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Journée mondiale de la santé mentale : comment passer de l’urgence à la prévention ?

Le 10 octobre, à l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, nous sommes invités à porter notre attention sur un enjeu désormais central : la santé psychologique au travail. Longtemps éclipsée par la sécurité physique, elle devient aujourd’hui un impératif pour les entreprises, leurs collaborateurs permanents, mais aussi les intérimaires. La question n’est plus de savoir si les organisations doivent agir, mais comment passer d’une logique curative - intervenir une fois la crise déclenchée - à une véritable culture de prévention.

Une tribune écrite par Franck Teboul, Président et Country General Manager France, Gi Group Holding

 

Les chiffres parlent d’eux-mêmes :

  • 1 salarié sur 3 déclare avoir été témoin ou victime de violences verbales ou de harcèlement moral.
  • 3 sur 10 estiment ne pas évoluer dans un environnement de travail sain et respectueux.

Le travail reste encore trop souvent un terrain hostile pour la santé mentale.


La jeunesse en première ligne : plus de 50 % des moins de 35 ans affirment que leur efficacité professionnelle a été altérée par leur état mental (contre 30 % pour les plus de 50 ans). 1 jeune actif sur 5 a déjà démissionné pour préserver sa santé mentale, un taux deux fois supérieur à celui de leurs aînés. Pour les Millennials et la Génération Z, la santé psychologique prime désormais sur la carrière.

Les femmes apparaissent également plus exposées : près de 40 % des femmes déclarent un mal-être au travail (contre 20 % des hommes), avec des cas de stress chronique plus fréquents. La santé mentale n’est pas qu’une affaire individuelle : c’est aussi un enjeu d’égalité professionnelle (Source : GHU Paris).

 

Six leviers pour une transformation durable

1 – Un enjeu visible, mais encore trop peu anticipé

Dans l’industrie et le BTP, la prévention des accidents physiques est devenue un réflexe grâce à des décennies de sensibilisation, de procédures strictes et de repporting. La santé mentale, moins visible, reste trop souvent ignorée jusqu’à ce que la crise éclate. Un stress chronique ou une dépression ne se voient pas à l’œil nu : c’est tout l’enjeu de l’anticipation.

 

2 – Former, détecter, accompagner

Donner aux managers les bons outils est essentiel. Les former aux mécanismes du stress, du changement ou du surmenage, c’est leur permettre de repérer plus tôt les signaux faibles. En cas d’alerte, l’information doit pouvoir remonter sans délai et trouver un relais auprès de professionnels spécialisés. L’accompagnement psychologique, offert dans un cadre strictement confidentiel, constitue une condition indispensable pour permettre aux collaborateurs de se reconstruire.

 

 3 – Ne pas oublier les intérimaires

Les intérimaires ne doivent pas être les grands oubliés de la santé psychologique au travail. Leur suivi exige une vigilance particulière : maintenir un lien régulier, capter les signaux faibles et réagir avec la même réactivité que pour les permanents. Si beaucoup d’entreprises les considèrent désormais comme leurs propres collaborateurs, la prévention en matière de santé mentale doit devenir une pratique systématique.

 

4 – Générations et vulnérabilités

La Génération Z revendique légitimement un meilleur équilibre de vie. Cependant, les 30-45 ans sont souvent les plus exposés : responsabilités professionnelles, charge familiale et recherche de performance s’additionnent, augmentant le risque d’épuisement. S’ajoute une difficulté managériale : nombre de talents promus pour leurs compétences techniques se retrouvent démunis face aux exigences humaines du rôle, au risque d’affaiblir à la fois leur propre santé et celle de leurs équipes.

 

5 – Un enjeu humain… mais aussi économique

Ne pas agir sur la santé mentale a un coût élevé : arrêts prolongés, désorganisation des équipes, perte de productivité, hausse des cotisations de prévoyance. Mais au-delà des chiffres, c’est la cohésion et la pérennité des collectifs de travail qui sont en jeu. Investir dans la prévention, la formation et l’accompagnement est donc à la fois un impératif moral et une stratégie de performance durable.

 

6 – Passer du curatif à la prévention

La santé mentale au travail n’est pas un luxe ni une tendance passagère. Elle est une condition essentielle du bien-être des collaborateurs, de l’engagement des intérimaires et de la réussite des entreprises. Former, anticiper, détecter, accompagner : ce sont les quatre piliers sur lesquels bâtir une véritable culture de vigilance partagée.

Protéger la santé psychologique, c’est protéger la dignité des salariés, leur engagement et la pérennité des organisations. En cette Journée mondiale de la santé mentale, rappelons-le : passer d’une logique curative à une culture de prévention est une urgence collective. La performance durable des entreprises se construit aussi dans leur capacité à prendre soin de l’équilibre de celles et ceux qui les font vivre.

 

Source :

Santé mentale des Français au travail Une “Grande Cause” dont les entreprises doivent se saisir pour 9 salariés sur 10

 


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