Demain sera vert. Porté par les plans de relance de l’administration Biden et de la Commission européenne, le secteur de l’investissement responsable est en pleine expansion. Une occasion sans précédent de conjuguer rendement et impact, selon Gilles Cutaya, Directeur Général Délégué en charge du Développement International, Marketing et Communication de CPR Asset Management.

 

Sur quels critères vous basez-vous pour estimer si un investissement est responsable ?

Gilles Cutaya : L’investissement responsable aujourd’hui, constitue sans conteste une véritable lame de fond aujourd’hui. Très tôt, Amundi, leader européen de la gestion d’actifs, s’est positionné en tant que pionnier sur ce secteur en s’équipant d’une plateforme mondialement reconnue pour l’analyse des critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance. C’est justement sur cette plateforme d’analyse, qui couvre tous les secteurs d’activité, que CPR Asset Management s’appuie pour intégrer les critères ESG dans ses prises de positions. Outre les performances financières des entreprises, nous évaluons ainsi leur capacité à gérer les externalités générées par leur activité, qu’elles soient positives ou négatives. Transparence, dialogue social, empreinte carbone… Les critères sont multiples. Toutefois, la définition de ces critères ESG n’est pas totalement figée. La réglementation évolue fréquemment et nous attendons avec impatience l’arrivée d’une taxonomie européenne, car aujourd’hui la notion d’investissement vert n’a pas nécessairement la même signification en France qu’en Allemagne ou en Belgique.
Chez CPR Asset Management, nous voyons les investissements comme une arme de « construction massive ». Nous favorisons les investissements à impact positif et nous encourageons des pratiques responsables au sein des entreprises dans lesquelles nous investissons. Depuis quelques années, nous avons développé toute une gamme de solutions dans une perspective d’impact : contribuer à lutter contre le réchauffement climatique, nourrir la planète, améliorer l’éducation, etc. Nous avons d’ailleurs été parmi les premiers gestionnaires d’actifs à lancer un fonds sur les inégalités. Pour cela, nous avons développé une méthodologie propriétaire en attribuant à chaque pays une notation en matière d’inégalités. L’idée, c’est que le référentiel des inégalités n’est pas le même si l’on investit dans une société indienne que pour une société française. Pour s’adapter à cette réalité, nous avons donc développé une grille extrêmement granulaire, qui permet de flécher les investissements vers les sociétés les plus vertueuses, et ce dans le monde entier.

 

Les Français sont-ils familiers avec l’investissement responsable ?

Gilles Cutaya : Avant même de parler d’Investissement Responsable, nous constatons que les Français ont du mal avec les investissements en général. Il y a un vrai déficit en matière d’éducation financière des épargnants. Ce déficit est encore plus flagrant dans le cas des investissements responsables, comme nous l’avons mis en exergue dans la dernière édition de notre baromètre de l’investissement responsable. Pourtant, la situation s’améliore. En 2019, seuls 21 % des épargnants que nous avions interrogés détenaient des fonds d’investissement responsable. En 2020, ils étaient 31 %. Cette progression très nette témoigne d’un intérêt croissant pour le secteur. Une communication dédiée est donc indispensable face à l’essor de l’ESG. Et pour cause, les entreprises sont en train de changer radicalement leur modèle pour réduire leur empreinte carbone. On se dirige vers le « net zéro », et cette transition génère des opportunités d’investissement historiques pour les épargnants.
Nous sommes convaincus qu’il n’y a pas d’opposition entre un investissement rentable et un investissement responsable. Bien au contraire, puisqu’on observe que – sur le long terme – les entreprises avec une bonne notation ESG réalisent en moyenne de meilleures performances financières. Malgré tout, les investisseurs finaux ont parfois encore du mal à appréhender la notion d’investissement responsable. Il y a donc un vrai travail de pédagogie et de transparence à faire, et cela passe par des produits financiers plus lisibles. Le label ISR (Investissement Socialement Responsable) apporte un début de réponse, puisqu’il pallie en partie la méconnaissance structurelle des investisseurs pour l’investissement responsable et permet de rassurer les épargnants.

 

Justement, quels sont les outils dont disposent les investisseurs pour suivre l’impact concret de leurs investissements ?

Gilles Cutaya : Chez CPR AM, nous avons été parmi les premiers gestionnaires à intégrer l’impact de nos investissements dans nos reportings extra-financiers mensuels, dans l’intérêt de nos investisseurs et de la société. En complément de ces reportings, nous publions également chaque année des rapports annuels d’impact qui évaluent – très concrètement et dans le détail – dans quelle mesure nos investissements contribuent à réduire l’empreinte carbone, la consommation d’eau ou encore les émissions de gaz à effet de serre par rapport à un niveau de référence. Nos clients peuvent ainsi mesurer la contribution concrète de leurs investissements. L’idée, c’est de trouver des indicateurs lisibles pour rendre tangible la valeur qu’apportent les investissements responsables au-delà du simple rendement financier. Si l’on prend l’exemple de l’éducation, nous surveillons si – grâce aux investissements que nous avons fléchés vers ce secteur – il y a plus de bourses scolaires, plus d’étudiants qui accèdent à des formations, etc. Autre exemple, nous avons développé – en partenariat exclusif avec le CDP (Carbon Disclosure Project) qui est une ONG historique et de référence sur la publication des données climat – un fonds CPR Invest-Climate Action qui a pour objectif de réduire le risque climatique de nos investissements pour nos clients en accompagnant les entreprises engagées dans un processus de transition environnementale.
Plutôt que de parler des émissions globales, qui sont un concept assez flou pour les investisseurs, nous avons travaillé sur notre propre méthodologie pour évaluer la température de nos portefeuilles, afin que les épargnants disposent d’une métrique claire et lisible. En proposant des solutions engagées dans la lutte contre le réchauffement climatique, CPR AM se positionne comme le partenaire climat des investisseurs.