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Échec ou succès ? Tout savoir sur les drones suicide Switchblade envoyés en Ukraine

SwitchbladeLes drones Switchblade 300 peuvent-ils détruire un char ? Forbes vous propose d’en apprendre davantage sur ce type de drone suicide. | Source : Getty Images

De nombreux mythes circulent sur les drones suicide Switchblade utilisés actuellement en Ukraine. Forbes vous propose de démêler le vrai du faux.

 

La décision du Pentagone d’envoyer des drones suicide Switchblade en Ukraine a été accueillie avec enthousiasme. Dans l’imaginaire collectif, ce type de drone est une arme ultrapuissante capable d’assurer la victoire à l’Ukraine, il était donc inévitable qu’un contrecoup se produise. Les vœux pieux d’un côté et les critiques mal informées de l’autre ont donné naissance à plusieurs mythes tenaces sur les drones Switchblade.

Obtenir des informations sur ces drones relève du défi. Les forces spéciales américaines les utilisent depuis plus de dix ans sans qu’aucune information ni aucune vidéo de combat ne soit publiée. Il n’est donc pas surprenant que les informations en provenance d’Ukraine soient rares, mais elles sont suffisantes pour fournir un aperçu. Des vidéos de lancement de drones Switchblade en combat sont également disponibles, ce qui n’a été le cas ni en Irak ni en Afghanistan.

Parfois décrit comme un drone kamikaze, le Switchblade 300 est une arme de 2,7 kg lancée par un tube et dotée d’ailes ainsi que d’une hélice électrique qui se déploient après le lancement pour permettre une vitesse de croisière d’environ 101 km/h. À l’aide d’une caméra couleur et d’une caméra thermique, le drone peut localiser une cible, la verrouiller et la détruire. Spécifiquement conçu pour les cibles prioritaires, difficiles et éphémères, le Switchblade offre une précision inégalée. Il est sûrement plus adapté à la lutte contre une insurrection qu’à une invasion russe totale, mais il a son utilité.

 

Mythe 1 : « Ce n’est pas efficace. »

Un missile Javelin produit une explosion, parfois suivie d’effets secondaires lorsque les munitions ou le carburant des véhicules cibles explosent. Son ogive pèse environ 11,8 kg, soit près de quatre fois plus que celle du Switchblade. En comparaison, cela signifie que le Switchblade a peu d’effet visible. Ainsi, le public n’a pas été impressionné en voyant la première vidéo de lancement d’un drone Switchblade en combat.

Dans un vidéo, l’on voit ce type de drone frapper une position russe regroupant plusieurs mitrailleuses. L’ogive du Switchblade contient une charge à fragmentation hautement directionnelle, déclenchée par un capteur qui la fait exploser à un endroit précis dans les airs, ce qui lui vaut le surnom de « fusil volant ». L’ogive que l’on voit dans la vidéo explose immédiatement devant la position russe, avec peu d’effets évidents : l’on voit deux soldats russes à proximité s’enfuir en courant. Certains ont pensé que cela ressemblait à un échec.

Cependant, comme l’a souligné le compte Twitter Kung Flu Panda, l’ogive « a fait exactement ce qu’elle était censée faire », comme le montre en détail cette vidéo YouTube commentée.

Les forces ukrainiennes ont publié la vidéo, car elle montrait une frappe réussie. Sans un aperçu de l’intérieur du bunker, il est impossible d’en être sûr, mais l’équipage de la mitrailleuse se serait bien trouvé à l’intérieur du rayon mortel des éclats du Switchblade. Ce drone n’est peut-être pas impressionnant visuellement, mais il peut atteindre des cibles éphémères que même un Javelin ne peut atteindre.

Dans une autre vidéo publiée par les forces spéciales ukrainiennes, l’on voit un Switchblade 300 frapper un char T-72B3. Bien que le char ne semble avoir subi aucun dommage, l’équipage qui se tenait debout sur le toit au moment de l’explosion a sans aucun doute été blessé. Encore une fois, certains regretteront l’absence d’une explosion plus forte. Toutefois, éliminer l’équipage est certainement la meilleure solution, surtout si le véhicule peut être capturé par la suite.

 

 

Mythe 2 : « Les États-Unis envoient des milliers de Switchblade, non des centaines. »

Selon plusieurs sources, dont certaines sont apparemment des initiés bien informés, les États-Unis fournissent bien plus de Switchblade que les chiffres indiqués. En effet, le « système » Switchblade serait constitué d’une seule unité de commande et de dix tubes de lancement, une affirmation provenant de « sources internes » citée par plusieurs sites d’informations réputés. D’après cette version, les 700 systèmes Switchblade promis à l’Ukraine représenteraient en réalité 7000 munitions.

Cependant, cela ne coïncide pas avec les autres armes énumérées par le Pentagone et destinées à l’Ukraine : « Plus de 1400 systèmes antiaériens Stinger ; plus de 5500 systèmes antiblindés Javelin ; plus de 14 000 autres systèmes antiblindés ». Dans cette liste, un système signifie clairement une arme. Les unités de commande des Javelin sont également réutilisées, mais un système correspond à une seule arme.

Selon le fabricant AeroVironment, un système Switchblade correspond à une seule cartouche. En outre, la société affirme n’avoir jamais entendu parler d’un « système qui équivaut à dix cartouches. »

Certains ont suggéré que l’armée pourrait avoir une manière différente de compter que les fabricants. Forbes a donc demandé au service de presse du Pentagone, qui a fourni cette déclaration sans équivoque : « Nous pouvons confirmer que 700 systèmes signifient 700 munitions ».

 

Mythe 3 : « Les drones Switchblade sont abattus ou capturés. »

Si l’opérateur d’un Switchblade ne trouve pas de cible valable avant d’avoir épuisé son temps de vol (plus de 15 minutes, voire 30), le drone se désarme et disparaît du ciel. C’est la raison pour laquelle il existe un certain nombre de photos de drones Switchblade, souvent accompagnées d’affirmations selon lesquelles ils ont mal fonctionné ou ont été abattus.

Il y a également des photos montrant des signes d’explosion, ce qui suggère que les drones ont mené à bien leur mission et non pas été abattus, comme on le prétend.

Abattre un Switchblade est un réel défi : dans son plongeon terminal, le drone se dirige vers sa cible à environ 161 km/h, et son fuselage ne fait pas plus de 10 cm de diamètre. Il n’a pratiquement aucune signature infrarouge sur laquelle un missile pourrait se verrouiller.

Un compte russe a publié sur Twitter la photo d’un Switchblade sur une caisse, affirmant qu’une cargaison avait été capturée. Or, une inspection attentive des images montre que la munition est endommagée et présente des signes de vol.

 

Mythe 4 : « Les drones Switchblade 600 détruisent déjà les chars russes. »

Le Switchblade 600, plus grand que son petit frère (15 kg au total), a une portée beaucoup plus longue et une ogive capable de détruire des véhicules blindés. Ce type de drone suicide pourrait changer la donne, mais il n’est pas encore utilisé sur le champ de bataille ukrainien. Le Pentagone a laissé entendre que dix drones Switchblade 600 seraient envoyés en Ukraine. Si les chiffres sont si bas c’est parce que, jusqu’à présent, ce modèle n’a été fabriqué qu’en quantités d’essai, sans ligne de production en place.

La société AeroVironment affirme être en mesure de produire ces armes en grande quantité, mais qu’elle se heurtait à des retards de la part de Washington. De ce fait (et d’après les informations à disposition), aucun Switchblade 600 n’a été envoyé en Ukraine jusqu’à présent, et aucune date n’a été fixée pour leur arrivée.

À ce stade, il est impossible d’estimer le résultat réel du Switchblade 300 sur le terrain. Comme mentionné au début de l’article, le manque d’information peut provenir d’une volonté des États-Unis de maintenir le système et ses capacités aussi confidentiels que possible.

L’on sait que l’Ukraine dispose également de RQ20-Pumas, capables de faire équipe avec les drones Switchblade 300 au sein d’unités d’attaque et de servir de relais de données aériens pour leur donner une plus large portée. Il est probable qu’ils soient utilisés contre des unités d’obusiers remorqués (la Russie utilise ses propres drones suicide à cet effet) et des camions non blindés équipés de lance-roquettes multiples.

Il est trop tôt pour dire si l’utilisation de drones Switchblade est un échec ou un succès, mais les mythes en faveur de ces deux thèses sont susceptibles de prospérer sur le terreau fertile d’Internet.

 

Article traduit de Forbes US – Auteur : David Hambling

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