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L’utilisation d’antibiotiques chez les animaux d’élevage est en hausse et constitue un danger pour les humains

L’utilisation mondiale d’antibiotiques et d’autres médicaments antimicrobiens chez les animaux augmentera d’ici la fin de la décennie, selon une étude publiée mercredi dans PLOS Global Public Health, ce qui pourrait contribuer à rendre inutiles des médicaments qui sauvent des vies et accélérer la propagation de superbactéries résistantes et difficiles à traiter.

 

Faits marquants

  • Selon les chercheurs, environ 107 500 tonnes de médicaments antimicrobiens – des médicaments utilisés pour tuer ou entraver les micro-organismes, notamment les champignons, les bactéries, les virus et les parasites – seront utilisées sur les porcs, les poulets, les vaches et les moutons d’élevage d’ici 2030.
  • Ce chiffre, estimé à partir de données sur les tendances actuelles, marque une augmentation de 8 % par rapport à 2020.
  • L’agriculture utilise la grande majorité des antimicrobiens utilisés dans le monde (plus de 70 % selon les estimations) et cette augmentation est prévue en dépit des efforts déployés au niveau mondial pour encourager une utilisation plus responsable des médicaments afin d’enrayer la propagation des infections résistantes.
  • La résistance aux antimicrobiens apparaît lorsque des organismes tels que les bactéries, les champignons et les virus viennent à bout des médicaments utilisés pour les traiter et elle peut rendre les infections très difficiles, voire impossibles, à traiter.
  • L’agriculture déploie souvent les médicaments – y compris de nombreux médicaments importants sur le plan médical comme les tétracyclines, les amphénicols et les pénicillines – chez des animaux sains afin de maintenir le bétail en bonne santé et de prévenir les maladies, une stratégie qui contribue à favoriser la résistance.
  • Selon les chercheurs, la Chine, le Brésil, l’Inde, les États-Unis et l’Australie devraient conserver leur position de 2020 en tant que cinq pays utilisant le plus d’antimicrobiens en 2030, puisqu’ils représentaient près de 60 % de l’utilisation mondiale au début de la décennie.

 

Contexte clé

Les antimicrobiens comptent parmi les outils les plus importants de la médecine. Ils sont indispensables au traitement d’une multitude d’infections, rendent possibles les interventions chirurgicales invasives et réduisent les risques liés aux traitements contre le système immunitaire pour des maladies comme le cancer. La résistance menace de les faire disparaître, ce qui pourrait nous ramener à une époque où des maladies aujourd’hui faciles à traiter – ou même une simple coupure de papier – pouvaient tuer. Un nombre croissant d’infections, dont la gonorrhée, la salmonellose, la tuberculose et la pneumonie, deviennent plus difficiles à traiter car les antibiotiques utilisés pour les combattre deviennent moins efficaces. Le pipeline de nouveaux antimicrobiens est faible, en particulier pour les nouvelles classes utilisant de nouveaux mécanismes pour attaquer les microbes, car les entreprises pharmaceutiques sont peu incitées à financer des travaux coûteux dans ce domaine et la résistance apparaît souvent rapidement dès qu’un nouveau médicament est mis sur le marché. Les experts et les agences sanitaires, dont le CDC et l’OMS, décrivent le problème comme l’une des menaces les plus pressantes pour la santé publique auxquelles l’humanité est confrontée. Rien qu’aux États-Unis, le CDC estime qu’il y a chaque année plus de 2,8 millions d’infections résistantes aux antimicrobiens, qui tuent plus de 35 000 personnes. L’agence estime à plus de 4,6 milliards de dollars par an le coût national du traitement des infections causées par les six superbactéries les plus courantes dans les établissements de santé. Bien que l’évolution des superbactéries résistantes soit naturelle et attendue au fil du temps, le mauvais usage et la surconsommation d’antibiotiques chez les humains et les animaux accélèrent ce processus.

 

Fait surprenant

L’utilisation prodigue de ces médicaments dans l’agriculture, notamment pour favoriser la croissance et prévenir les maladies chez les animaux sains, est un facteur clé de la résistance. Dans certains pays, ce secteur est responsable d’environ 80 % de la consommation totale d’antibiotiques médicalement importants, selon l’OMS.

 

Nombre important

10 millions. C’est le nombre de personnes qui mourront chaque année d’infections résistantes aux antibiotiques d’ici 2050, selon les experts. La plupart de ces décès devraient survenir dans les pays pauvres et être dus à des infections que nous pouvions autrefois traiter.

 

À surveiller

Les experts préviennent que l’utilisation excessive et inappropriée d’antibiotiques pendant la pandémie de Covid-19 a effacé des années de progrès dans la lutte contre la résistance aux antimicrobiens dans les pays du monde entier. Aux États-Unis, le CDC estime que les infections et les décès liés à la résistance aux antibiotiques ont augmenté de 2019 à 2020, en grande partie en raison d’un bond de 15 % des infections acquises dans les hôpitaux. Dans un avant-propos au rapport, la directrice de l’agence, le Dr Rochelle Walensky, a décrit la résistance comme l’une de nos « plus grandes préoccupations de santé publique avant la pandémie de Covid-19, et elle le reste ».

 

Ce que nous ignorons

La nature de l’évolution et de la biologie des micro-organismes, ainsi que sa nature intrinsèquement mondiale et son intersection avec de nombreux domaines de la santé, peuvent rendre la résistance difficile à surveiller et les prédictions sur son émergence et sa propagation difficiles. Les données suggèrent que l’ampleur du problème pourrait déjà dépasser l’estimation de 10 millions de décès d’ici 2050. Quelque 1,27 million de personnes sont décédées dans le monde en conséquence directe d’infections bactériennes résistantes aux antibiotiques en 2019, selon un rapport publié l’année dernière dans le Lancet. Ce nombre de décès – qui ne prend en compte que les infections bactériennes – est basé sur l’estimation la plus complète à ce jour d’avant la pandémie de Covid-19. Il dépasse déjà le nombre de décès dus à des causes majeures comme le VIH/sida et le paludisme. Selon le rapport, les infections résistantes aux antimicrobiens ont joué un rôle dans 5 millions de décès supplémentaires cette année-là.

 

Article traduit de Forbes US – Auteur : Robert Hart

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