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Laurent Blanchard, CEO d’Ingenico : « La France est plutôt en avance en matière d’acceptation du paiement dématérialisé »

Laurent Blanchard, CEO d'IngenicoLaurent Blanchard, CEO d’Ingenico

Ingenico ne vous dit peut-être rien et pourtant elle fait bien partie de votre quotidien. Rachetée par Worldline en 2020 et revendue à Apollo deux ans plus tard, l’entreprise est spécialisée dans les prestations de paiements et reconnue pour fournir des terminaux de paiement en France et à travers le monde. Laurent Blanchard, CEO de l’entreprise, raconte à Forbes France son plan d’action depuis sa prise de fonction au printemps 2023 et sur l’avancement de la maturité de la France – et l’Europe – en matière de paiement dématérialisé.

 

Quelles ont été les priorités depuis votre prise de poste ?

Laurent Blanchard : Je suis fier d’avoir repris la direction d’Ingenico car il est rare de trouver en France – et en Europe – des entreprises de la tech en contact quotidien avec les consommateurs. Ce public n’a d’ailleurs bien souvent pas conscience que derrière leurs simples actes de paiement se trouve un concentré de technologies et une centaine de brevets. Notre enjeu est justement de simplifier cette complexité, en particulier au regard des réglementations très précises et complexes du secteur.

Nous agissons au cœur de la transformation du commerce que cela soit en termes de fourniture de terminaux physiques ou bien de logiciels afin d’améliorer à la fois l’expérience du commerçant et celle du client. À mon arrivée, la stratégie d’Ingenico en matière d’acceptation des paiements sur terminaux physiques était déjà bien amorcée. Il y a aussi une montée des pratiques consistant à transformer sa tablette ou son smartphone en tant que terminal à part entière et Ingenico a suivi cette tendance.

Mon objectif consiste surtout à faire évoluer Ingenico de simple fournisseur de hardware à offreur de logiciels et de services tout-en-un. Notre offre, disponible partout via une infrastructure cloud dédiée, se complète de jour en jour et s’adapte à l’évolution des pratiques de paiement.

 

Vous travaillez d’ailleurs sur l’innovation en matière de paiement par paume, un système biométrique déjà déployé par Amazon dans des supermarchés aux États-Unis l’été dernier…

L.B. : Oui, nous développons cette technologie depuis plusieurs années et le principal défi reste de prendre en compte les différences culturelles et nationales au sein de notre marché. L’innovation biométrique en Europe n’a rien à envier à celle des États-Unis : on peut citer par exemple Air France qui a d’ores et déjà déployé des systèmes de reconnaissance faciale dans les aéroports, au même titre que la douane française également.

Nous sommes présents dans plus de 150 pays et c’est ce qui fait notre force. Nous savons comment déployer ce type de technologie en fonction des spécificités locales. Au total, 5 pilotes en innovation biométrique ont déjà été lancés en Europe et nos trois centres d’innovation en France, en Inde et en Chine sont aussi sur le coup.

Par ailleurs, en Inde par exemple, la tendance est plutôt au paiement par QR code. Cela fait suite à une récente directive gouvernementale pour lutter contre la fraude et supprimer les billets de 500. Ce type de paiement est largement plébiscité dans des pays qui connaissent d’importants sauts générationnels, comme en Afrique par exemple.

 

Où en est la France en matière de paiement dématérialisé ?

L.B. : La France est plutôt en avance en matière d’acceptation du paiement dématérialisé. Aux États-Unis par exemple, dans les restaurants, le serveur doit bien souvent prendre la carte du client pour pouvoir la scanner au comptoir. Puis, il revient auprès du client pour lui demander une signature de la note.

On peut noter également une grande prolifération des portefeuilles numériques (wallets) et l’Europe souhaite aller plus loin, en témoigne son projet EPI (European Payments Initiative) qui vise à créer un système de paiement et réseau interbancaire paneuropéen. Ce projet, au même titre que celle de l’euro numérique, est une très belle initiative en faveur de l’openbanking. Cela va permettre la création de nouvelles fintech et ainsi accélérer l’évolution du paiement. Ce monde reste très sécurisé et réglementé et il faut qu’il le reste : ne perdons pas ses fondamentaux car on peut très vite avec cette ouverture tomber dans des biais.

Évidemment, la dématérialisation du paiement peut offrir beaucoup plus de valeur au consommateur final. Mais les commerçants ont des arbitrages plus précis à faire et sont soumis à la réalité du volume de leurs transactions : à partir de 10 clients, il vaut mieux prendre un terminal car cela reste 10 fois moins cher que les paiements acceptés par le biais d’un smartphone ou d’une tablette.

 

En 2022, le fonds d’equity américain a finalisé le rachat d’Ingenico auprès de Worldline… Qu’est-ce que cela marque dans le développement de votre entreprise ?

L.B. : C’est un vrai support capitalistique et Apollo veille toujours à faire grandir notre entreprise. C’est notamment grâce à eux que nous avons pu conclure il y a un an le rachat de Phos, fournisseur de solutions logicielles pour les points de vente. Notre périmètre d’action est très clair et nous restons totalement autonomes. Encore une fois, je suis très fier d’arriver à ce moment crucial du développement d’Ingenico et je suis convaincu que cette fintech française va permettre de transformer le commerce au niveau mondial. Et cela restera tributaire de notre capacité à anticiper les comportements des consommateurs.

Dans le même temps, le fait d’avoir été détenu par un acteur global comme Worldline a évidemment créé une relation complexe entre ses différents clients concurrents du milieu bancaire. Mais notre acquisition par Apollo nous a permis de prendre notre indépendance et nous avons souhaité rester agnostique sur cette gestion des terminaux – on en gère d’autres que les nôtres. Notre volonté reste d’animer tout l’écosystème du paiement au niveau mondial.

 

Vous avez également annoncé dédier une bonne part de votre chiffre d’affaires à votre effort R&D, pourquoi ?

L.B. : Nous connaissons un gain de parts de marché conséquent au niveau mondial. En l’espace de 18 mois, nous avons par exemple gagné une grande partie du retail aux États-Unis. Cela nous a permis d’investir davantage en recherche et développement : au total entre 8 et 10 % de notre chiffre d’affaires y a été consacré, notamment pour consolider notre offre « Ingenico Manage 360 » basée sur le cloud ou encore développer de l’innovation pure comme celle de la biométrie palmaire.

 


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