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La Guerre Des Cadres Du Luxe Est Déclarée

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Dans un secteur en forte croissance, chacun cherche ses cadres : les écoles, les entreprises, les étudiants veulent gagner leur place. Ces dernières années, la multiplication de formations supérieures des cadres du luxe est pour certains « une chance pour la France et les écoles de rayonner à l’étranger ». Si les formations fleurissent, le nombre de postes n’augmente pas forcément. Alors pour ces futurs cadres formés dans le luxe, le débouché se fera dans les entreprises premium.

Trop de formations pour peu de postes ? En 2016, Alain-Dominique Perrin lançait un « coup de gueule ». Ancien vice-président du groupe Richemont, fondateur de l’école Supdeluxe et président de l’EDC, il dénonçait la prolifération des formations au métier du luxe. Au cœur de sa colère, un problème d’offre et de demande d’un côté, et des formations de plus ou moins bonne qualité de l’autre. Selon lui à l’époque, ces métiers qui font rêver n’avaient à proposer que « 250 nouveaux emplois de cadres juniors par an ». Pas grand-chose en somme, avec pour résultat l’arrivée sur le marché du travail de jeunes diplômés s’arrachant ces quelques postes déjà pris d’assaut par les jeunes travailleurs.

Même constat, en 2018, chez Anne Michaut, professeure affiliée au département marketing de HEC et directrice académique de la chaire LVMH-HEC : « Le luxe est un secteur qui pèse lourd. Paradoxalement, il y a peu de profils de managers. »

« La plupart des emplois est dans le retail, il y a donc peu de perspectives pour nos étudiants. » La directrice académique constate par exemple que le nombre de formations de managers de la création sont très nombreuses, « alors qu’il n’y a qu’un poste de ce type par maison ». Pour pallier à cette incongruité entre le marché des formations et celui de l’emploi, HEC s’est directement alliée au premier groupe français du secteur et ses 70 maisons qui « proposent une diversité des métiers et catégories du luxe ».

La Chaire LVMH-HEC se concentre ainsi sur le « general management and excellence in client experience ». « C’est un parcours très professionnalisant pensé avec LVMH », résume Anne Michaut, directrice académique de la chaire. « A la différence d’un MBA, la chaire est ouverte aux étudiants de nos MSI marketing, finance, stratégie… Avec ces  100 heures de cours optionnels, ils ajoutent une brique de connaissances à leur parcours. »

Une partie conceptuelle leur permet d’acquérir les connaissances théoriques sur le secteur, une partie interactive est directement dispensée par des managers du groupe LVMH qui viennent partager leur expérience. Et une partie application est une mise en pratique avec un exercice élaboré pour repenser le marketing d’une marque. « Attention, ils ne seront pas forcément recrutés par LVMH, ni même dans le luxe, à l’issu de cette formation. Il s’agit pour les étudiants de découvrir les meilleures pratiques d’un groupe et de ses maisons », souligne Anne Michaut. Pour LHMH, c’est aussi l’occasion de repérer quelques profils.

Croissance

La multiplication du nombre de formations s’expliquerait selon elle par la forte croissance du secteur. « C’est une chance énorme pour la France et les écoles françaises », ajoute la directrice académique dont le programme monté par LVMH et HEC ne compte que 25% d’étudiants français.

Quid des débouchés pour ceux qui n’iront pas travailler dans les entreprises du luxe à proprement parler ? Pour Anne Michaut, de la chaire LVMH-HEC, aucun souci : « ces formations au management du luxe permettront aux étudiants de travailler pour des entreprises premium comme Apple ou Nespresso qui ont des stratégies similaires à celles du luxe. »

Le chemin se fait aussi dans l’autre sens, avec des maisons du luxe qui commencent à embaucher des profils de spécialistes dans d’autres secteurs. Pour Elodie Nowinski, sociologue de la mode et enseignante à l’EMLyon, c’est l’avenir : « les entreprises du luxe n’ont pas pour habitude d’aller chercher des profils directement dans le retail ou la supply chain, mais cela va et doit changer. » En effet, les GAFAM et les grands groupes recrutent des profils experts sur un secteur en particulier qui peuvent être utiles aux nouvelles modes de consommation et de production du luxe. « Le secret est d’être bon dans un domaine en particulier pour être bon dans la mode. »

Des évolutions qui ne doivent pas assombrir l’attractivité du secteur, comme l’expliquait récemment au Parisien Guillaume de Seynes, président du comité Colbert : « « nos maisons offrent des emplois de qualité, variés, durables, portés par une forte dynamique exportatrice. Loin d’être cantonnés dans leur fonction de départ, les jeunes qui nous rejoignent sont appelés à évoluer. »

 

 

Les formations des cadres du luxe

EIML Paris : l’école internationale de marketing du luxe propose des Bachelor et Mastère en mode, parfum, joaillerie… ainsi qu’un MBA en luxury marketing.
Sup de luxe : Fondée par Cartier en 1990, Sup de luxe est aussi connu comme Institut supérieur de marketing du luxe. L’école, rattachée à EDC Paris, propose des Bachelor et des MBA dans les métiers du management du luxe.
Glion : l’Institut des hautes études du Glion propose en Suisse, mais aussi à Londres, des formations aux métiers du management hôtelier.
ESGCI : Cet établissement d’enseignement supérieur reconnu par l’Etat propose des formations au management du luxe, en Bachelor, Mastère et Executive MBA.
Université Paris-Est Marne-la-Vallée : il n’y a pas que les écoles, l’université propose aussi un Master innovation et design du luxe.
Les écoles de commerce : Neoma, EMLyon, Montpellier business school, ISC Paris… proposent des parcours MBA, Msc spécialisés dans le luxe.

Article publié dans le 5ème numéro de Forbes France, décembre 2018

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