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INTERVIEW | Nadia Fettah, ministre de l’Économie et des Finances du Maroc : « De l’économie à la diplomatie en passant par l’industrie et la défense, le visage du Maroc a changé, notre dynamique de développement a atteint un stade de maturité avancée »

Première femme dans l’Histoire du Royaume à occuper le poste stratégique de grande argentière, Nadia Fettah a accepté de répondre à nos questions sur le nouveau statut du Maroc dans la région et sur la scène internationale. Un entretien réalisé avant le tremblement de terre du 8 septembre dernier dont l’impact, selon les autorités locales, ne change pas les fondamentaux de l’économie marocaine.

 

 

Début octobre auront lieu à Marrakech les assemblées annuelles de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI). Comment le Maroc compte-t-il tirer profit de ce coup de projecteur planétaire ? Qu’attendez-vous de ces grandes institutions financières internationales ?

 

NADIA FETTAH : Le Maroc, sous la conduite éclairée de Sa Majesté le roi Mohammed VI, constituait un choix « naturel » pour le retour des assemblées annuelles des institutions multilatérales en Afrique, cinquante ans après la dernière édition abritée par le continent. Nous sommes donc évidemment ravis et honorés d’abriter cet événement très important où sont attendues près de 14 000 personnes, incluant tout ce que le monde compte de sommités dans le domaine du financement de l’action publique et des défis y afférents. Cet événement intervient de surcroit à un moment très particulier et très important pour la marche du monde : retour de la multipolarité, mise sous tension des économies par l’inflation, obligation de trouver les voies et moyens d’être plus vertueux vis-à-vis de l’environnement. Le fait que cette conversation globale se déroule sur le territoire marocain est particulièrement symbolique car nous sommes, en quelque sorte, au « carrefour » des mondes et des continents. Concernant notre relation avec les institutions financières internationales, nous souhaitons évidemment approfondir le partenariat qui nous lie dans un schéma mutuellement bénéfique. Nous sommes alignés avec les institutions de Washington sur la nécessité de maintenir les grands équilibres macroéconomiques pour pouvoir poursuivre notre chemin sur la voie du développement. À cet égard, nous pensons qu’il ne faut pas sacrifier le débat sur la réduction de la pauvreté ou l’inclusion au bénéfice de celui sur l’urgence climatique. Tous les sujets critiques doivent être adressés.

 

Le Maroc sera-t-il parvenu à maturité le jour où il n’aura plus besoin de la Banque mondiale et du FMI ?

N.F. : Il est important, pour tous les pays émergents, d’entretenir des relations étroites avec les institutions multilatérales car cela permet de consolider le chemin de développement, d’être confronté aux meilleures pratiques internationales et d’être au plus près des grands sujets qui animent le monde. Des pays beaucoup plus avancés que le Maroc travaillent avec ces institutions. De fait, le Maroc est considéré par le FMI comme un pays dont les paramètres économiques fondamentaux sont solides. J’en veux pour preuve l’approbation, le 3 avril 2023, d’une ligne de crédit modulable du FMI pour un montant de 5 milliards de dollars qui constitue un « bouclier » contre les chocs externes et accroît notre résilience. Cette ligne, dont quelques rares pays émergents avaient bénéficié auparavant, témoigne bien de la solidité de notre cadre macroéconomique mais aussi de la qualité institutionnelle des réformes engagées dans notre pays. En d’autres termes, cela n’aurait pu se faire si notre pays ne disposait pas de politiques macroéconomiques et d’un cadre institutionnel très stables, comme en témoigne la trajectoire globalement positive de l’économie marocaine malgré la succession de chocs négatifs qui se sont produits au cours des trois dernières années.

C’est là l’illustration du statut du royaume en tant que partenaire crédible et îlot régional de paix et de stabilité sous le leadership de Sa Majesté le Roi. Cela est d’autant plus confirmé sur le plan de la transparence économique et la gouvernance de notre économie, en étant inclus dans les listes blanches du GAFI et de l’Union européenne.

 

Comment le Maroc a-t-il conquis sa position de nouvelle puissance régionale ?

N.F. : De l’économie à la diplomatie en passant par l’industrie et la défense, le visage du Maroc a changé depuis 1999. Le discours prononcé par Sa Majesté, le 30 juillet, à l’occasion du 24e anniversaire de la fête du Trône, illustre le fait que la dynamique de développement du royaume a atteint un stade de « maturité avancée ». En effet, si le Maroc est considéré aujourd’hui comme le deuxième pays le plus industrialisé du continent, c’est loin d’être le fruit d’un hasard dans un pays où le secteur industriel joue un rôle capital.

 

Depuis 2005, le Maroc s’est mis en ordre de marche pour se positionner sur la carte mondiale des chaînes de valeurs industrielles. Plusieurs stratégies de développement du secteur industriel ont été mises en place, ce qui explique comment le positionnement du Maroc sur l’échiquier économique a été tiré par la performance remarquable du secteur du phosphate et des métiers mondiaux du Maroc, dont l’automobile, l’aéronautique, le textile et cuir, l’agroalimentaire, l’électronique et « l’offshoring » de services. Il convient de rappeler que le Maroc s’apprête à intégrer le club fermé des constructeurs automobiles avec les deux marques marocaines de voitures, Neo Motors et NamX.

 

Sur le plan géopolitique, la voie que le Maroc a choisie en reprenant sa place naturelle au sein de l’Union africaine en 2017 reflète la philosophie de Sa Majesté, qui s’est adressé, en 2014, à tout le continent, depuis Abidjan : « L’Afrique doit faire confiance à l’Afrique. » Cette étape a donc permis au Maroc de renouer avec sa profondeur africaine et d’obtenir à terme des ralliements à sa cause nationale auprès de plusieurs pays africains. À l’origine de ce changement des rapports de force au niveau du continent, une démarche inédite qui a permis au Maroc de devenir le premier investisseur africain en Afrique de l’Ouest et le deuxième à l’échelle continentale, après l’Afrique du Sud : signature d’un millier d’accords dans le cadre de 46 visites royales effectuées dans 25 pays du continent depuis le début des années 2000 jusqu’en 2017. Ce qui a entraîné plusieurs victoires diplomatiques, notamment sur la question de son intégrité territoriale. En effet, la doctrine consulaire mise en place dès 2019 a permis de franchir un nouveau cap. Et pour preuve : sur les 30 représentations consulaires ouvertes à Dakhla et à Laâyoune, 40 % appartiennent aux pays africains. Ces événements, constituant un tournant majeur, rebattent clairement les cartes des rapports de force dans la région. Ainsi, le Maroc, par ses atouts géopolitiques, géostratégiques et géographiques, sa doctrine diplomatique et le leadership de son souverain, confirme aujourd’hui son nouveau statut de puissance régionale avec lequel il faudra compter de plus en plus.

 

Quels sont désormais les grands chantiers de la modernisation du Maroc ?

N.F. : Le Maroc arrive, aujourd’hui, à un moment charnière de son développement, où moult chantiers substantiels sont en cours de réalisation, tant sur le plan économique que social, et ce pour doter le pays de moyens à même de lui permettre d’accomplir ses ambitions. L’objectif : cristalliser une croissance économique plus forte et un développement plus inclusif et moins inégalitaire. Après avoir hissé tout d’abord le pays aux standards internationaux en matière d’infrastructures autoroutières, ferroviaires, portuaires et aéroportuaires, puis augmenté l’employabilité notamment des jeunes avec la création de 108 000 emplois annuellement en moyenne entre 1999 et 2019, Sa Majesté souhaite désormais faire du royaume une terre privilégiée d’investissement à l’échelle régionale et internationale.

Il faut savoir que l’investissement public contribue de manière importante à l’effort d’investissement. En se basant sur les données des finances publiques, on peut clairement percevoir la tendance haussière de l’investissement public, qui a atteint 300 milliards de dirhams en 2023 contre 245 milliards de dirhams dans la loi de finances 2022 après 230 milliards dans celle de 2021 et 198 milliards en 2020. Cependant, la part de l’investissement privé demeure largement inférieure, ne dépassant pas 35 % des investissements au total. Pour sa part, la Commission spéciale sur le modèle de développement recommande de porter cette part à 65 %. Pour ce faire, le royaume va opérer un changement majeur au niveau de la tendance de l’investissement, en portant la part de l’investissement privé aux deux tiers de l’investissement total à l’horizon 2035, au lieu d’un tiers seulement. Cette réforme inédite du système d’investissement devrait permettre à terme la mobilisation de 550 milliards de dirhams d’investissement, soit 50 milliards de dollars, et la création de 500 000 emplois. Nous avons la forte conviction du rôle de l’investissement comme levier essentiel pour sortir de la crise, consolider les fondements de l’État social ainsi que pour asseoir les piliers d’une économie nationale plus équitable et prospère.

En parallèle, d’autres briques sont à l’ordre du jour, comme la mise en place d’un nouveau contrat social porté par l’universalisation de la protection sociale au profit de tous les Marocains à horizon 2025. Le Maroc passe à la vitesse supérieure. Le dernier discours du Trône a ainsi été l’occasion de rappeler l’échéance prévue pour que les prestations sociales commencent à être servies aux ménages ciblés, soit la fin de l’année 2023. Le parachèvement de cette phase devrait permettre de contribuer à l’amélioration des conditions de vie de millions de familles et d’enfants. De manière générale, ce chantier avance selon le calendrier préétabli. Jusqu’en avril dernier, le Maroc comptait 23,2 millions de bénéficiaires de l’assurance maladie. Pas moins de 79,8 % de la population marocaine bénéficient d’ores et déjà d’une forme de couverture médicale.

 

Sur le plan spirituel, la monarchie marocaine, en sa qualité de Commanderie des croyants, joue un rôle inédit dans la promotion de l’islam modéré, dans une région en proie au radicalisme et à l’extrémisme religieux. C’est dans ce cadre que le Maroc a créé en 2015 l’institut Mohammed VI de formation des imams qui forme les prédicateurs venus de divers pays

 

Le Maroc peut-il aller vers un mix énergétique plus vertueux ?

N.F. : Nous sommes en train de recueillir aujourd’hui les fruits des engagements précoces du Maroc avec l’adoption de sa stratégie énergétique dès 2009. L’idée sous-jacente était à la fois de résoudre les difficultés d’approvisionnement mais également de réduire la dépendance énergétique, alors qu’on importait 90 % de nos besoins énergétiques. Il convient de souligner que les énergies renouvelables ne nécessitent comme matières premières que du soleil et du vent et cela ne manque pas au Maroc. Notre pays dispose d’un potentiel de 3 000 heures d’ensoleillement par an, soit en moyenne 8 heures et 15 minutes par jour, et un taux de disponibilité du vent très élevé. Ces atouts constituent une exception à l’échelle internationale.

 

De fait, 2016 a donc été une année qui a permis au Maroc de s’inscrire définitivement sur la carte de la planète verte. D’abord en inaugurant la plus grande centrale solaire d’Afrique à Ouarzazate, avec une capacité installée de 580 MW, puis en accueillant à Marrakech les chefs d’États du monde entier venus participer à la COP22. Tout cela explique pourquoi le Maroc se trouve aujourd’hui dans le top 10 des pays les plus performants, selon l’indice de performance du changement climatique au titre de l’année 2022. Notre capacité de production s’est établie aujourd’hui à 4 GW et, bientôt, avec les projets en cours de réalisation, on pourrait y ajouter 3,5 GW supplémentaires. Objectif visé : atteindre 52 % du mix énergétique en 2030, contre 40 % actuellement. À terme, le Maroc, premier producteur d’énergies renouvelables en Afrique, pourrait se transformer en pays exportateur de celles-ci.

 

Cependant, le choc brutal, dû à l’enclenchement du conflit en Ukraine en 2022, est arrivé jusqu’au Maroc. Malgré la distance d’un point de vue géographique, l’impact de la guerre pour un pays non producteur de pétrole et très faible producteur de gaz et de charbon était inédit : le prix du Brent s’est accru de 41,7 % et ceux du gaz et du charbon ont plus que doublé. Une situation à laquelle s’ajoute la récurrence des phénomènes climatiques extrêmes, en particulier la vague de sécheresse, une des plus sévères des quatre dernières décennies. Ainsi, deux priorités ont été définies à l’issue de la réunion de travail présidée par Sa Majesté, le 22 novembre 2022, à Rabat : accélérer la réalisation des trois projets d’énergie solaire Noor Midelt, attirer davantage d’investissements nationaux et étrangers dans le secteur, et élaborer une « offre Maroc » couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur de la filière de l’hydrogène vert. D’ailleurs, parmi les grandes orientations royales contenues dans le dernier discours du Trône prononcé en juillet, il faut noter : « Entreprendre la mise en œuvre rapide et qualitative de ce projet. » L’objectif est de « valoriser les atouts dont dispose notre pays en la matière » et de « répondre au mieux aux projets portés par les investisseurs mondiaux dans cette filière prometteuse ». Le programme d’investissement vert du groupe OCP, dont les grandes lignes ont été annoncées le 3 décembre 2022, s’inscrit également dans ce cadre. Son plan inédit de 13 milliards de dollars devrait permettre au groupe, d’ici 2027, d’alimenter l’ensemble de son outil industriel en énergie verte et ainsi d’atteindre la neutralité carbone avant 2040.

C’est tout le Maroc qui passe désormais au vert, y compris les trains. Annoncée par l’Office national des chemins de fer (ONCF), le TGV Al Boraq est, depuis le 1er janvier 2022, le premier train à offrir des voyages écoresponsables à l’énergie 100 % éolienne. La production de la voiture « Hydrogen Utility Vehicle », dont le lancement industriel est prévu en 2027, constitue une opportunité de taille pour le royaume qui s’organise pour jouer un rôle de premier plan dans l’approvisionnement mondial en énergie verte via l’hydrogène.

 

Le roi Mohammed VI a affirmé une priorité sociale dans son dernier discours du Trône. Cette annonce a-t-elle été suivie d’effets ?

N.F. : En effet, les nouvelles directives de Sa Majesté nous ont servi de base pour guider notre action gouvernementale, notamment au niveau du Projet de loi de finances pour l’année 2024, dont la note d’orientation, publiée le 4 août, s’inscrit dans la continuité de ce qui a été réalisé jusqu’à présent par notre gouvernement. En tête de notre agenda : faire face aux enjeux de la conjoncture et réduire leurs effets directs sur l’économie nationale et le niveau de vie des citoyens. Concrètement, une enveloppe budgétaire de 10 milliards de dirhams a été déployée, durant l’année en cours, pour le soutien aux produits de base, aux aliments pour le bétail et la volaille et aux matières premières agricoles importées.

Des mesures qui illustrent la volonté de l’exécutif de stabiliser l’économie. Et pour preuve, le Maroc a réussi à maîtriser la hausse généralisée des prix, en la maintenant bien au-dessous de la moyenne mondiale. Malgré une inflation mondiale qui devrait s’établir à 6,8 % en 2023, selon les projections du FMI, le taux d’inflation dans notre pays devrait s’établir à un niveau autour de 5,6 % au terme de cette année, avant de revenir à 3,4 % en 2024 puis à moins de 2 % à partir de 2025. Le taux de croissance économique devrait passer de 3,4 % en 2023 à 3,7 % en 2024. Dans ce contexte, une réduction progressive du déficit budgétaire à 4 % est prévue d’ici l’année prochaine, afin de mettre les finances publiques sur la voie de la réduction de la dette.

Le second axe concerne la mise en œuvre des multiples chantiers de réformes pour implémenter l’État social. Le gouvernement s’apprête à lancer le dispositif des allocations familiales avant la fin de l’année en cours, à travers le Registre social unifié (RSU), mécanisme de ciblage des ménages pauvres et démunis. En parallèle, les chantiers de la santé et de l’éducation, pierre angulaire de l’État social, sont aussi pris à bras-le-corps. Ainsi, les projets de construction et d’équipement des structures hospitalières de Rabat, Agadir, Laâyoune, Errachidia, Beni Mellal et Guelmim vont se poursuivre et plus de 1 367 centres de santé primaires seront réhabilités. Il en va de même pour la réforme de l’éducation, qui va se poursuivre avec la feuille de route 2022-2026, tout en visant la généralisation de l’enseignement préscolaire d’ici 2028.

 

Vous venez vous-même du monde de l’entreprise. Êtes-vous satisfaite de l’attractivité du Maroc ?

N.F. : En se basant sur les flux nets des investissements directs étrangers, qui ont atteint l’équivalent de 1,6 % du PIB en 2022, malgré le contexte international incertain, je trouve que le Maroc jouit d’une bonne attractivité de l’investissement étranger. Et ce n’est que le résultat des stratégies sectorielles orientées vers l’export, qui ont encouragé de nombreuses firmes multinationales à s’installer au Maroc. C’est dans ce cadre que s’inscrit la nouvelle charte d’investissement, qui devrait renforcer l’attractivité du royaume à même d’en faire un pôle continental et international dans le domaine des investissements directs étrangers (IDE).

Par ailleurs, une analyse élaborée par Bank Al-Maghrib, en février 2022, sur la situation de l’investissement souligne qu’un flux net de près de 22 milliards de dirhams a été enregistré annuellement sur les seize dernières années, soit l’équivalent de 2,6 % du PIB en moyenne. Il s’agit pour la banque centrale d’une performance proche de la moyenne mondiale et supérieure à celle du groupe des pays à revenu intermédiaire auquel le Maroc appartient. Le niveau d’investissement observé au Maroc est équivalent à celui observé dans les pays ayant accompli des « miracles économiques ». Cela a permis au Maroc de se positionner aujourd’hui comme étant le deuxième pays africain le plus attrayant pour les investisseurs, selon le dernier indice de confiance des investissements directs étrangers 2023, FDI Confidence Index de Kearney. Le royaume est également le deuxième investisseur africain à l’étranger en 2022, avec 615 millions de dollars, comme l’indique le rapport sur l’investissement dans le monde publié par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement en 2023.

 

Pour beaucoup d’entreprises françaises, notamment, c’est le hub vers l’Afrique… La stabilité du pays liée au régime monarchique est-elle la clé des succès économiques et politiques du Maroc ?

N.F. : Dans une région où la stabilité institutionnelle ne représente pas tout à fait la norme, le Maroc, étant la plus ancienne monarchie exécutive au monde, fait figure de pays modèle en la matière. À l’origine de sa montée en puissance politique et économique sur la scène internationale, cette stabilité est incarnée par Sa Majesté. S’il y a un élément qui fait l’unanimité auprès de tous les Marocains, c’est bien la place que la monarchie occupe dans la vie politique du pays, comme expliqué par la Commission ad hoc qui a élaboré le Nouveau modèle de développement : « L’Institution monarchique est la clé de voûte de l’État, le symbole de l’unité de la Nation, garante des équilibres, porteuse de la vision de développement et des chantiers stratégiques de temps long et du suivi de leur exécution au service des citoyens. »

Sur le plan spirituel, la monarchie marocaine, en sa qualité de Commanderie des croyants, joue un rôle inédit dans la promotion de l’islam modéré, dans une région en proie au radicalisme et à l’extrémisme religieux. C’est dans ce cadre que le Maroc a créé en 2015 l’institut Mohammed VI de formation des imams qui forme les prédicateurs venus de divers pays [notamment de France]. Cet élan de la diplomatie spirituelle marocaine a renforcé notre positionnement en Afrique, permettant au Maroc de devenir un acteur incontournable dans le continent.

 

Vous êtes la première femme à occuper ce poste prestigieux. Avez-vous le sentiment d’incarner les progrès du Maroc en matière d’égalité hommes-femmes ?

N.F. : Tout d’abord, je suis honorée de participer à ce grand moment de la vie politique marocaine et de témoigner des transformations profondes que connait le Maroc, notamment en matière d’égalité hommes-femmes. Notre pays s’est résolument engagé, depuis deux décennies, à intégrer les femmes dans son processus de développement. Ma position de première femme à occuper le poste de ministre de l’Économie et des Finances en est le parfait exemple.

 

Il faut dire que je suis impressionnée par le saut qualitatif qu’a fait le Maroc sur des sujets sociaux et sociétaux d’importance majeure, parmi lesquels la place et le rôle de la femme au sein de la société. Et aujourd’hui, nous faisons un pas de plus dans la marche vers la modernité avec l’annonce de l’acte II de la Moudawana en juillet 2022. Cette refonte nécessaire du Code de la famille sera l’occasion de remédier aux lacunes observées au niveau de l’application de la législation car, dans le Maroc d’aujourd’hui, il n’est plus possible que la femme soit privée de la pleine jouissance des droits légitimes que lui confère la loi, comme le souligne le discours du Trône marquant les 23 ans de règne de Sa Majesté.

 

 

 

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