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Comment Amazon Go Dessine Le Supermarché (Sans Caisse Ni File D’Attente) De Demain

© Samir Hamladji

Faisant feu de tout de bois, le géant du e-commerce, avec à sa tête la première fortune mondiale en la personne de Jeff Bezos, a ouvert en début d’année son premier supermarché sans la moindre caisse au nord-ouest des Etats-Unis. Un magasin d’un nouveau genre sobrement baptisé Amazon Go. Reportage à Seattle au cœur de la « superette du futur ».

Comme de coutume, Seattle s’éveille en ce vendredi de printemps dans la grisaille. Il est 7h du matin au cœur de « Rainy City » (la ville pluvieuse) qui, en dépit de « son ciel bas et lourd qui pèse comme un couvercle » pour paraphraser Baudelaire, peut tout de même se targuer d’abriter en son sein les plus beaux fleurons de l’économie américaine. Citons pêle-mêle les usines Boeing – le siège social étant depuis 2001 situé sur la côte est à Chicago -, le géant de l’informatique Microsoft, la « fierté locale » Starbucks qui a tissé sa toile dans le monde entier et, enfin, une autre composante des « GAFA », en l’occurrence Amazon qui a également pris ses quartiers dans la capitale de l’Etat de Washington. C’est d’ailleurs au pied de la tour Amazon, au nord du centre-ville, que s’est installé le « magasin du futur »  baptisé « Amazon Go ». Un supermarché comme il en existe pléthore au sein d’une grande ville américaine ? Que nenni, Amazon n’étant pas véritablement réputé pour son conformisme, préférant tracer son propre sillon et dicter les tendances. Et en la matière, le géant du e-commerce a vu les choses en grand : proposer le premier supermarché du monde sans la moindre caisse et, de facto, sans aucun règlement d’achats… en argent liquide. De prime abord, ce premier Amazon Go – qui fera sans aucun doute des émules – ressemble à un supermarché lambda que l’on pourrait aisément confondre avec un Carrefour Market, du point de vue de la surface et des produits proposés (plats à emporter, yaourt, café, etc.). Mais la comparaison s’arrête ici.

A l’entrée, David, tout sourire malgré l’heure matinale et tout d’orange vêtu, explique les grandes lignes du concept… et la marche à suivre, pour les néophytes, avant de pénétrer dans le magasin. Car, en effet, le premier obstacle – et le seul – à franchir pour découvrir les produits proposés n’est autre qu’un portique, similaire, en bien plus moderne cela va de soi, à celui du métro. Pour ce faire, le futur client doit au préalable télécharger l’application Amazon Go sur son smartphone.  Une fois celle-ci connectée au compte Amazon du client, elle génère un QR code qu’il conviendra de scanner sur la borne. Une fois cette manœuvre effectuée, les « portes » vous sont ouvertes. Et vous pouvez même ranger votre téléphone. Il ne vous sera plus d’aucune utilité.  Vous disposez de toute latitude pour déambuler dans les rayons du (petit) magasin. Car rappelons-le, il s’agit d’une supérette, Amazon ayant – pour une fois – voulu commencer petit.  Même si l’entreprise, désireuse de bousculer les pratiques d’un secteur trop engoncé dans ses (mauvaises) habitudes, devrait prochainement étendre son concept dans d’autres villes américaines.

Capteurs et caméras au plafond

Si les rayons et autres têtes de gondole ne brillent pas par leur originalité – doux euphémisme -, c’est le mode opératoire des achats qui sort davantage des sentiers battus. Grace à des capteurs et autres caméras savamment disséminés au plafond dans l’ensemble du magasin, vous pouvez remplir votre panier à provisions à loisir, lesdits capteurs repérant les objets tombant dans votre escarcelle. Et la précision de ce matériel de pointe demeure l’atout maître pour éviter que la personne à côté de vous ne s’empare d’un yaourt qui vous sera facturé. A l’inverse de ce qui est en vigueur, par exemple, chez Amazon Books à New York où le client peut passer ses objets sur une borne pour connaître le prix et ainsi passer en caisse pour régler ses achats, les prix à « l’Amazon Go » sont uniquement affichés en rayon. Même si quelques employés sont présents pour guider les clients parfois un peu déboussolés par le « modus operandi » ou préparer des sandwichs dans l’arrière-boutique, « l’expérience » se veut essentiellement individuelle.

Une fois votre panier de courses bien garni, ou pas, vous n’avez plus qu’à vous diriger vers la sortie. Si une certaine « appréhension » se lit sur le visage de certains clients au moment de quitter les lieux sans avoir eu à sortir leur portefeuille ou leur smartphone, le portique s’ouvrant automatiquement, une douce sonnerie, une fois sur le trottoir, nous ramène à la réalité. Celle de votre boîte mail qui affiche un message recensant les « items » choisis durant cette petite escapade pas comme les autres.  Et par voie de conséquence, la facturation et le débit à venir sur votre compte en banque. Car même sans caisses et sans caissiers, les tarifs pratiqués dans une supérette estampillée Amazon ou Carrefour restent bien plus conséquents qu’en grande surface.  D’ailleurs, nos confrères de Forbes US parlent bien de « supérette » haut de gamme pour désigner Amazon Go. A juste titre au moment pour votre serviteur de consulter la facture.  En dépit de la technologie et du « progrès »,  certaines « habitudes » ont décidément la vie dure.

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