Près de neuf mois après sa nomination, le gouvernement de François Bayrou s’effondre après un vote de défiance sans appel à l’Assemblée nationale. Avec seulement 194 voix pour et 364 contre, le Premier ministre, qui avait engagé la responsabilité de son gouvernement sur le budget 2026, remettra sa démission mardi.
Ce qu’il faut retenir
Près de neuf mois après sa nomination, le gouvernement de François Bayrou a été renversé ce lundi 8 septembre. Lors de la session extraordinaire entamée à 15 heures, seulement 194 députés ont accordé leur confiance au Premier ministre, contre 364 qui l’ont refusée. Faute de majorité, Bayrou doit remettre sa démission ce mardi, entraînant celle de ses ministres et secrétaires d’État.
François Bayrou avait choisi de solliciter la confiance de l’Assemblée nationale avant l’examen du budget 2026, une démarche rare, mais non obligatoire. Le Béarnais avait fait de la réduction de la dette publique son cheval de bataille, estimant que « notre pays est en danger parce que nous sommes au bord du surendettement » lors d’une conférence de presse, le 25 août.
Avec 194 voix pour et 364 contre, il est loin de rassembler son socle parlementaire, qui compte 210 députés issus de Renaissance, Modem, Horizons et Les Républicains (LR). Plusieurs députés LR, bénéficiant d’une « liberté de vote » accordée par Laurent Wauquiez, ont manqué à l’appel : 27 ont voté pour, 13 contre et 9 se sont abstenus, révélant les divisions persistantes du parti. Les députés de gauche et d’extrême droit, ont comme ils l’avaient annoncé voté contre la confiance.
Depuis son arrivée à Matignon, l’opposition réclamait à plusieurs reprises un tel vote, que le Premier ministre avait jusqu’ici esquivé, à l’instar de ses prédécesseurs Élisabeth Borne, Gabriel Attal ou Michel Barnier.
Pourquoi c’est important à suivre
L’Élysée a précisé qu’un nouveau Premier ministre sera nommé dans les « tout prochains jours ». Pour l’instant, le président écarte l’option d’une dissolution de l’Assemblée nationale et cherche à stabiliser rapidement le pouvoir exécutif afin de sortir de l’impasse budgétaire.
En effet, la France fait face à une instabilité gouvernementale inédite depuis moins d’un an. La nomination d’un nouveau Premier ministre capable de rallier la majorité est cruciale pour l’adoption du budget 2026 et la préparation de la feuille de route politique jusqu’à la présidentielle de 2027. Cette situation suscite l’attention des milieux économiques et des partenaires européens.
Citations principales
« Votre soutien, l’accord minimal sans lequel je ne pourrais pas poursuivre ma mission, je le demande sur un seul point mais décisif, le constat de la situation du pays », avait lancé le Premier ministre face aux députés dans un dernier baroud d’honneur.
Le chiffre à retenir : 1
C’est la première fois qu’un gouvernement tombe après un vote de confiance sous la Ve République. Selon La Chaîne Parlementaire, 41 votes de confiance ont eu lieu depuis 1958, dont les plus récents sous Édouard Philippe et Jean Castex.
À surveiller
Sous la pression des oppositions, Emmanuel Macron est déjà en quête d’un successeur. Le président a pris « acte » de la chute du gouvernement de François Bayrou, et « nommera un nouveau Premier ministre dans les tout prochains jours », a annoncé lundi soir l’Élysée dans un communiqué.
Les oppositions ont immédiatement réagi. À gauche, les socialistes et écologistes répètent qu’ils sont prêts au pouvoir et au compromis.
«Nous proposons un autre chemin politique, qui n’est pas celui de la politique d’Emmanuel Macron qui nous a conduits dans cette impasse, a déclaré à l’issue du vote Boris Vallaud dans la salle des Quatre-Colonnes. Nous proposons aussi une autre méthode. De faire confiance confiance au Parlement dans sa capacité à construire des majorités texte par texte, sur la base de propositions qui seraient les nôtres si nous sommes appelés au gouvernement.»
« Maintenant nous devons gouverner », a de son côté réagi Marine Tondelier, la secrétaire nationale des Écologistes auprès de la RTBF, ajoutant que « ce sont les Français qui ont décidé d’une cohabitation. » En coulisses, les deux forces de gauche n’ont que peu d’espoir d’être appelés pour gouverner.
La France insoumise s’est quant à elle montrée dure envers ses partenaires de gauche, visant notamment les socialistes. « Un gouvernement dirigé par le PS est impossible sans alliance avec les macronistes et avec LR, avec qui ils feront leurs combines ! Olivier Faure trahit la parole donnée aux électeurs aux législatives, dont le point numéro 1 du programme commun du NFP était la rupture avec le macronisme », a pointé Jean-Luc Mélenchon dans Le Parisien. Le Tribun a appelé à une démission d’Emmanuel Macron.
De son côté, l’extrême droite demande une nouvelle dissolution. « Tout laisse penser juridiquement, politiquement, voire moralement, que la dissolution n’est pas pour [Emmanuel Macron] une option, mais une obligation », a déclaré Marine Le Pen.
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