La start-up suisse nanoleq met en point des solutions innovantes pour faire face aux problèmes posés habituellement par les câbles. Une nouvelle technologie aux applications multiples.

Fondée en mai 2017, nanoleq est l’œuvre de quatre ingénieurs : trois Suisses et un Français. Ce dernier, Vincent Martinez, a suivi des études d’ingénieur à Troyes avant de réaliser sa thèse à L’École Polytechnique de Zurich. L’un des objectifs de sa thèse consistait à mettre au point des circuits électroniques miniatures capables de stimuler les nerfs et les neurones afin de venir en aide aux personnes paralysées. En développant ces circuits électroniques, lui et ses collègues ingénieurs ont inventé un matériau unique. Alors que son collègue Serge Weydert étire considérablement un filament du matériau tout en allumant une LED (cf. image), Vincent insiste : « il s’agit du matériau élastique qui possède la meilleure conductivité au monde, c’est la raison pour laquelle nous pouvons l’utiliser dans les câbles ».

La révolution du “stretchable electronics”

Ce matériau élastique et conducteur est essentiellement un matériau siliconé, chargé d’un grand nombre de particules conductrices. Très conducteur, souple et étirable jusqu’à trois fois sa longueur, le matériau commence tout juste à révéler son potentiel. À la pointe de la technologie, nanoleq l’a mis à profit pour élaborer des câbles d’un genre nouveau. En se concentrant sur le marché BtoB, nanoleq propose déjà deux nouveaux produits, dont des câbles ultrarésistants au mouvement. Les câbles traditionnels cassent en effet trop souvent suite à un mouvement mécanique répété. Et les applications sont multiples, allant du « consumer electronics » avec les câbles d’écouteurs et les câbles de recharge de téléphone, à la robotique, en passant par les appareils médicaux comme les pacemakers dont les câbles souffrent d’un manque de fiabilité. D’autant que les câbles mis au point par nanoleq peuvent anticiper la cassure et déclencher un signal pour la prévenir.

Des applications multiples

Par ailleurs, le matériau composite mis au point par les ingénieurs de nanoleq permet de réaliser un blindage souple pour les câbles de transmission de données. Le blindage, qui permet de limiter les interférences, est habituellement contraignant car il confère une trop grande rigidité aux câbles. Avec le matériau développé par nanoleq, les câbles blindés ne seront plus rigides, pour une plus grande ergonomie. Là où le Wireless n’est pas assez fiable, ces câbles vont rapidement devenir indispensables. C’est le cas dans le secteur de l’aérospatial, le domaine médical et plus généralement dans le domaine des télécommunications.

Une start-up prometteuse

Pour le moment, nanoleq ne vend pas des produits mais des projets. Cette nouvelle technologie intéresse en priorité les entreprises qui ont un besoin critique de cette innovation. Après seulement 18 mois de développement, nanoleq a maintenant acquis ses premiers clients. C’est probablement ce qui lui a valu de gagner de nombreux prix en Suisse comme le Start Summit, le De Vigier, le Venture, le Venture Kick ou bien des bourses européennes comme le H2020 SME tool Phase 1 ainsi que le EIT Health Headstart pour projets à portée médicale. En collaboration avec des industriels, la société met aujourd’hui au point des solutions sur-mesure adaptées à leurs problématiques. Les procédés de fabrication sont longs à mettre en place et nanoleq se contente de réaliser de petites quantités. Pour le développement commercial, Vincent est épaulé par Serge Weydert, l’un des cofondateurs qui apporte son expérience entrepreneuriale puisqu’il a déjà monté une société par le passé. Tous deux sont soutenus par Jürg Hatt, l’ancien directeur Afrique-Europe de Huber+Suhner, le plus gros producteur de câbles en Suisse. Les deux autres cofondateurs, Luca Hirt et Flurin Stauffer, s’occupent de la partie technique avec l’aide d’Edi Liberato, un ingénieur mécanique. À l’avenir, la société entrevoit bien d’autres applications pour ce matériau unique, allant des vêtements intelligents aux implants électriques. Une technologie qui n’a pas fini de livrer ses secrets.