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Jean-Luc Mélenchon veut un blocage des prix de biens et produits de première nécessité

Jean-Luc Mélenchon

Une proposition au crible de l’expert. Jean Luc Mélenchon vient de proposer une solution vieille comme l’histoire économique, celle du blocage du prix des biens et produits de première nécessité. Il paraîtrait que cette mesure permettrait d’améliorer le pouvoir d’achat des français, sujet majeur de la  présidentielle. 

 

De prime abord la mesure peut apparaître louable. Face au pouvoir d’achat en baisse pour certaines catégories de la population et en particulier la classe moyenne frappée de plein fouet par la transformation économique et numérique, c’est une mesure juste car elle ne concernerait que les biens de première nécessité. En outre, le blocage des prix soulève de sérieux problèmes en économie : comment maîtriser l’inflation mais aussi et surtout, la question des marges de la grande distribution. Si les prix sont trop élevés et qu’il faut les bloquer, c’est peut-être du fait, certes de facteurs conjoncturels comme la reprise économique ou la crise ukrainienne, mais surtout du fait que certains secteurs d’activité comme la grande distribution extrait des marges beaucoup trop élevées en regard des vrais coûts de production. Le blocage des prix apparaît donc ici comme une mesure louable et éthique et, de surcroît, qui rend (fictivement) la France plus compétitive.  

 

Mais pour se faire une opinion, il faut maîtriser l’antithèse et peser les arguments au trébuchet. Ici, certes, le code du commerce stipule qu’il est possible de bloquer les prix. Cela a d’ailleurs déjà été fait. En 1990, au moment de la Guerre du Golfe, Pierre Beregovoy, alors ministre de l’Economie et des Finances, avait plafonné le prix de l’essence et du fioul domestique mais pendant 5 semaines et pour répondre à la crise liée à l’invasion du Koweït par l’Irak. En 2012, François Hollande avait essayé de bloquer les prix à la pompe avant d’y renoncer en raison des conditions règlementaires. En effet, le code du commerce précise que ces mesures doivent n’être envisagées que dans le cas de circonstances de calamité tout à fait exceptionnelles. Enfin, personne n’a oublié le blocage récent du prix du gaz et de l’électricité suite à la hausse spectaculaire des prix de l’énergie, mesure qui coûtera rien moins que 8 milliards à l’Etat. 

 

En plus de cela, le blocage des prix aurait bien évidemment des conséquences sur toute la chaine de production. Il y aurait des répercussions sur la rémunération des producteurs, en particulier des agriculteurs (qui connaissent déjà des volatilités importantes de leur prix), puis le blocage des prix, au-delà d’être une mesure autoritaire, est très désincitatif. In fine, moins produire, c’est moins de salaires aussi et moins de recettes pour l’Etat. L’argument de compétitivité ne tient pas non plus puisque par définition, il faudrait composer avec l’Union européenne et nos partenaires européens pour ne pas être tatoué d’isolationniste et de nationalisme économique, plus conventionnellement de distorsion de concurrence. 

 

Si la mesure apparaît sympathique et juste pour certaines catégories de la population à très court terme, sa faisabilité opératoire est compromise et semble plutôt opportuniste et électoraliste. Encore une fois, tout est une question de coût d’opportunité ou de mesures alternatives qui pourraient avoir un rapport gains coûts relatifs meilleurs. Ici, nous pensons qu’une baisse des impôts, peut-être de la TVA, et surtout, la mise en place d’une vraie politique sociale dans le cadre de la troisième révolution industrielle environnementale et technologique (qui aura de bien meilleurs effets à long terme sur les prix) est une priorité pour faire face à la précarité et au chômage technologique.   

 

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