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Dans l’industrie, l’IA utile contre la pénibilité au travail

Ouvert au grand public fin 2022, ChatGPT a fait entrer le secteur de l’intelligence artificielle dans une nouvelle dimension. Jamais un outil n’avait connu un taux d’adoption aussi rapide*, et de nombreuses entreprises ont consacré 2023 à étudier la manière dont elles pouvaient profiter des progrès du secteur. Selon IBM, 26% des grandes entreprises françaises utilisent activement l’IA et 45% travaillent à son intégration**.

Une contribution de Anne-Sophie Madoire-Rouzaud, COO d’AnotherBrain

De quoi faire renaître autant de craintes que d’espoirs quant au potentiel de cette technologie. Les craintes sont légitimes, car, ne nous mentons pas, de nombreux emplois sont menacés, et cela concerne aussi désormais les cols blancs !

Il est cependant nécessaire de dépasser ces peurs. De nouveaux métiers verront bien sûr le jour, mais de manière plus globale, ce que j’observe dans les secteurs où les capacités d’analyse et de prédiction de l’IA sont déjà utilisées depuis des années me pousse à l’optimisme.

Dans le contrôle de qualité, de nombreux opérateurs subissent encore des conditions de travail considérées comme pénibles : gestes répétitifs et postures éprouvantes y favorisent la fatigue et les troubles musculo–squelettiques (TMS). Ces métiers sont loin d’être attractifs.

En effet, voudriez-vous vérifier des produits à la chaîne, à une cadence d’un toutes les deux à cinq secondes ? Ou passer votre temps à chercher à la loupe des anomalies de quelques dixièmes millimètres, et cela sur des centaines de pièces chaque jour ?

Depuis des années, les analystes avertissent sur la croissance du nombre d’emplois manufacturiers non pourvus de part et d’autre de l’Atlantique. C’est en réponse à cette problématique qu’une startup comme Figure AI vient de lever 675 millions de dollars auprès d’entreprises comme Microsoft, OpenAI ou Nvidia, afin de développer des robots humanoïdes capables d’effectuer ces missions.

Sans aller jusqu’à les remplacer, l’IA et ses capacités d’automatisation permettent d’améliorer les conditions de travail des opérateurs. En ne les sollicitant qu’en cas de problème, elle les préserve de la fatigue et leur permet de se consacrer à des tâches moins rébarbatives. C’est le sens du progrès : l’être humain cherche des solutions lui permettant de simplifier son quotidien, d’améliorer ses conditions de vie ou encore d’achever sa quête de sens.

Des innovations comme l’imprimerie, l’automobile ou l’électricité sont à l’origine de profonds bouleversements culturels, et ont également, sur le moment, suscité de la crainte : confrontés à ce qui les dépasse, certains connaissent une « panique morale », selon les termes de Geneviève Bell, anthropologue australienne qui est également cadre d’Intel Corporation. Elle rappelait il y a une dizaine d’années au Wall Street Journal qu’au 19ème siècle, des médecins craignaient que dépasser la vitesse de 80km/h n’entraîne la combustion du corps des passagers !***

Avec le recul, on sait bien sûr que ces innovations ont accéléré la diffusion des techniques et des savoirs, et par extension, ont libéré les femmes et les hommes de nombreuses contraintes… Et cela, malgré la disparition des scribes, des cochers et des lampistes.

L’innovation permet à chacun de s’épanouir dans d’autres activités, plus en phase avec le besoin naturel d’exprimer sa créativité et son empathie, comme l’artisanat ou le bénévolat. Car son adoption à grande échelle doit permettre de réduire le temps de travail. Aux Etats-Unis, 93% des entreprises ayant recours à l’IA envisagent ainsi la possibilité d’adopter la semaine de quatre jours, grâce aux gains de temps et de productivité qu’elle permet.****

Enfin, l’IA est l’une des solutions qui peut permettre à nos entreprises de rester compétitives. Elle répond aux problématiques auxquelles sont confrontés nos clients, dans des secteurs aussi variés que l’automobile, l’aéronautique, le luxe ou la cosmétique. Des entreprises patrimoniales qui font vivre notre territoire, mais qui ont parfois du mal à attirer les talents dont elles dépendent pour assurer la qualité de produits de plus en plus demandés à l’international.

La France a de sérieux atouts à faire valoir pour devenir un champion de l’intelligence artificielle, que ce soit la qualité de ses chercheurs ou l’enthousiasme de ses investisseurs. En ce sens, nous ne pouvons que nous réjouir des progrès de l’IA, être optimistes quant à ses conséquences et fiers de contribuer activement à son développement. Mais n’oublions pas qu’au même titre que l’imprimerie, l’automobile ou l’électricité, l’intelligence artificielle est aussi un vecteur de compétitivité pour l’ensemble de nos entreprises, contribuant ainsi à préserver et faire prospérer notre modèle de société !


À lire égalementIA, robot humanoïdes et agents conversationnels : la combinaison gagnante qui repousse les frontières de l’innovation en entreprise

 

*https://www.reuters.com/technology/chatgpt-sets-record-fastest-growing-user-base-analyst-note-2023-02-01/

**https://www.decideo.fr/Les-donnees-suggerent-que-la-croissance-de-l-adoption-de-l-IA-par-les-entreprises-est-due-a-un-deploiement-generalise_a13476.html

***https://www.wsj.com/articles/BL-TEB-2814

****https://bbc.com/worklife/article/20240223-ai-could-make-the-four-day-workweek-inevitable

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