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Paolin Pascot, fondateur d’Agriconomie : « Nous visons l’accompagnement de 30 à 40% des agriculteurs en Europe » 

Une nouvelle levée de fonds dans la French Tech cette semaine vient confirmer l’intérêt stratégique de soutenir les initiatives en faveur du monde agricole. Le site e-commerce Agriconomie vient de boucler un tour de table record de 60 millions d’euros auprès de Treïs, Temasek, Aliment Capital et Eurazeo. Son cofondateur, Paolin Pascot, résume pour Forbes France ses ambitions de développement en Europe.

Agriconomie en deux mots, c’est quoi ?

Agriconomie est une plate-forme e-commerce qui, depuis 10 ans, propose à la vente des produits et services agricoles ainsi que des outils d’aide à la décision pour les fermiers. Ces derniers peuvent notamment y acheter des pièces détachées de tracteurs ou de moissonneuses-batteuses, des engrais, des semences, se l’alimentation animale ou encore du carburant.

À quoi vont servir les 60 millions d’euros levés cette semaine ?

Ce tour de table permettra de renforcer notre expérience client en France mais aussi dans les pays européens où nous sommes présents comme l’Italie, l’Espagne, l’Allemagne et la Belgique. Nous allons d’ailleurs nous concentrer plus particulièrement sur l’Allemagne car son marché agricole dispose d’un chiffre d’affaires équivalent à celui connu en France.

Nous prévoyons également de doubler nos effectifs d’ici l’année prochaine avec des profils surtout spécialisés en conseil ou pour soutenir notre effort commercial. Notre produit sera aussi amélioré progressivement pour continuer de faciliter la vie quotidienne des agriculteurs. Un nouveau service de financement sera d’ailleurs mis en place l’année prochaine pour leur permettre d’avoir 60 jours de délai de paiement. 

C’est un point assez sensible pour la profession car la majorité des agriculteurs français investissent de grands montants tout le long de l’année alors que leurs revenus, eux, sont récupérés après la moisson. Les mécanismes de financement actuels ne sont pas du tout adaptés à leurs besoins et nous sommes en discussion avec une banque partenaire pour lancer un service plus adéquat.

Projetez-vous de devenir une licorne à part entière ?

Notre objectif est d’atteindre le milliard de chiffre d’affaires avant 2030 et nous sommes d’ailleurs déjà rentables depuis l’année dernière. Devenir une licorne n’est pas une fin en soi et nous visons plutôt l’accompagnement de 30 à 40% des agriculteurs en Europe. C’est cette volonté de créer le maximum de valeur au bénéfice des agriculteurs qui nous anime. Et si nous pouvons les orienter vers des pratiques agricoles durables, c’est encore mieux.

À ce titre, nous sommes le leader sur l’approvisionnement en couverts végétaux et nous proposons plus de 1 000 variétés de semences en grande majorité bio. Notre plan d’action environnemental comprend cette promotion de produits biologiques mais aussi du conseil en agriculture régénérative et des services de mesure et d’échange de carbone.

Face au contexte, l’agriculture redevient-elle un sujet stratégique ?

Malheureusement, avec la pandémie et la guerre en Ukraine, on se rend compte de ce qu’on tenait pour acquis et c’est le cas de l’accès à une nourriture de qualité. Nous voyons des frayeurs émerger sur la capacité à approvisionner les populations en nourriture et certains pays subissent des famines en ce moment à cause de ces mêmes fragilités.

Nous prenons conscience de l’intérêt d’atteindre plus d’auto-suffisance alimentaire et de la nécessité d’investir massivement en faveur de nos capacités agricoles. Nous devons favoriser la diversité des agricultures en Europe et de nouveaux programmes ont été lancés en ce sens, notamment sur la protection des sols.

On peut avoir le meilleur Iphone ou la meilleure paire de chaussure, mais le fait de manquer de nourriture est bien plus problématique et vital. Ce n’est pas normal que la majorité des personnes qui travaillent plus de 80 heures par semaine pour produire ce qu’on met dans nos assiettes soient encore situés en dessous du seuil de pauvreté. Nous pouvons espérer que ce regain d’intérêt pour l’agriculture fasse en sorte que la population agricole n’ait plus à survivre.

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