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Paul-Emmanuel Reiffers, le patron qui fait rimer success-story et philanthropie

Paul-Emmanuel Reiffers

Depuis plus de deux décennies, Mazarine est un leader incontesté de la communication dans l’univers du luxe. De la mode au design en passant par la culture, Paul-Emmanuel Reiffers est à la tête d’un groupe dont le savoir-faire rayonne en France et dans le monde. Retour sur la success-story de cet entrepreneur visionnaire, philanthrope et grand amoureux d’art qui met en valeur la création française.

En 1993, Paul-Emmanuel Reiffers vit rue Mazarine dans le quartier de la Monnaie. En sortie d’études de gestion et de finances, il mène une vie trépidante, en parallèle de laquelle il gère une association. Et pas des moindres pour un étudiant. Car il fait venir à la Sorbonne les plus grands patrons et hommes politiques de l’Hexagone pour participer à des tables rondes sur des sujets de société devant des milliers d’élèves.
Jean-Claude Trichet, directeur du Trésor, François Pinault, fondateur de PPR, ou encore les hommes politiques Laurent Fabius et Édouard Balladur, Paul-Emmanuel Reiffers reçoit la crème de l’élite française. Comment ? Tout simplement avec une grande dose d’audace. « J’appelais les grands groupes et organisations et je demandais à m’entretenir avec leurs fondateurs ou directeurs. Là, je leur disais que 10 000 étudiants les attendaient sur les bancs de l’université, alors qu’en réalité, il n’y en avait que 300 au début de l’aventure », raconte l’entrepreneur. Ainsi, le premier patron vient, puis le deuxième et, de fil en aiguille, la Cité de l’entreprise voit le jour à la Sorbonne, portée par Paul-Emmanuel Reiffers qui transforme son appartement d’étudiant en bureau pour l’association universitaire.

Cette expérience lui permet d’acquérir l’esprit d’entreprise. Il décide de transformer ce savoir en agence de conseil en communication. En cette période difficile post-guerre du Golfe, les intellects ne sont pas tournés vers l’investissement et le jeune diplômé prend lui-même les choses en main. Associé les deux premières années à un ami voisin de palier consultant d’un grand cabinet de conseil, l’agence née dans le quartier de la rue Mazarine se lance dans l’événementiel et l’édition. « J’aimais travailler des heures sur l’image ou sur un concept, trouver et séduire les meilleurs créatifs que je devais embarquer avec moi dans ma petite agence, passer du temps sur les moindres détails, aller chez les fournisseurs pour étudier les nouveaux procédés, comprendre tous les process de fabrication. Pour réussir, nous savions que nous devions penser autrement, être différents. Dès l’origine, nous avons choisi de nous spécialiser dans la culture et le luxe, et de créer une agence d’un type nouveau, avec des circuits courts où la création est à tous les échelons et la production totalement intégrée et maîtrisée. »
Les premiers clients de Mazarine sont les patrons du secteur du luxe, un cercle que le fondateur garde fermé afin de créer une relation de confiance. Plus souple, plus disponible, plus experte et créative, l’agence Mazarine a la fougue et le dynamisme de la jeunesse qui séduit les marques. Une force qui s’explique par une rigueur à toute épreuve, et surtout de la détermination pour Paul-Emmanuel Reiffers, dont le but n’est pas de briller mais avant tout de faire marcher une entreprise avec des valeurs d’exigence et de savoir-faire très fortes.

Ainsi, le jeune entrepreneur prend son temps. Mazarine grandit, devient rentable, réinvestit chaque année ses bénéfices et fait le bonheur de ses clients. Elle n’est plus uniquement une agence de production de contenu ou une agence d’événementiel, mais un petit groupe multi-métiers dont toutes les branches s’adressent au même environnement que sont le luxe et la culture.
Fort d’une certaine expérience et d’une vraie reconnaissance de savoir-faire, le bébé de Paul-Emmanuel Reiffers prend du galon et jouit d’une réputation sans cesse grandissante au bout de dix ans d’existence discrète dans le secteur de la communication de luxe. Une propulsion qui lui permet de racheter en 2004 les Ateliers ABC, l’agence du groupe Richemont qui, à l’époque, réalisait entre autres les campagnes de publicité mythique de Cartier. Le fondateur de Mazarine reprend les Ateliers ABC avec toutes ses équipes au sein de son agence. Une acquisition réussie qui fait la fierté de l’entrepreneur. Mazarine change de dimension, car l’ancienne agence de Richemont est alors l’un des leaders de la communication de luxe de la capitale.

 

Une culture d’intégration

En 2010, Paul-Emmanuel Reiffers élargit ses compétences et développe plusieurs activités dans le secteur de la communication. Après E-Mazarine, l’agence digitale qu’il crée en 2000, il intègre à son groupe l’agence événementielle des défilés de mode, la Mode en images, une entreprise dont il fait la connaissance en 1995 lorsqu’il demande à Chanel de faire venir Karl Lagerfeld à la Sorbonne pour l’un de ses nombreux colloques. Une proposition que le créateur accepte avec enthousiasme. Il intervient dans le grand amphithéâtre, accompagné de la top-modèle Claudia Schiffer devant un parterre de 4 000 étudiants. Cette rencontre est organisée avec la complicité de la Mode en images, qui collabore alors avec Chanel depuis de nombreuses années.
La boucle est ainsi bouclée pour Paul-Emmanuel Reiffers, qui vient ajouter à sa palette de talents ceux de l’agence de mode. « Nous avons réuni et fédéré des grands talents dans chaque métier, qui participent à créer des stratégies d’images et parmi les événements les plus innovants pour nos clients. Pour cela nous recherchons au sein du groupe des personnalités, cultivons les talents et l’esprit d’entreprendre au sein de notre groupe. C’est ce qui fait notre identité. Notre fer de lance est de rendre les gens investis à 100 % pour que chaque sujet soit traité avec la même exigence, et de rendre possible l’impossible », explique le fondateur, qui, dans cette optique, ne recrute que des collaborateurs profondément passionnés. Des talents qu’il souhaite nourrir pour que l’enrichissement soit mutuel. « Nos collaborateurs apportent tous des atouts différents et des connaissances complémentaires dans une dynamique solidaire. »

En 29 ans d’existence, Mazarine a intégré pas moins de dix sociétés. Des Ateliers ABC à la Mode en images en passant par Numéro, le magazine de mode et d’art, Paul-Emmanuel Reiffers acquiert au fil des années les pépites qui viennent compléter sa gamme de compétences dans le métier de la communication. Et cela vaut pour l’autre côté de l’Atlantique, puisqu’il rachète en 2017 l’agence new-yorkaise Ma3 qui, depuis son intégration à Mazarine, fait un carton plein aux États-Unis. Une « acquisition » que Paul Emmanuel Reiffers n’aime pas qualifier comme telle, préférant le terme d’intégration. « Quand on achète une agence, on ne doit jamais oublier qu’on est aussi choisi par son fondateur vendeur, c’est avant tout une relation humaine, une transmission ou une association autour d’un projet d’entreprise. »
Parce qu’il croit aux savoir-faire métiers précieux dans le luxe, il tient à conserver les talents présents aux côtés du dirigeant et ce, peu importe l’âge des collaborateurs. Une véritable culture du savoir-faire qui se situe toujours au centre des préoccupations du fondateur du groupe, qui compte aujourd’hui près de 500 salariés entre Paris, New York, Shanghai et Pékin, pour un chiffre d’affaires de plus de 170 millions d’euros fin 2022. Le groupe, qui connaît depuis longtemps une évolution fulgurante, n’a pour autant jamais cherché la croissance à tout prix. « Ce n’est pas la philosophie de Mazarine. Nous sommes une entreprise indépendante qui a une vision à long terme et progresse à son rythme, sans regarder les autres, consolidant chaque nouveau palier atteint, sans faire aucune concession à l’exigence et la qualité. C’est notamment ce qui nous a gardés à flot pendant la crise du Covid », affirme Paul Emmanuel Reiffers.

Cette  prudence et cette précision caractéristiques du fondateur du groupe depuis la création de Mazarine résultent d’une relation de confiance absolue avec ses clients. Ce qui a maintenu l’agence hors de danger pendant la crise économique qui a frappé le monde jusqu’à il y a peu. Un taux de fidélité très important sur lequel peut s’appuyer l’entrepreneur, qui compte parmi ses clients Louis Vuitton, Cartier, Chanel, L’Oréal ou encore l’Opéra national de Paris. Une clientèle qui a permis, pendant le Covid, à Paul-Emmanuel Reiffers d’éviter une restructuration, inévitable pour bon nombre d’entreprises, en misant sur l’après. Pour cela, le fondateur du groupe choisit d’investir dans les outils de travail qu’il utilise déjà.
Et s’il se plie comme tous à la règle du télétravail, il estime que dans un besoin de création, de transmission et du « travailler ensemble », la présence des équipes dans de nouveaux locaux est nécessaire. « On voulait après le confinement des locaux qui incarnent le monde de demain. Nous avons mis l’accent sur les dernières technologies mais rien ne remplace les relations humaines. Nous avons réorganisé l’événementiel pour être prêts à attaquer l’année 2022, en accélérant fortement aux États-Unis et au Moyen Orient avec la Mode en images », explique-t-il. Une compréhension qui fonctionne et qui fait bénéficier à Mazarine de l’explosion de l’événementiel dans le monde post-Covid.
Un nouvel univers digital sur lequel le groupe surfe à travers une notion d’expérientiel, en créant un player interactif pour les marques. « On crée des expériences digitales novatrices et immersives avec toute une équipe créative et de R&D en interne. On avait créé cette solution technologique pendant le Covid pour virtualiser les lancements de collection et la communication événementielle. Cette activité dans laquelle nous investissons massivement prépare aujourd’hui la prochaine étape : le métavers ! »

Catalyseur de diversité culturelle et d’ultra-luxe

Le luxe comme la culture font partie depuis toujours de l’identité de Paul-Emmanuel Reiffers. Deux passions qu’il entend bien unir sous la même bannière, au sein de son entreprise comme dans le milieu associatif. Collectionneur d’art contemporain et véritable passionné du beau, le CEO de Mazarine lance en 2021 un fonds de dotations pour soutenir la jeune création française et la diversité culturelle. Le projet, appelé Reiffers Art Initiatives, est une manière pour son fondateur de s’engager en parallèle de son métier dans une nouvelle aventure philanthropique, une nouvelle façon de donner et de s’engager qui est inscrite dans l’ADN et dans les valeurs du groupe. Ainsi, Reiffers Art Initiatives s’engage en faveur des jeunes artistes. « Pendant la crise du Covid, assure-t-il, j’ai souhaité donner un nouveau sens à la programmation artistique que nous avions instituée depuis de nombreuses années au Studio des Acacias. Nous l’avons trouvé dans cette nouvelle mission de mécénat. » Un aspect philanthropique que l’entrepreneur tient proche de son cœur, car il se rend compte en côtoyant le monde artistique international que la jeune création française n’est pas très soutenue.

Il partage néanmoins des valeurs internationales fortes et prône la diversité culturelle, un thème cher au groupe Mazarine et à son fondateur, qui a passé toute son enfance en Côte-d’Ivoire. « On s’enrichit de la diversité des talents qui viennent du monde entier. » C’est l’idée même de cette fondation selon Paul-Emmanuel Reiffers, qui soutient le travail de jeunes talents prometteurs à travers un programme de mentorat et un prix qui récompense un artiste de cette nouvelle génération.
Le groupe crée des expositions sous forme d’expériences inédites au sein du centre d’art Acacias et leur apporte un savoir-faire de communication qui leur donne de la visibilité pour aspirer à une notoriété internationale. Grâce à l’expertise de Paul-Emmanuel Reiffers en tant que collectionneur d’art et à la notoriété du groupe Mazarine, les plus grands artistes du monde (Kehinde Wiley, Rashid Johnson, Benjamin Millepied…) acceptent généreusement de venir encadrer et soutenir ces jeunes artistes dans le cadre du mentorat. Reiffers Art Initiatives, qui dispose de 500 000 euros par an, a ainsi soutenu les artistes Kenny Dunkan et Alexandre Diop, et a notamment décerné un prix à Pol Taburet, qui exposait au printemps dernier aux côtés de quinze jeunes talents et qui, depuis, a intégré les plus grandes galeries internationales. Un appui qui vient s’inscrire dans la lignée d’une vision très ancrée sur la notion de RSE pour le groupe du luxe, qui embarque ses collaborateurs dans cette initiative. « C’est un projet d’entreprise qui fédère nos talents et nos clients autour de valeurs d’ouverture, de respect et d’engagement en faveur de ceux qui ont besoin de notre soutien pour exprimer pleinement leur créativité. »

Entrepreneur et philanthrope que rien ne semble arrêter, Paul-Emmanuel Reiffers mène une double vie qui n’en est pas une, puisqu’elle s’articule autour d’une même passion. « La vie business se nourrit de la passion, mais la nécessité de rentabilité et la responsabilité sociale très forte envers nos collaborateurs sont toujours présentes à l’esprit. L’engagement philanthropique, c’est un investissement de soi-même. À mon sens, on ne peut mener à bien ces deux missions qu’à partir du moment où le socle de valeurs est partagé. Ainsi tout est lié, et tout ce que l’on fait contribue à l’autre intellectuellement. »
L’état d’esprit est le même et les valeurs de travail persistent. Des valeurs d’exigence et de création portées par l’entrepreneur français à tous les maillons de sa chaîne de talents. Entrepreneur exigeant, Paul Emmanuel Reiffers se bat tous les jours pour maintenir son groupe d’agences au meilleur niveau, et il peut compter sur 500 collaborateurs engagés. « J’ai des équipes exceptionnelles sans lesquelles le groupe n’est rien. On est à l’aube d’un grand changement, parce que les méthodes de travail changent et évoluent sans cesse, les attentes sont de plus en plus complexes, la technologie et le savoir-faire sont essentiels : Mazarine est arrivée à maturité et doit maintenant franchir une nouvelle étape. »

 

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