Entreprise mondiale présente dans plus de 55 pays, Arkema est un acteur majeur des Matériaux de Spécialités qui se structurent autour de trois segments complémentaires : les matériaux avancés, les adhésifs et les revêtements (Coating solutions). En constante évolution, ce leader des matériaux de spécialités a fait du développement durable son fer de lance et a fait son entrée dans le nouvel indice du CAC 40 ESG. Explications avec Virginie Delcroix, Directrice du Développement Durable chez Arkema. 

 

En tant que Directrice du développement durable d’un grand groupe, quel est votre rôle ? 

Virginie Delcroix : Le développement durable est une notion très vaste qui englobe les dimensions sociale, économique et environnementale. L’équipe développement durable interagit avec tous les acteurs internes, et tout particulièrement avec nos équipes R&D pour développer une offre de solutions durables, mais également avec toute la chaîne de valeur (clients, fournisseurs…). Chez Arkema, nous avons identifié les enjeux essentiels pour Arkema et nous apportons notre contribution à la transformation durable de la société au sens large. Notre rôle est d’assurer la pleine intégration du développement durable à la fois au quotidien, de manière opérationnelle dans le modèle économique de l’entreprise, mais également dans les projets à venir.

 

Quel constat faites-vous sur les préoccupations de vos clients et de vos collaborateurs ? 

Virginie Delcroix : Le développement durable est une ouverture vers de formidables opportunités de développement et un modèle de croissance beaucoup plus résilient. Nous constatons une très forte accélération des attentes sur ces deux dernières années, en interne comme en externe, avec une véritable volonté d’intégration chez les clients et les salariés, mais aussi de la part de la communauté financière. 
Dans la période actuelle et du fait de l’urgence environnementale, les attentes sont d’autant plus prégnantes. La crise a accéléré le rythme de l’engagement du groupe. Notre politique de développement durable étant déjà structurée depuis plusieurs années, nous sommes pleinement mobilisés sur les défis actuels. 

 

Quels sont les objectifs d’Arkema sur le plan environnemental ? 

Virginie Delcroix : D’ici à 2050, la population mondiale va croitre considérablement et nécessitera les ressources de trois planètes pour maintenir notre mode de vie actuelle. Ainsi, dans nos 147 usines à travers le monde, nous nous devons d’améliorer sans cesse notre excellence opérationnelle pour réduire notre impact environnemental.  Nous agissons concrètement au niveau des ressources en matière, en eau et en énergie. Sur le climat, nous sommes engagés sur une réduction de l’émission des gaz à effets de serre selon la trajectoire de l’accord de Paris. Notre objectif est de réduire ces émissions de 38 % d’ici 2030 par rapport à 2015, et nous sommes actuellement en très bonne voie. 

Par ailleurs, l’optimisation de l’efficacité énergétique occupe une place importante dans notre activité qui nécessite beaucoup d’énergie. Grâce aux technologies numériques, nous pouvons conduire les unités de façon plus optimale. Sur les dix dernières années, nous avons réduit de 10 % la consommation d’énergie par tonne de produits fabriqués. L’ambition est d’accroitre de 10 % supplémentaires cette efficacité énergétique d’ici 2030. 

 

Comment vos produits contribuent-ils aux enjeux du développement durable ? 

Virginie Delcroix : Au-delà de nos actions pour améliorer notre empreinte environnementale une grande partie de notre portefeuille de matériaux permet d’apporter des solutions qui répondent aux enjeux de développement durable notamment énergétiques.

Ainsi 50 % de nos ventes représentent aujourd’hui une contribution significative aux objectifs de développement durable de l’ONU. Elles apportent du progrès par rapport aux solutions standards du marché. Nous visons d’accroître cette part à 65 % à l’horizon 2030.
Nous innovons à travers nos produits pour que nos clients puissent eux-mêmes réduire leurs émissions, notamment par une meilleure efficacité thermique des bâtiments ou encore à travers la mobilité à bas carbone et le stockage d’énergie. Par exemple, dans le domaine du transport nous fournissons à nos clients des matériaux qui permettent d’alléger les structures pour réduire la consommation énergétique. Nous fabriquons également de nouvelles générations de polymères et de composites pour les batteries rechargeables et le stockage de l’hydrogène. 

Nous avons aussi recours à des matériaux « alternatifs », qui sont biosourcés et/ou recyclables pour remplacer des solutions existantes. L’une de nos innovations majeures, qui nous a valu le Prix Pierre Potier en 2020, réside dans la création de la résine liquide thermoplastique Elium® recyclable qui est utilisée pour les pales d’éoliennes. Les temps et les coûts d’énergie dans leur production sont réduits, et en fin de vie, elles sont recyclables pour revenir à la résine de base. Au-delà de l’éolien, cette résine est aussi très intéressante pour le secteur du nautisme et également de la construction. 

L’emballage, en particulier alimentaire, est aussi en pleine transformation. Nous participons à une conception plus responsable, à travers des matériaux recyclables y compris les adhésifs. Nous avons comme volonté de nous inscrire dans une démarche d’économie circulaire.

 

Quelle place occupe les nouvelles technologies dans vos objectifs de développement durable ? 

Virginie Delcroix : Là aussi, les technologies du numérique sont intégrées à la fois dans notre offre de solutions et dans la conduite de nos activités. 

Nous les utilisons pour éco-concevoir nos matériaux de performance afin que nos clients puissent les utiliser avec la juste quantité. La technologie de l’impression 3D illustre parfaitement ce principe, permettant de concevoir des pièces au design complexe tout en simplifiant les assemblages et en utilisant juste la matière nécessaire. L’impression 3D permet de s’affranchir des coûts de création et de fabrication des moules.

Dans nos usines, où nous avons des procédés tous différents, l’utilisation de l’intelligence artificielle nous permet de gérer nos installations de façon plus optimale, y compris dans la conception de nos unités. Nous utilisons par exemple des outils de simulations immersives pour modéliser les futures installations industrielles en mode « zéro papier » ce qui nous permet de réaliser un gain de temps substantiel sur les études et la construction, une réduction des coûts, une efficacité au démarrage de la production, et une amélioration de  la formation des opérateurs

Par ailleurs, en combinant l’optique et l’apprentissage profond (deep learning) nous arrivons à détecter automatiquement les non-qualités sur un produit fini. Bostik utilise par exemple cette technique pour les adhésifs thermofusibles (ou chauffants) aux Pays-Bas. Les opérateurs peuvent ainsi être occupés à des tâches plus valorisantes.