Selon IDC France, à mi-2020, 70 % des grandes entreprises et 53 % des PME avaient engagé leur transformation digitale. Mais au-delà des choix d’ordre technologique, c’est dans la conduite du changement et son adoption que réside un passage au digital réussi. Rencontre avec Richard Ramos, directeur général d’Insight France, un intégrateur de solutions IT de bout en bout qui accompagne les organisations dans leur transformation et leur développement. 

 

Plus que les solutions techniques choisies, l’élément clé de succès d’une démarche de transformation digitale n’est-il pas de mettre en place une véritable politique de conduite du changement ?

Richard Ramos : C’est effectivement le cas, et la Covid-19, et ses conséquences en termes d’accélération de la transition numérique des entreprises, a particulièrement mis en relief cette question. Ce mouvement avait déjà été entamé avant cette crise sanitaire par de nombreuses sociétés mais aujourd’hui, cette vision est devenue un besoin. Afin qu’elle devienne une réalité, elle nécessite de mettre en place un accompagnement au changement autour de plusieurs axes. 

 

Lesquels ?

Richard Ramos : Le premier concerne l’identification des besoins. Ils ne sont pas forcément ceux pressentis il y a un an et ils méritent d’être reformulés. Le deuxième axe va s’intéresser aux facteurs favorisant ces besoins avec par exemple les nouveaux usages ayant émergés avec la généralisation du télétravail. Avant d’intégrer une technologie, il faut ainsi vérifier qu’elle propose des solutions réellement adaptées aux besoins existants et s’assurer de l’adhésion des parties prenantes. Cette dernière garantira l’adoption des outils et une amélioration des processus. 

 

Sur la question de l’IT et de l’optimisation des coûts, vous avez publié une étude qui montre que trop d’argent continue à être consacré par les entreprises à des licences logicielles non utilisées. Comment concrètement les guider pour qu’elles parviennent à rationaliser leurs dépenses ?

Richard Ramos : Les entreprises gaspillent chaque année un peu plus de 20 % de leurs investissements. Or, aujourd’hui, la flexibilité compte plus que le nombre de licences. La question à se poser est la suivante : « Est-ce que j’utilise simultanément suffisamment de licences pour être en conformité avec les règles de l’éditeur, tout en étant en adéquation avec les besoins de mon entreprise ? » Il s’agit donc de mener une réflexion sur les usages qui, si elle est bien pensée, va permettre de réduire jusqu’à 20 % des investissements. Nous accompagnons les sociétés pour les aider à mener cette analyse qui doit être adaptée à chaque organisation. 

 

Quel est selon vous le grand enjeu de demain pour les entreprises ?

Richard Ramos : Chez Insight, nous pensons qu’il s’agit de l’optimisation de la chaîne de valeur. Il s’agit d’analyser et améliorer la manière dont l’entreprise source ses matières premières, diffuse ses produits et s’assure que l’ensemble est intégré dans le système d’information de ses clients et de ses fournisseurs. Sans technologie performante, cet effort de rationalisation ne pourra pas produire les effets escomptés. 

 

Les technologies du futur comme l’IA sont-elles réellement à la hauteur des enjeux évoqués ?

Richard Ramos : On peut le dire. L’Intelligence artificielle est déjà une réalité et nous disposons de solutions concrètes. Elle peut ainsi être utilisée pour mieux exploiter des données dont le volume au sein des organisations est devenu exponentiel. De nombreux éditeurs, tels que Microsoft avec sa solution Azure, ont choisis d’aller dans ce sens en intégrant des processus d’IA de manière standardisée. On peut par exemple identifier les organisations pouvant s’appuyer sur le savoir-faire d’une entreprise X, selon des critères précis (localisation géographique, chiffre d’affaires…) et obtenir des résultats immédiatement. L’IA peut aussi servir à anticiper les besoins et optimiser le fonctionnement de l’entreprise. Nous l’utilisons par exemple avec un transporteur ferroviaire français pour analyser des résonances sur les rails. Grâce à cela, ils peuvent détecter, en amont, d’éventuels problèmes et réaliser des opérations de maintenance prédictive.  La réalité augmentée est par ailleurs de plus en plus usitée et il existe des usages concrets tels que des télédiagnostics avec des lunettes de réalité augmentée. La possibilité de créer des doubles numériques répond là aussi au besoin accru d’assurer la continuité du business, même en travaillant à distance.