A l’heure où les changements climatiques obligent chaque individu à repenser son mode de vie et de consommation, les entreprises aussi affirment leur politique en matière de responsabilité sociétale et environnementale (RSE), avec pour premier objectif la prise en compte systématique des enjeux du développement durable dans leur stratégie. Pour les y aider, elles peuvent notamment compter sur les nouvelles technologies et sur leurs propres données, à la condition de pouvoir et de savoir comment les exploiter.
La numérisation des entreprises a conduit à une multiplication de données sujettes à un véritable paradoxe : d’une part elles représentent un levier de performance et de l’autre la gestion de leur volume constitue un véritable challenge.
Mal gérées, elles ont une incidence directe sur la performance de l’entreprise et ses processus opérationnels. Ces derniers peuvent pâtir de ruptures et de dysfonctionnement que, malheureusement, les méthodes ‘traditionnelles’ ne permettent pas de détecter, et encore moins de corriger. Des incidents qui, dans une supply chain, peuvent entraîner des consommations inutiles de ressources, une augmentation indirecte des coûts et des émissions de CO2.
L’IA au cœur de la détection des inefficacités
La technologie permet désormais d’identifier les points d’échauffement d’une organisation en s’appuyant sur une vue d’ensemble fiable de ses processus. Toutefois, l’analyse et l’optimisation de ces derniers ne peuvent désormais être menées sans une approche basée sur l’intelligence artificielle (IA). L’enjeu ici consiste à ne pas introduire de nouveaux systèmes informatiques ni surcharger l’infrastructure IT, mais à mieux utiliser les systèmes existants et les technologies au service de la performance de l’entreprise. Il faut créer de la transparence autour des processus internes et fournir des actions de remédiation et d’amélioration tangibles. Jusqu’ici, une telle approche échouait principalement en raison d’une collecte manuelle des données ou d’une disponibilité insuffisante des données.
L’IA – au cœur d’une technologie de process mining – se concentre sur les données viables de l’entreprise pour scanner chacune des étapes caractéristiques d’un processus interne et détecter tout dysfonctionnement. Dans cette approche, les données des systèmes informatiques courants en entreprise tels que SAP, Oracle ou Salesforce sont collectées, analysées et cartographiées. En cas de défaillance d’un processus business (redondance, inefficacité, etc.), la technologie en assure une conversion en un asset sain, simple, efficace et clair. Cette méthodologie favorise le développement et la gestion d’indicateurs positifs nécessaires à la durabilité de l’entreprise, dont le plus grand potentiel d’amélioration se situe au niveau de la production, la gestion des matériaux et la logistique.
Les données au service d’un impact écologique positif
Les stocks excédentaires, les déchets de production, les erreurs d’aiguillage, etc. peuvent résulter de processus compromis, d’erreurs de calcul, de déficiences de qualité ou de goulets d’étranglement. Un tel gaspillage génère des surcoûts et un impact négatif sur l’empreinte carbone de l’entreprise. Dans ce contexte, elle cherchera à détecter les consommations inutiles de ressources et à les réduire là où c’est nécessaire. L’adoption d’une technologie pilotée par l’IA au cœur de ses processus opérationnels va notamment permettre à l’entreprise d’optimiser la planification et la gestion de sa production. L’emploi d’algorithmes d’apprentissage automatique facilitera le classement des différentes variantes d’un processus en fonction de leur similitude, l’autorisant ainsi à transférer et appliquer les résultats d’autres processus de production et in fine de réduire ses déchets.
Les processus retranscrivent tout ce que fait une entreprise, de la conception des produits à la fabrication, en passant par la distribution et l’exécution des commandes. En les analysant, les traitant et en les améliorant à l’aide de solutions technologiques intelligentes, il est aujourd’hui possible de changer fondamentalement la façon dont une entreprise est gérée.
Toute décision opérationnelle, et pas seulement dans l’optique d’une mise en conformité aux différentes exigences règlementaires, pourra ainsi être prise en cherchant à donner la priorité à un objectif final de durabilité.
Ce n’est qu’en passant scrupuleusement aux rayons X leurs processus internes et en les rationalisant, via des technologies assistées par l’IA, que les entreprises auront la capacité de s’inscrire dans un processus de durabilité sur le long-terme.
Tribune rédigée par Fadi Naffah, Vice President, Directeur Général France MEA – Celonis
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