Revêtant tout juste le costume de nouveau premier ministre, Sébastien Lecornu fait déjà face à de nombreux dossiers à l’importance primordiale. L’ancien ministre des Armées, âgé de 39 ans, doit se confronter à de grands défis dans un climat politique instable.
Dès sa passation de pouvoir avec François Bayrou, Sébastien Lecornu a été clair : « Je ne vais pas faire de grand discours », a-t-il expliqué devant l’Hôtel de Matignon ce 10 septembre, ajoutant que « l’instabilité commande l’humilité ». Sa prise de parole, qui n’a duré que 2 minutes et 48 secondes, traduit l’urgence de la situation. De nombreux dossiers attendent effectivement le jeune macroniste.
L’épineux budget 2026
Le dossier le plus “brûlant” consiste très certainement à fixer le Budget 2026. Une mission épineuse à laquelle François Bayrou avait, en vain, apporté ses idées. L’ancien Premier ministre avait proposé un plan d’effort de 44 milliards d’euros, mais ce texte budgétaire n’avait pas fait l’unanimité au sein de l’Assemblée.
Le temps presse pour l’ex-ministre des Armées, qui a jusqu’au 31 décembre pour valider le budget 2026 de la France. La première étape consiste à former un nouveau gouvernement dans les jours qui viennent, avant de présenter le texte au Parlement.
Le calendrier n’accorde aucune place au repos : le dépôt du budget doit avoir lieu au plus tard le 7 octobre, laissant très peu de marge de manœuvre au nouveau chef du gouvernement. Avec un déficit estimé à 5,4% du PIB et une possible dégradation prochaine de la note de la France par l’agence Fitch, Sébastien Lecornu aura la lourde tache de redresser les finances publiques tout en évitant une nouvelle censure parlementaire.
La programmation pluriannuelle de l’énergie
Autre sujet sur la table : la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), un texte stratégique qui tourmente l’échiquier politique. La PPE a pour objectif de planifier la sortie progressive des énergies fossiles et d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, en misant sur le nucléaire et le renouvelable.
Un dossier en « haut de la pile », d’après le Ministre sortant de l’Industrie et de l’Énergie Marc Ferracci, mais qui cristallise aussi de vives tensions, notamment sur le coût pour les ménages et le rythme de la transition énergétique.
La colère des agriculteurs
Le dossier agricole incarne lui aussi une priorité absolue aux yeux du nouveau Premier ministre. Sébastien Lecornu devra s’occuper de deux sujets très débattus dans l’hémicycle, à savoir la loi Duplomb et l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur.
Validée au début de l’été, la loi Duplomb a fait l’objet d’une pétition citoyenne qui a rassemblé pas moins de 2,1 millions de signatures. Un écho tel que l’Assemblée nationale se prononcera prochainement sur la réouverture ou le classement du texte. Malgré sa validation par le Parlement, la loi reste hautement polémique et provoque de profondes divisions politiques. La FNSEA, principal syndicat agricole, prépare déjà une grande mobilisation pour la fin de l’automne, réclamant un nouveau projet de loi.
Mêmes tensions concernant l’accord de libre-échange avec le Mercosur, validé début septembre par la Commission européenne, mais qui doit encore être adopté par le Parlement européen et le Conseil. ce texte est critiqué par les agriculteurs et une large partie de la classe politique, qui dénoncent une concurrence déloyale : les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Bolivie, Paraguay et Uruguay) n’appliquent pas les mêmes normes environnementales et sociales que l’Europe. Sébastien Lecornu devra clarifier la position de la France sur ce dossier explosif.
Le statut de la Nouvelle-Calédonie
Enfin, le statut de la Nouvelle-Calédonie constitue un dossier particulièrement sensible.
Depuis les émeutes meurtrières de mai 2024, un accord inédit a été signé le 12 juillet 2025 entre les indépendantistes, les non-indépendantistes et le gouvernement.
Ce texte prévoit la création d’un « État de Nouvelle-Calédonie » et le transfert progressif de certaines compétences régaliennes.
Le projet devait être présenté au Conseil des ministres le 17 septembre 2025, mais la chute du gouvernement Bayrou a jeté une grande incertitude sur son calendrier législatif. Son parcours, porté jusqu’ici par le ministre des Outre-mer démissionnaire, devra maintenant être relancé par l’équipe de Sébastien Lecornu.
Sébastien Lecornu connaît bien le dossier, ayant été ministre des Outre-mer entre 2020 et 2022. Cependant, son nom reste associé au troisième référendum d’autodétermination de décembre 2021, boycotté par le FLNKS, la principale organisation indépendantiste.
Le mouvement a déjà exprimé sa méfiance, estimant que l’arrivée de Lecornu à Matignon « n’augure rien de positif », tout en se disant prêt à poursuivre le dialogue.
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