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ÉCONOMIE | Le football français au défi du mercato saoudien

Le football est un outil de soft power majeur pour l’Arabie saoudite et le plan stratégique « Vision 2030 » mis en place par le prince Mohammed Ben Salmane (MBS). L’enjeu est de diminuer la dépendance du royaume au pétrole dont il est le premier exportateur mondial. De plus, le royaume doit soigner son image et rivaliser avec ses voisins déjà présents sur l’échiquier mondial grâce au sport dont le Qatar avec lequel les relations se sont tout récemment pacifiées lors de la dernière Coupe du monde au Qatar.

 

À ces fins, le royaume saoudien a annoncé la création de SRJ Sports Investments, un fonds public d’investissement dédié au sport. Ce fonds doit stimuler la croissance du secteur sportif en Arabie saoudite et dans la région, permettre l’accueil de grands événements sportifs mondiaux (on parle de la Coupe du monde de la FIFA 2030 ou 2034) et a pris le contrôle des quatre principaux clubs saoudiens de football (Al-Nassr, Al-Ittihad, Al-Hilal, Al Ahli).

 

À noter qu’au-delà des ambitions dans le football, Djeddah accueille depuis 2021 un Grand Prix de Formule 1 ; le royaume soutenait aussi une ligue dissidente du PGA Tour de golf avec laquelle ils ont finalement fusionné ; ou encore a accueilli le Dakar d’ASO.

Dans ce contexte, la campagne de l’Arabie saoudite pour recruter des stars du football européen se poursuit intensément. D’abord Cristiano Ronaldo, puis Benzema, Mané, Neymar, Mahrez, Firmino… L’Arabie saoudite vise à hisser sa ligue nationale de football, rebaptisée « Roshn Saudi League », parmi les dix meilleures au monde.

 

L’objectif est d’accroître les revenus commerciaux de la ligue saoudienne, de 112 millions d’euros en 2022 à environ 450 (contre 2 milliards d’euros pour la Ligue 1 Uber Eats en 2021-2022). Et attirer encore plus de talents au sein de son championnat national. Sur les plus de 800 millions d’euros investis à date en indemnités de transfert pour attirer des recrues sur son territoire, on compte 140 millions d’euros pour des joueurs de Ligue 1 Uber Eats : Seko Fofana (Lens) (25 M€), Neymar da Silva Santos Júnior (Paris)(90 M€,) Habib Diallo (Strasbourg) (18 M€), Andrei Girotto (Nantes) (4 M€), Karl Toko Ekambi (Lyon) (1,7 M€) et Georginio Wijnaldum.

 

À court terme, plutôt une bonne affaire pour le football français. L’Arabie saoudite souhaite rapidement installer sa légitimité dans le football et ne rechigne donc pas à engager des sommes importantes, voire à surpayer certains de nos joueurs. Autant de revenus qui peuvent être réinvestis sur le marché des transferts, les infrastructures, la structuration par nos clubs parfois heureux de trouver une sortie rentable à certains joueurs en fin de carrière.

 

Mais à moyen et long terme, doit-on s’inquiéter pour le football français ? La France a depuis plusieurs années su attirer de grands talents du football, parfois en fin de carrière mais avec une forte notoriété (Sanchez et Aubameyang à Marseille, Depay à Lyon, Messi et Neymar au PSG…). Ces stars sont des atouts pour le modèle économique des clubs en termes de merchandising (le PSG a battu tous les records avec les ventes de maillots Lionel Messi) et de contrats de sponsoring. Or, ils sont désormais ciblés par l’Arabie saoudite avec des arguments financiers très supérieurs aux nôtres. Par ailleurs, leur départ pourrait avoir un impact négatif sur les droits TV de notre championnat, notamment à l’international.

 

La question est de savoir si l’Arabie saoudite sera en mesure de créer un championnat sportivement attractif pour de plus jeunes talents, former des joueurs et mobiliser de nombreux fans indispensables pour le spectacle sportif. Le groupe Canal+ semble y croire puisqu’ils viennent de signer un accord de diffusion avec la ligue saoudienne.

 

Cet article a été écrit par : MAGALI TÉZENAS DU MONTCEL, DIRECTRICE GÉNÉRALE DE SPORSORA

 

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