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TRIBUNE | Les risques à connaitre sur la « Puff », la cigarette électronique jetable

Dr Barbara DEVIGNES, médecin généraliste addictologue et consultante chez Klava InnovationDr Barbara DEVIGNES, médecin généraliste addictologue et consultante chez Klava Innovation

La « Puff », cette nouvelle cigarette électronique jetable devenue à la mode chez les plus jeunes, pose à la fois de problèmes sanitaires et écologiques. C’est pourquoi la députée écologiste des Hauts-de-Seine Francesca Pasquini compte proposer une loi interdisant la vente des « Puff » à l’Assemblée Nationale dès septembre. Dr Barbara DEVIGNES, médecin généraliste addictologue et consultante chez Klava Innovation, nous décrit dans cette tribune quels risques motivent cette interdiction.

Peut-être avez-vous déjà vu ses packagings colorés chez le buraliste, en grande surface ou sur internet ? Peut-être avez-vous vu des collégiens ou lycéens en consommer ? Peut-être l’avez-vous déjà essayée ? La « Puff » (de l’anglais « bouffée ») ou « pod jetable » est une cigarette électronique jetable créée aux États-Unis en 2019 qui est actuellement devenue à la mode chez les adolescents : 10% des Français de 13-16 ans interrogés en juillet 2022 par ACT (« Alliance contre le Tabac ») l’avaient essayée et 52% d’entre eux aimaient son côté ludique.

Elle séduit particulièrement les jeunes du fait de nombreux parfums fruités et sucrés rappelant les bonbons (« cola », « fruit rouge », « guimauve » …), de son packaging coloré, de sa facilité d’utilisation et de son prix attractif (10 à 12 € pour une Puff permettant environ 500 à 600 bouffées). Elle a aussi bénéficié d’une large promotion visant les jeunes via les réseaux sociaux et les influenceurs. Elle peut être utilisée en toute discrétion par les adolescents chez eux ou dans les cours des collèges et lycées.

Quels sont les dangers de la Puff ?

La Puff risque d’habituer les jeunes au geste de vapotage et d’entraîner facilement une dépendance, d’autant plus chez un public jeune. De nombreux collégiens et lycéens se disent aujourd’hui « accros » à la Puff. Que ce soit dans la Puff, dans la cigarette électronique rechargeable ou dans le tabac, la consommation de nicotine par les jeunes peut avoir des effets néfastes sur un cerveau en plein développement comme des troubles de l’apprentissage, des troubles du sommeil, des problèmes de concentration… Insidieusement, le jeune usager de Puff risque aussi de s’habituer à consommer de la nicotine pour gérer ses émotions.

Les consommateurs de Puff avec nicotine risquent aussi de devenir dépendants à la nicotine puis d’entrer dans le tabagisme. La Puff peut devenir alors une porte d’entrée dans le tabagisme chez les jeunes qui ne fument pas, alors que le tabagisme a tendance à baisser chez les collégiens et lycéens en France actuellement. Le taux de nicotine contenu dans les Puffs peut être très élevé selon les modèles et est malheureusement peu régulé.

Le liquide inhalé par le consommateur de Puff comme pour toute cigarette électronique reste irritant et peut favoriser l’inflammation des voies respiratoires, même s’il ne contient pas de goudron et les produits toxiques liés à la combustion du tabac. La Puff contient du plastique et une batterie au lithium, ce qui constitue une source de pollution toxique pour l’environnement, d’autant qu’elle est jetable. Elément que les professionnels du tabac commencent à contourner en mettant sur le marché une Puff avec batterie rechargeable et cartouches de E-liquide jetables…

L’Académie Nationale de Médecine a alerté contre les pièges de la Puff dans son communiqué du 28/02/23. Elle a émis plusieurs recommandations : nécessité d’informer le public, en particulier les enseignants des collèges et lycées aux dangers de la Puff, nécessité de renforcer la réglementation concernant la vente de la Puff pour en préserver les jeunes (vente interdite aux mineurs déjà en cours à appliquer (Code de la Santé Publique), fiscalité renforcée, paquet neutre…). L’Académie Nationale de Médecine recommande de réserver l’usage des cigarettes électroniques jetables ou non jetables uniquement pour les fumeurs de tabac dans le cadre d’un sevrage en tabac.

D’ici 2026, une réglementation européenne pourrait interdire la vente de cigarettes électroniques jetables contenant des batteries non amovibles pour favoriser des appareils avec batteries changeables et recyclables. À ce jour, le phénomène de la Puff est un sujet controversé, en popularité croissante chez les jeunes n’ayant pas conscience des dangers qu’ils prennent avec ce nouveau produit. De la même manière que la cigarette avait suscité un effet de mode chez les jeunes il y a plusieurs décennies, la Puff suit désormais les mêmes biais cognitifs.

Attendu que les effets à long terme de la consommation de Puff sont à ce jour méconnus, des mesures pour protéger les jeunes des dangers de la Puff doivent être renforcés. L’interdiction de sa vente aux mineurs et l’interdiction de publicité sont des points qui ont été abordés en février 2023 par l’Académie Nationale de Médecine pour limiter les risques sur la santé des individus à l’avenir.

La prévention sur les dangers de la Puff est une priorité car la prise de conscience des risques auprès des jeunes et des adultes (notamment les parents et professionnels travaillant auprès de publics jeunes) reste à ce jour insuffisante. Dans le cadre d’un sevrage tabagique en consultation clinique, la Puff ne doit pas être priorisée aux autres alternatives thérapeutiques existantes telles que les substituts nicotiniques, qu’il faut intégrer dans une prise en charge classique.

Pour augmenter les chances de réussite durant un sevrage tabagique, il est conseillé de suivre une consultation en addictologie ou en tabacologie mais également en complément se tourner vers des applications numériques comme Quitoxil®, outil d’accompagnement numérique d’aide à l’arrêt du tabac, disponible sur les stores.

Sources :

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