteur de 41 millions d’euros, ce qui représente 147 projets. Aujourd’hui même les grands groupes s’y intéressent. La preuve avec le site Bienprêter qui propose une solution innovante d’affacturage participatif, réponse digitale aux problèmes de trésorerie. Michaël Martin, PDG de l’entreprise, nous en parle.

 

Malgré sa jeunesse, pensez-vous que le secteur du crowdlending, est en voie de maturation ?

C’est un secteur qui avait besoin d’être encadré. C’est désormais chose faite avec des textes de plus en plus stricts et qui sont nécessaires à son bon fonctionnement. C’est aussi un marché qui doit faire face à une demande toujours croissante tant du côté des emprunteurs que des prêteurs. Les premiers se tournent vers le crowdlending souvent après avoir subi un refus de la part des banques. Les deuxièmes souhaitent diversifier leur portefeuille financier.

Qu’est-ce qui sépare le crowdfunding du crowdlending ?

Le crowdfunding ne permet généralement pas de faire fructifier son épargne puisque la contrepartie offerte à l’investisseur prend souvent la forme d’un don ou d’un cadeau. Il ne s’agit donc pas d’une rémunération. A l’inverse, le crowdlending assure une véritable rémunération en rapport avec le montant de l’investissement réalisé en amont par les prêteurs.

Votre entreprise repose sur un modèle très particulier de crowdlending puisqu’il s’agit d’une solution innovante d’affacturage. Comment est-elle née ?

D’une expérience personnelle et plus particulièrement des besoins d’une autre société que je dirige et qui évolue dans le secteur du marketing immobilier entre particuliers. Dans ce dernier, les délais de paiement peuvent être longs alors que l’entreprise doit faire face à ses charges courantes. D’où la nécessité de disposer de solutions pour consolider sa trésorerie. Or, le secteur bancaire traditionnel n’est pas structuré pour aider les entreprises du BtoC  à faire face à leurs besoins en fonds de roulement. Et le constat est le même pour les sociétés d’affacturage. D’où l‘idée de créer Bienprêter qui propose un système d’affacturage participatif. Concrètement, nous permettons aux prêteurs d’investir leur argent sur une créance tangible (puisqu’il s’agit toujours de bons de commande, factures, devis acceptés). Pour ces derniers, le taux que nous pratiquons est très attractif. Le taux de rendement interne de notre plateforme est de 11,54%. A cela, nous sommes même en mesure de fournir une garantie de remboursement sur les risques d’impayés. C’est quasiment du jamais-vu. Rappelons également que pour les entreprises, le nerf de la guerre est moins le chiffre d’affaires que le niveau de la trésorerie. Aujourd’hui, un quart des sociétés qui déposent le bilan y sont contraintes faute de trésorerie suffisante, bien que les carnets de commande soient pleins. C’est un réel problème auquel nous apportons une solution solide avec un taux de défaut de zéro % après deux ans d’existence.

Quel est le profil type des entreprises qui font appel à vos services ?

C’est très varié. Cela va de la PME aux grands groupes qui commencent à nous faire confiance. Nous devrions signer très bientôt une entreprise du CAC 40. On parle, pour ce dernier, d’un demi-milliard d’euros de créances à financer chaque année à partir de 2021.

Suite au Covid-19, les entreprises en difficulté peuvent souscrire à un Prêt Garanti par l’Etat (PGE). Peut-on passer par Bienprêter pour en bénéficier ?

C’est effectivement possible. Plus de trente sociétés ont fait appel à nous pour déposer leur dossier de demande de PGE. Et le rythme s’est accéléré puisque nous recevons, désormais, une dizaine de demandes chaque jour. Les entreprises ont jusqu’à la fin de l’année 2020 pour effectuer la démarche.

Votre solution est-elle utilisée en dehors de la France ?

Nous recevons déjà des demandes émanant de sociétés étrangères. D’autre part, 25 % des prêteurs sont localisés à l’extérieur de la France. Nous prévoyons aujourd’hui de nous étendre en Europe, à commencer par l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie.