Depuis 30 ans, les distributeurs développent leurs propres marques, les fameuses MDD (Marques De Distributeurs) qui représentent une source de marge importante et un outil pour valoriser leur image. La MDD représente 35% du CA d’une enseigne en moyenne et la situation sanitaire a été un accélérateur de cette évolution. Des solutions aident les distributeurs à innover et améliorer la qualité de ces produits et de leurs emballages. Nous avons échangé avec Sophie Chevallier (Chief Revenue Officer) de la plateforme collaborative Trace One, une équipe dotée de fortes ambitions dans ce secteur qui connaît une croissante annuelle de 2 % à 3 % en France.

 

Quels sont les enjeux et les défis des MDD ?

Sophie Chevallier : Les produits MDD, naguère perçus comme des pis-aller premiers prix, se sont imposés comme des références de plus en plus importantes dans le panier des consommateurs. Des références qui se sont progressivement muées en produits moyen de gamme, bios, et en produits premium, au détriment des grandes marques nationales. Cette évolution s’explique notamment par le fait que la MDD a fait le choix de l’innovation et de l’originalité afin de proposer des produits différenciants de qualité. Ce marché, qui a longtemps été le monopole des grandes marques, apporte désormais de la visibilité et une forte valeur ajoutée à de nombreux distributeurs. Ainsi, loin de se contenter de mettre en rayon et de commercialiser des produits de grandes marques nationales, les distributeurs développent désormais des lignes de produits qui leur sont propres et porteurs d’image comme on peut le voir dans les scenarios des publicités. En cela, la MDD est devenue capitale pour l’image des grandes enseignes de la distribution, mais aussi pour le développement de leur activité. Elle permet de fidéliser les clients via des marques identifiées.

 

Quelles sont les tendances et les évolutions de votre marché ?

Sophie Chevallier : La montée en puissance de la MDD devrait s’accélérer dans les années à venir. Eu Europe, nous sommes à un taux de pénétration de 35 %, ce qui est déjà conséquent, mais nous devrions atteindre la barre des 50 % d’ici 3 ou 4 ans. Aux Etats-Unis, le taux de pénétration de la MDD est de 23 % et va rapidement monter au-delà de 30 %. La marge de progression est encore immense sur la totalité des marchés. Cette évolution est pour l’essentiel le fruit d’un grand mouvement de société issu des consommateurs. Après des années de gigantisme et de course effrénée aux prix bas (« plus pour moins cher »), les Français opèrent depuis une décennie un retour profond à des modes de consommation plus durables, plus éthiques et meilleurs pour la santé. Par exemple, les MDD travaillent à améliorer leur emballage en réduisant le plastique, elles sont également vigilantes sur le Nutriscore de leurs produits tout comme l’origine des ingrédients.

 

Quel est votre rôle sur ce marché en développement ?

Sophie Chevallier : Depuis 20 ans, chez « Trace One », nous aidons les distributeurs à orchestrer et améliorer leur MDD en les accompagnant de l’idée produit à la mise sur le marché. Sur notre plateforme collaborative « Trace One » nous avons développé une suite d’applications offrant l’opportunité de collaborer directement pour innover avec les fournisseurs, les producteurs, et les industriels de l’agro-alimentaire.  De l’appel d’offre au suivi de création et de spécification du produit, l’ensemble est intégré : il est ainsi possible de découvrir des produits innovants, des « best-sellers » à personnaliser, vérifier la qualité et les labels du produit, d’identifier des fournisseurs fiables, de gérer ses appels d’offres et de piloter la qualité produit incluant l’emballage depuis un seul espace. Aujourd’hui, plus de 5 000 entreprises utilisent notre plateforme, disponible en 7 langues et si chacune de nos applications joue un rôle essentiel dans le cycle de vie du produit et peut être utilisée de façon autonome, c’est ensemble, qu’elles donnent aux marques un avantage vraiment remarquable. Au final, notre objectif est que les acteurs de la grande distribution et les industriels de produits de grande consommation collabore plus efficacement, plus rapidement pour permettre à la fois cycle de réduire de production d’un nouveau produit tout en ayant une haute exigence de qualité. 

 

Quelle est votre actualité ?

Sophie Chevallier : Notre actualité est multiple. La première est que nous souhaitons offrir davantage de solutions pour les industriels de PGC et notamment à travers notre marketplace qui leur permets de promouvoir leur produits et leur savoir-faire et ainsi de trouver de nos nouveaux débouchés. La seconde est le lancement de notre nouvelle solution de gestion des appels d’offres pour les distributeurs leur permettant d’être plus efficace et rapide dans leur politique de Sourcing. La troisième est le développement de partenariat pour offrir davantage de valeur à nos clients. Nous venons de signer successivement des partenariats avec Scan- Up, Citéo ou encore Mintec. Enfin, nous souhaitons nous développer sur d’autres secteurs ou segments de la distribution. Nous sommes clairement dans une stratégie de croissance y compris géographique, de partenariat et d’acquisition dans le futur.