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Et Si On Hackait Nos Cerveaux Par Les Couleurs Dans Nos bureaux ?

Des couleurs dans nos bureaux

 

Et si je vous disais que porter des vêtements rouges vous rend plus attirantes, mesdames ? Et si je précisais également que pour les hommes, porter cette couleur rend physiquement plus forts ? Que pour les deux sexes, le rouge les fait apparaître comme des personnes sûres d’elles, des leaders nés ? Vous pensez que je suis fou, n’est-ce pas ? Comment une couleur pourrait-elle affecter ces différents aspects ?

Pourtant toutes ces affirmations sont vraies. La raison est simple : nous ne voyons pas par nos yeux, mais par notre cerveau. Ce dernier emmagasine des informations qu’il traite sans mot dire, sans que ces informations ne franchissent la barrière de la conscience. Nous réagissons statistiquement de manière « prévisible », sans en comprendre les raisons. Cela relève presque de l’instinct.

Le rouge est sexy, fort et chaud

Je citais en introduction le cas surprenant de la femme vêtue de rouge. C’est une étude très sérieuse qui a été menée par le psychologue Andrew Elliot, professeur à l’université de Rochester, dans l’État de New York. Pour cette enquête publiée dans le Journal of Personality and Social Psychology, on présentait à des étudiants masculins des photographies de femmes et ils devaient les classer selon l’attirance qu’elles exerçaient sur eux.

La même jeune femme, si sa photo est bordée de rouge, apparaît plus attirante que lorsque le cliché est bordé d’une autre couleur. Même résultat quand cette jeune femme est vêtue d’un chemisier rouge plutôt que bleu. Héritage culturel ou réminiscence d’un passé ancestral où cette couleur signifiait « période d’ovulation », à l’image de ce qui s’observe dans la nature chez nos cousins primates.

Du côté des hommes, le rouge est la couleur de la victoire. Nous l’avons vu entre Manchester United et le PSG en huitième de finale de la ligue des champions (Eh non !, MU jouaient en blanc…). « Le rouge a un énorme impact psychologique. Avec lui, les joueurs ont l’air de géants et jouent comme des géants », confiait dans les années 60 un autre entraîneur anglais, Bill Shankly de Liverpool.

Le 18 mai 2005, Robert Barton et Russell Hill, deux anthropologues, livraient un article dans la revue Nature où ils expliquaient : « à niveau égal, le rouge est régulièrement lié à une plus haute probabilité de vaincre ». Ils ont poussé leur analyse jusqu’aux Jeux Olympiques de 2004 dans les disciplines où la couleur de la tenue (soit bleu, soit rouge) était tirée au sort comme la boxe, le taekwondo, et la lutte gréco-romaine. Sur les 21 rounds étudiés opposant un athlète bleu à un rouge, 16 ont été remportés par ce dernier.

Pour continuer sur cette même comparaison de teintes, à température égale, le bleu semble plus froid que le rouge. Ainsi, vous mettrez plus de glaçon dans un Coca que dans un Pepsi. Cette différence de 2 voire 4°C pousse même les alpinistes à choisir des vêtements rouges pour gravir les sommets comme l’Everest. Eh oui !

Des espaces colorés

Les couleurs agissent donc directement sur notre état émotionnel, sur notre perception. A ce titre, maîtriser la gamme chromatique est un moyen de pousser les humains à certains comportements. Daniela Späth, psychologue, avait découvert que la couleur rose avait des effets calmants. Cette découverte a d’ailleurs poussé les autorités américaines et helvètes à peindre quelques cellules des quartiers de haute sécurité entièrement de rose laissant les prisonniers les plus violents presque amorphe au bout de quelques heures.

Sans aller jusqu’à ces extrémités, il est vrai que maîtriser des couleurs, leur signification est tout à fait primordiale. De surcroit dans le domaine de l’aménagement des bureaux. Il devient nécessaire de faire des lieux de travail des lieux de vie dans lesquels on évolue en fonction des besoins du moment : salle de réunion, travail créatif de groupe, salle d’immersion productive, téléphoner, lire des mails…

Le champion du monde de la data, Google, expérimente et analyse tout : du sol au plafond, en passant par la nourriture et la couleur des murs. Ainsi, on découvre qu’un environnement blanc et gris augmente de 15 % les risque de burnout, tout en diminuant la productivité. Les canons des bureaux newyorkais sont donc bien des choix néfastes : pour le collaborateur et pour l’entreprise.

La psychologue des couleurs Angela Wright, pionnière du domaine, s’est penché sur ces questions dans les années 1990 pour en tirer le Color Affects System que nous pouvons dresser à grands traits : le bleu stimule l’intellect et la logique, le jaune inspire la créativité et la puissance émotionnelle, le rouge stimule le corps et la productivité mais diminue la réflexion, tandis que le vert apporte calme et équilibre… Mais surtout, les couleurs stimulent le bien-être et baissent l’anxiété.

Le plus amusant dans ces études, c’est que l’on arrive à la conclusion sans en comprendre les tenants et les aboutissants. Nous savons que les couleurs agissent mais nous sommes totalement ignorants des raisons. Pourtant, l’Évolution avec un grand « É » est un travail de longue haleine comme aurait pu le dire Charles Darwin.

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