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XPRIZE : Comment La Technologie Peut-Elle Mettre Fin À l’Illetrisme Dans Le Monde ?

Image par Pete Linforth de Pixabay

En septembre dernier, Elon Musk, le PDG de Tesla et SpaceX a fait don de 15 millions de dollars au Global Learning XPRIZE. L’objectif de cette fondation est de développer des méthodes d’enseignement pour les 250 millions d’enfants à travers le monde qui n’ont pas accès à l’éducation primaire ou secondaire. Le but étant de leur donner les moyens d’apprendre eux-mêmes à lire, écrire et compter en seulement 15 mois. Il existe de nombreux programmes de construction d’écoles et de formation d’enseignants, mais leur mise en place est très longue et ils ne peuvent pas répondre à la demande croissante et immédiate.

L’analphabétisme a longtemps empêché ses victimes de participer à l’économie locale. Et cette mise à l’écart ne fait que s’accroître, alors que notre monde devient hyperconnecté. Si l’on prend l’exemple d’un enfant illettré dans un pays en voie de développement, il y a une dizaine d’années, ça l’aurait seulement empêché de gérer une ferme dans sa ville natale. Aujourd’hui, avec la connectivité, les plateformes de commerce en ligne, et les innovations omniprésentes, telles que le programme e-Residency en Estonie, un enfant illettré sera coupé de toutes opportunités à l’échelle mondiale.

 

Une solution radicale

Les progrès technologiques ont mis en exergue le problème mondial de l’analphabétisme, mais ils renferment certainement le remède de ce fléau. « Le génie indispensable pour résoudre les problèmes se trouve dans la population », a déclaré Matt Keller, directeur général de Global Learning XPRIZE. « Et la technologie permet à XPRIZE d’atteindre la population ».

Fondée par Peter Diamandis, XPRIZE est un « moteur d’innovations » à but non lucratif, qui utilise la ludification, le crowdsourcing et des récompenses pour motiver la population à participer à une compétition, avec pour objectif final de mettre en place des outils ou méthodes révolutionnaires pour relever les grands défis de l’humanité à l’échelle mondiale. Il y a eu un grand nombre de compétitions réussies, et notamment, le XPRIZE Ansari de 10 millions de dollars, qui a permis de catalyser la course privée à l’espace.

Des équipes participant au défi du Global Learning XPRIZE se sont formées tout autour du monde afin de développer un logiciel open source stable, qui permettra aux enfants des pays en voie de développement, âgés de sept à dix ans, d’apprendre les bases de la lecture, de l’écriture et du calcul, sans l’aide d’un adulte et en seulement quinze mois. Des centaines d’équipes provenant de plus de quarante pays ont participé à la compétition. Et l’an dernier, cinq finalistes ont été sélectionnés.

 

Des tests élargis

Récemment, lors d’un évènement qui s’est tenu à Washington D.C., à l’Innovation Center de 3M, XPRIZE a élargi la portée et l’échelle des phases de test en annonçant la création d’une nouvelle « Impact Coalition ». Alors que les finalistes effectuent déjà des tests dans 150 villages de Tanzanie, les essais sur le terrain seront élargis pour proposer plusieurs langues et environnement, sous la direction de chaque partenaires de l’Impact Coalition. L’objectif de cette dernière, selon la directrice de la stratégie de Global Learning XPRIZE, Emily Church, est de « recueillir et partager des ensembles de données accessibles dans le monde entier en lien avec notre logiciel open source .

Les premiers pilotes de tests sur terrain dirigés par l’Impact Coalition sont les suivants :

  • la Fondation Queen Rania : l’objectif de ce pilote est d’explorer de potentiels cas d’application d’apprentissage mobile afin de soutenir l’alphabétisation  pour les réfugiés jordaniens et syriens. La fondation Queen Rania mènera des recherches dans les domaines où les technologies d’enseignement peuvent avoir le plus d’impact sur la vie des enfants, que ce soit à l’école, à la maison, ou dans des centres d’apprentissage.
  • Education Cannot Wait (ECW) : en tant que premier et unique fonds mondial pour l’enseignement dans des contextes d’urgence, Education Cannot Wait a investi dans quinze pays en crise. ECW reconnaît l’importance de l’innovation pour donner aux enfants, et aux jeunes en général, l’opportunité d’apprendre, même dans les circonstances les plus précaires. Cette organisation cherche des partenariats afin d’élargir son action dans des pays tels que la Syrie, le Bangladesh et l’Ouganda. 
  • Teach the World Foundation : elle a déjà mené des tests similaires au Pakistan et au Bangladesh au cours des deux dernières années et lancera deux nouveaux programmes de grande envergure en Asie du sud et en Afrique subsaharienne en 2018, dans le but d’aider plus de 10 000 enfants, y compris des réfugiés Rohingya au Bangladesh.
  • Imagine Worldwide : actuellement appliqué dans deux écoles primaires, ce programme à long terme, qui devrait durer au moins deux ans, utilisera son logiciel pour donner à des milliers d’enfants du Malawi, l’opportunité d’apprendre à lire et à compter dans leur langue natale, le chichewa. Ce programme devrait permettre de mieux appréhender l’impact de la technologie sur l’apprentissage. Imagine Worldwide prévoit également de mettre en place une série de programmes à court terme dans le camp de réfugié de Dzaleka au Malawi, afin d’étudier l’impact du logiciel dans différents contextes.
  • la Global Alliance for Humanitarian Innovation (GAHI) : avec XPRIZE et la Foudation Queen Rania, GAHI et son partenaire Education Cannot Wait, développeront un cadre permettant d’évaluer l’efficacité des innovations dans un contexte d’urgence.

 

Des méthodes diverses

XPRIZE pense que l’expérimentation rapide de plusieurs méthodes est le moyen le plus efficace de développer une solution. La diversité des méthodes était exposée lors du Global Learning Impact Summit, où étaient présentes les cinq équipes finalistes, rassemblées pour la première fois depuis le début de la compétition.

Regardons de plus près les logiciels développés par deux des équipes finalistes : CCI et RoboTutor.

Curriculum Concepts Internatinal (CCI) est une entreprise qui regroupe des rédacteurs, des éditeurs, des concepteurs de programmes d’étude, et des technologues qui développent des programmes d’enseignement et de formation depuis plus de vingt ans. CCI propose une série de programmes d’instruction structurés et séquentiels. La seule chose qui les différentie des autres, c’est leur système de développement. « Notre principale innovation, c’est l’écosystème et le procédé nous permettant de développer les produits en masse, ce n’est pas le produit final » explique Josh Powe, responsable de la stratégie pour l’équipe CCI. Connu en interne sous le nom de Pubbly, la plateforme innovante permet à des personnes ne sachant pas coder, de développer du contenu attractif dans toutes les langues ou tous les domaines. En créant un système permettant de produire du contenu et un design interactif, CCI peut rapidement augmenter l’échelle de la production et rendre le contenu disponible dans de nombreux pays et dans différentes langues.

Et à l’autre bout du spectre de solutions, on trouve RoboTutor, qui a été développé par une équipe du centre de recherche en intelligence artificielle de l’université de Carnegie Mellon, dirigée par Jack Mostow, professeur émérite en robotique, machine learning, technologies des langues et interactions machine humain. RoboTutor s’appuie sur des décennies de recherches et fonctionne grâce à des technologies avancées comme la reconnaissance de l’écriture et de la parole, l’analyse faciale et le machine learning. L’unique méthode de la conception repose sur le traitement des données, recueille des informations grâce à ses interactions avec des enfants. Elle est utilisée à la fois pour permettre aux tuteurs cognitifs de s’adapter à chaque élève et aux outils de minage de données d’évaluer et d’aiguiser en continu sa conception et ses fonctionnalités. « Nous nous focalisons sur le croisement entre l’intelligence artificielle et la psychologie. Notre principal avantage, c’est de pouvoir tirer profit des ressources et de l’expertise de l’université », explique Amy Ogan, professeure assistante en interactions machine humain à l’université de Carnegie Mellon. En plus de Jack Mostow et Amy Ogan, l’équipe RoboTutor compte plus de cent élèves et enseignants de l’université.

Un impact positif

Le Global Learning XPRIZE prendra fin en avril 2019. C’est à cette date que l’équipe dont la solution sera la plus prometteuse remportera le grand prix de 10 millions de dollars. Cela dit, l’impact positif de la compétition ne s’arrêtera pas à la remise du prix.

L’idée est de concevoir une technologie qui permettra de faire ressortir l’élève et le professeur qui sommeille en chaque enfant. Si XPRIZE arrive à prouver que les enfants peuvent apprendre par eux-mêmes et enseigner aux autres, cela pourrait révolutionner notre vision de l’apprentissage et de l’enseignement.

« Je vois ça comme la fin du commencement », précise Matt Keller, le directeur général de la compétition. « J’espère, qu’au cours de la prochaine décennie, les enfants auront à leur disposition un appareil ou une plateforme à laquelle ils pourront parler, qui saura ce que les enfants aiment, ce qu’ils savent et ce qu’ils doivent encore apprendre. Elle sera tellement impliquée dans la vie de l’enfant qu’elle pourra devenir son mentor durant sa scolarité, tout comme pourrait le faire un parent ou un enseignant. C’est ce que nous espérons, car il s’agit de la seule solution pouvant répondre aux besoins de tous les enfants à travers le monde ».

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