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Législatives : Les Républicains Se Cherchent Un Avenir

François Baroin a raté le pari de l'alternance.© Getty Images

Dominés de la tête et des épaules par les fantassins d’Emmanuel Macron lors de ce premier tour des élections législatives, Les Républicains, emmenés par un François Baroin fantomatique durant toute cette campagne, vont donc regarder – cinq ans de plus sauf cataclysme politique – le destin de la France se jouer sous leurs yeux.

« Une première » dont la droite républicaine se serait bien passée. Fait inédit sous la Ve République, la droite de gouvernement et ses diverses appellations RPR, UMP ou, depuis 2015, Les Républicains, va passer cinq années supplémentaires dans les rangs de l’opposition, soit, sauf cataclysme et troubles politiques majeurs, au total dix ans (2012-2022) à s’égosiller et à s’époumoner dans les travées du Palais de Bourbon, regardant, impuissants, la majorité présidentielle en Marche! dérouler son programme et appliquer ses propositions. Pire encore, devoir assister à la désertion de certains des plus vaillants fers de lance de cette droite déchirée – mais pas encore déchiquetée comme son ancien meilleur ennemi socialiste – succomber au chant des sirènes de l’armée macroniste. Bruno Le Maire et Gérald Darmanin ont d’ores et déjà franchi le Rubicon, prenant d’assaut la citadelle Bercy et s’installant respectivement dans les fauteuils de ministre de l’Economie et de secrétaire d’Etat à l’Action et aux comptes publics. D’autres pourraient suivre le mouvement et ne se sont d’ailleurs pas vus opposer de candidats « La République en Marche! ». Une façon soigneuse de ne pas insulter l’avenir quand les premières tempêtes politiques balaieront le paysage et feront vaciller la majorité en place.

Car certains membres éminents de cette droite déchirée ont d’ores et déjà fait savoir qu’ils n’auraient aucun problème de positionnement politique à voter la confiance au gouvernement, prélude à la rentrée parlementaire. Un jeu d’équilibriste particulièrement périlleux qui pourrait dès lors sceller la « scission » des Républicains en deux mouvements politiques bien distincts. D’un côté, une formation « Macron-compatible », emmenée par les deux hussards de Bercy et autres personnalités ayant fait état de leur « faible »… et de leur disponibilité à travailler de concert avec le président de la République comme Thierry Solère ou autres juppéistes en déshérence depuis la mise en retraite forcée de leur champion et, de l’autre, une « droite des valeurs » qui « sait où elle habite » même si elle flirte, parfois dangereusement, avec la ligne du Front national. Mais qui a le mérite de la clarté.

Le manque d’entrain de François Baroin

Dans ce contexte, le choix d’une personnalité consensuelle comme le sénateur de l’Aube, François Baroin, peut se comprendre. Mais à trop ménager la chèvre et le chou et les susceptibilités des uns et des autres, et ne pas prendre de position tranchée, on finit par être inaudible. Un « syndrome » qui a précisément touché François Baroin durant cette campagne éclair des élections législatives. En effet, qui peut se targuer d’avoir retenu une proposition forte émanant de celui qui devrait être le chef de file de l’alternance durant ces cinq semaines de battement entre ce premier tour et la fin de l’élection présidentielle ? La réponse coule de source. Même si, pour sa défense, le maire de Troyes a hérité d’une formation politique brinquebalante et littéralement K.O. debout après la défaite de François Fillon.

Ce serait, en effet, faire preuve d’injustice envers François Baroin, même si son manque d’entrain pour croiser le fer avec les « marcheurs » et sa véhémence toute relative à l’égard d’Emmanuel Macron durant cette campagne sont sujets à caution. Car les prémices de l’effondrement des Républicains, dans l’opinion, sont à aller chercher bien ailleurs. Au début de l’année 2017, sans conteste, et les premières révélations du Canard Enchaîné à l’encontre de François Fillon qui ont amorcé la chute de ce dernier dans les sondages. De 30% d’intentions de votes – contre 13 à 16% pour Emmanuel Macron – au mois de décembre, l’avance de François Fillon, au gré des scandales révélés par le palmipède et consorts, va fondre comme neige au soleil pour finir à 19% au soir du 24 avril. Un score, s’il fut synonyme d’élimination pour le second tour, peut paradoxalement faire office de socle à la reconstruction. Car terminer ce long chemin de croix sur un François Fillon aux abois avec 19% des suffrages est véritablement un « prodige », signe que la droite est loin d’être un astre mort.

Qui pour reprendre le flambeau ?

Car la question du leader va inévitablement poindre au sortir de ces élections législatives où Les Républicains vont tenter, dès la semaine prochaine, de limiter la casse. Si François Baroin, au regard de ses performances au rang de « pompier de service », n’a pas – doux euphémisme – fait l’unanimité, d’autres personnalités aux dents longues ne devraient pas faire mystère de leur intention de briguer la tête des Républicains « New Look » au congrès de novembre prochain. Premier sur la liste, Laurent Wauquiez, qui n’a jamais caché sa volonté de déplacer encore le curseur à droite, quitte à être sur une ligne de crête avec le FN. Ce qui aurait, de manière purement politique, le mérite de la clarté et, de facto, d’un positionnement identifié par l’opinion.

Car force est de constater que c’est ce que réclame le « peuple de droite », comme en atteste le triomphe de François Fillon à la primaire de la droite et du centre, face à un Alain Juppé jugé trop à « gauche » par les électeurs de ladite consultation. Une droite « des valeurs » qui assumerait ses opinions et ses positions sans rougir et n’hésiterait pas à donner de la voix et à porter l’estocade aussi souvent que nécessaire. Une droite véritablement à l’offensive et qui deviendrait ainsi la vraie opposition à Emmanuel Macron. Quitte à s’opposer pendant cinq ans, autant le faire avec un certain panache… et des idées. Un mot qui ne semble plus à la mode chez Les Républicains.

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