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Adieu Solitude, Bienvenue Aux Sexbots, Les Robots Partenaires Sexuels

Les sexbots, des robots faisant office de partenaires sexuels, seront-ils un moyen de réduire la solitude et la dépression ? Les années 2020 : la décennie des robots personnels ?

De R2-D2 dans Star Wars à T-800 dans Terminator, le monde de la science-fiction n’a pas manqué d’illustrer des robots interagissant avec des êtres humains. Les avancées technologiques récentes rapprochent la fiction de la réalité : les robots feront partie de nos vies bien plus tôt que nous ne le pensions. De fait, il est entendu que d’ici la fin des années 2020, les robots seront tout aussi omniprésents que les portables le sont aujourd’hui. Dans dix ans, il se peut que vous entriez dans un restaurant et soyez servi par un robot serveur, accueilli par un robot réceptionniste à l’hôtel, ou que vous receviez une contravention de la main d’un robot policier !
Les robots sont allés dans l’espace (des bras robotiques contrôlés par des humains), ils sont également utilisés dans le cadre d’opérations militaires (des drones sans pilote) et ils aident à gérer des fermes et du bétail à distance. Ce n’est là que le début de la liste : il existe de nombreuses autres situations dans lesquelles les robots secondent déjà l’homme. Par exemple, dans le secteur de la santé, il existe des robots qui assistent le chirurgien, des robots qui aident à la rééducation des patients, et plusieurs types de robots assistant les humains dans des tâches comme le transport ou la livraison.

Des startup innovantes du secteur de la santé mettent aussi des robots au service du client, pour que ce dernier en fasse un usage personnel ; elles ont dans l’idée d’offrir des soins de santé spécifiques. Qu’il s’agisse d’entreprises proposant des robots qui aident les patients à rester à jour dans leurs prescriptions, ou des robots d’assistance au déplacement des patients alités, les structures faisant appel au service des robots se multiplient. Toutefois, un service en particulier fait l’objet de notre attention, car il répond à un besoin d’un autre ordre, moins conventionnel, et sans doute plus déroutant pour la plupart des gens : il s’agit du robot compagnon, l’exemple étant le robot ElliQ de l’entreprise Intuition Robotics.

Alors que la technologie offre des moyens de communication qui estompent la distance géographique entre les êtres humains, l’isolation et la solitude continuent de faire des ravages ; ces deux maux ne sont pas sur le déclin, bien au contraire. La solitude est un fléau qui prend de l’ampleur dans le monde entier, or, le lien entre solitude et suicide n’est plus à démontrer : l’isolement social est le facteur commun le plus répandu parmi les personnes qui tentent de mettre fin à leurs jours. D’autre part, la relation entre santé physique et santé mentale est bien établie. Par exemple, les personnes souffrant de dépression présentent un risque 1,6 fois plus élevé de développer du diabète ou des maladies cardiaques.

Un compagnon

Notre vision du futur a toujours inclu des robots réalisant des tâches domestiques pendant que nous, êtres humains, nous relaxons. Au fil du temps, cette idée s’est vue agrémentée de quelques suppléments : en plus de libérer l’être humain de l’entretien de sa maison, le robot devrait être également un compagnon capable de se connecter à son utilisateur, non seulement à un niveau émotionnel, mais aussi de manière sexuelle.

Il est bien connu qu’avoir des orgasmes permet de libérer des neurotransmetteurs appelés endorphines, qui à leur tour activent les zones cérébrales associées au plaisir, produisant une relaxation généralisée. D’un point de vue émotionnel, l’activité sexuelle est aussi synonyme de proximité et de lien entre deux êtres. L’activité sexuelle permet de réduire le stress de la séparation, limitant alors le sentiment de solitude qu’une personne peut ressentir. 

D’après certaines estimations, l’industrie technologique du sexe pèse déjà trente milliards de dollars, et se trouve en pleine croissance. L’étape suivante vers les fameuses (on infâmes) poupées gonflables est celle des robots sexuels, dits « sexbots ». L’industrie du porno est maîtresse dans l’art de briser les codes, que ce soit en conquérant massivement Internet, par le biais des vidéos en streaming, ou encore en mettant en place des portails de paiement afin de procéder aux paiements en ligne, portails sur lesquels le secteur du e-commerce repose aujourd’hui. Visiblement, hommes comme femmes se montrent intéressés par les sexbots : RealDolls, le fabricant de poupées gonflables (et bientôt de robots) déclare que 5% de ses clients sont des femmes.

Les avancées technologiques ont donc répondu à la demande d’humanoïdes. Ajoutons à cela les évolutions que nous connaissons aujourd’hui dans le domaine de l’intelligence artificielle, de la reconnaissance vocale et faciale, de la détection de mouvement et de la technologie animatronique : tous les éléments sont rassemblés pour un compagnon sexuel robotique à l’air vivant. Ceci est en effet à portée de main – des prototypes sont déjà disponibles, la mise en vente pouvant débuter dès la fin de cette année.

Une forte demande pour les sexbots

La demande pour ces robots-partenaires sexuels est immense, en particulier parmi les personnes déjà consommatrices de poupées gonflables. Pourquoi une telle demande ? Afin de répondre à cette question, nous avons tenté de définir quels sont les types d’utilisateurs de ces produits. Nous avons ainsi mis en évidence cinq types potentiels d’utilisateurs de sexbots : la personne socialement inadaptée, les veufs/veuves et les personnes âgées, le couple vivant une relation longue distance, l’époux/l’épouse insatisfait(e) et enfin, le célibataire égotique (sans spécificité de genre, bien entendu).

Les personnes inadaptées socialement, qui ont des difficultés à créer des connections humaines ou qui, pour d’autres raisons, sont en marge de la société, représentent le premier type de consommateurs potentiels de ces compagnons sexuels.

Le type suivant est composé de personnes âgées et de veufs/veuves. S’attachant à la mémoire de l’être aimé en créant une réplique du partenaire défunt et faisant du robot un compagnon, cette catégorie de personnes exprime un véritable besoin, à l’instar des individus socialement inadaptés.

Le couple vivant une relation longue-distance représente également une catégorie potentielle, les partenaires pouvant être désireux de maintenir un certain degré d’intimité malgré la distance, en faisant usage des robots ; mais cette configuration se manifestera sans doute plus nettement dans le futur, avec les robots dotés d’intelligence artificielle.

À seulement un pas du célibataire égotique se trouve l’époux/l’épouse insatisfait(e) qui entretient donc, avec l’amant(e) inanimé(e), une « relation » concurrente à celle qu’il/elle entretient avec son partenaire.

Enfin, la dernière catégorie regroupe les célibataires égotiques, autrement dit ceux qui aiment exclusivement les compagnons non-humains, notamment afin d’éviter le désagrément qu’ils associent aux relations avec des êtres humains : les divergences d’ambition, de besoins, et toutes les habitudes agaçantes qu’ils choisissent de ne pas supporter.

Plus que du sexe ?

La nature survoltée de la discussion qui a cours sur le sujet des sexbots peut masquer le besoin sous-jacent, et pourtant réel, qu’est le désir de compagnie. Pour la plupart, il est question de remplir un vide émotionnel, créé soit par l’incapacité à développer de nouvelles relations, soit par le deuil ou par une situation maritale insatisfaisante. Ceci est déjà illustré par l’usage croissant de poupées gonflables par les hommes japonais. Un article du site d’actualité australien News.com.au cite un homme âgé de 43 ans et détenteur de plus de dix poupées gonflables : « Pour moi, c’est plus une question de connexion émotionnelle maintenant. » Le besoin de compagnie se manifeste de plus en plus nettement dans notre société, de nombreuses personnes exprimant le souhait d’avoir quelqu’un les attendant à la maison, un être prêt à les écouter sans grommeler et à « aimer » inconditionnellement. Alors que par le passé une telle option n’existait pas, les avancées technologiques ont produit des robots susceptibles de donner l’impression de l’amour, capables de conversation et artificiellement intelligents ; ces robots font office d’alternative accommodante.

Les « célibataires égotiques » – des consommateurs qui fantasment au sujet d’un futur où un compagnon robotique serait disponible pour eux à chaque instant, les attendant à la maison, et éventuellement cuisinant et faisant le ménage à leur place – ont pour unique objectif leur propre bonheur. Bien que cette catégorie puisse comporter le plus grand nombre de consommateurs de sexbots aujourd’hui, ces personnes et les consommateurs de la catégorie du couple longue distance seront certainement une minorité parmi les acheteurs de robots de compagnie, simplement parce que leurs attentes sont différentes.

Peut-on acheter un sexbot dès maintenant ?

Les sexbots ne sont pas encore disponibles à la vente. S’il existe plusieurs fabricants de poupées gonflables, il n’existe actuellement que trois fabricants dans la course à la commercialisation des premiers sexbots du monde : Abyss Creations, True Companion et Android Love Dolls.

L’entreprise Abyss Creations propose un robot nommé Harmony. Harmony est le résultat de plus de vingt ans d’expérience de l’entreprise dans le marché des poupées gonflables ; de plus, ce robot est doté d’intelligence artificielle, ce qui lui permet de collecter des informations sur son utilisateur, comme par exemple ses goûts, et de tenir une conversation vocale avec lui. Son prix est estimé à 15 000 dollars la pièce. Ce robot sera probablement disponible d’ici la fin de l’année. Quant à l’entreprise True Companion, dont le robot est dénommé Roxxxy, son but est de reproduire des personnalités afin de créer des connexions émotionnelles entre le robot et l’utilisateur. Ce dernier peut ajouter ses propres exigences à la personnalité du robot, mais celui-ci sera vendu avec cinq personnalités pré-programmées : Farrah la Frigide, réservée et timide ; Wendy l’Audacieuse, ouverte et aventureuse ; S&M Susan, prête à provoquer la douleur physique/à réaliser des fantasmes spécifiques ; Jeune Yoko, à peine 18 ans et souhaitant apprendre ; et Martha la Mûre, très expérimentée, désireuse de transmettre son savoir. Ce robot sera vendu au prix temporaire de 9 995 dollars ; la date de sa mise en vente reste un mystère. Eva, le robot de l’entreprise Android Love Dolls, est présenté comme le premier robot capable d’une mouvance corporelle totale, et affiche un prix plus bas que ses concurrents – entre 8 000 et 10 000 dollars.

Peser les pour et les contre

Les sexbots sont sans équivoque des produits technologiques intrigants, mais quels bénéfices apportent-ils, et ces bénéfices contrebalancent-ils les risques suggérés par ces produits ? Une étude réalisée par l’organisation Responsible Robotics tend à prouver le contraire. Les auteurs de l’étude s’opposent à l’idée selon laquelle les sexbots pourraient aider à limiter les crimes sexuels. Il en est de même pour l’idée qu’ils mettraient un terme à la prostitution. En revanche, ces auteurs pensent que les relations sexuelles avec des robots favoriseront une augmentation de l’isolement social des êtres humains qui auront adopté cette pratique, en ce que les robots pourraient promouvoir l’incapacité à nouer de liens avec des humains, alors que l’acte sexuel répété avec des sexbots pourrait « désensibiliser les utilisateurs face aux notions d’intimité et d’empathie », des émotions qui ne se développent qu’au moyen d’interactions humaines. Au surplus, le problème le plus appréhendé est la façon dont ces robots vont alimenter la stéréotypie des femmes et perpétuer les mythes qui les entourent.

À l’inverse, les sexbots peuvent être abordés comme le moyen de satisfaire les désirs sexuels de personnes célibataires comme de personnes en couple, d’une manière plus sure qu’aujourd’hui, avec l’avantage de l’anonymat, et tout en permettant d’éviter le risque de grossesses indésirées et de maladies sexuellement transmissibles.

Sur le long terme, le rôle et l’usage de ces robots changera dramatiquement avec la génération Y ; il reste à voir si la compagnie et l’intimité demeureront des aspects importants. Les implications de cette technologie pourraient avoir un effet domino sur les secteurs qui y sont liés, comme les sites et applications de rencontre en ligne comme Tinder etc. Ces entreprises continueront-elles à fleurir si les sexbots remplissent les besoins sur lesquels elles prospèrent ?

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