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Découvrir Le Plus Petit État De L’Inde À “Ahilya By The Sea”

Colonie portugaise jusqu’en 1961, l’enclave qui a vu s’établir les premiers échanges indos-européens tels qu’on les concevait au XVI eme siècle, constitue aujourd’hui le plus petit état de l’Inde. Visite de Goa et de l’hôtel Ahilya By The Sea avec Claire Cayla. 

Une escale durable

Refusant l’indépendance accordée par les Britanniques en 1947, les colons portugais de Goa restèrent fermement décidés à ne pas quitter “cette succursale du Paradis terrestre” comme l’écrit Pascal Bruckner (« Le goût des villes de l’Inde,” Mercure de France. – ”Inde, 365 us et coutumes” Isabelle de Peufeilhoux et Shivaji Rao Holkar. Editions du Chêne). Après presque une décennie de pourparlers, le pandhit Nehru trancha en décembre 1961 et l’armée solda en 3 jours l’existence de la dernière possession portugaise en Inde, clôturant ainsi une parenthèse coloniale de quatre siècles et demi. Ce qui n’empêcha pas certaines familles de rester fidèlement sur place sous le drapeau indien. L’héritage portugais, mêlé au mode de vie indien, est omniprésent : les vestiges de nombreuses demeures anciennes, la cuisine, les églises blanchies à la chaux et même la langue en gardent des traces profondes. Goa c’est à la fois plusieurs lieux et un état d’esprit : il y flotte un vent de liberté, de tolérance et une mélancolie que soulignent encore les fados entonnés à la villa Figueirido.

Mélange des temps

Avec la prise de Goa en 1510, dans les pas de Vasco de Gama débarqué ici deux ans plus tôt, les Portugais rêvaient de contrôler la lucrative route des épices et Goa constituait la base idéale pour commercer avec ces places marchandes de l’intérieur qui faisaient briller les yeux de tous les aventuriers.
Un chapelet de quartiers constitue le coeur le plus urbanisé de ce petit état coincé entre le Maharashtra, au nord, et le Karnataka qui enserre largement tout son flanc sud-est et le lie profondément au coeur du sous-continent indien.
Des hauteurs jusqu’aux rives de la rivière Mandovi qui se jette dans la mer d’Oman, chaque détour de route dévoile les vestiges de demeures que l’on devine jadis élégantes et cossues, aujourd’hui envahies d’une végétation exubérante. Des petites chapelles modestes et colorées côtoient sans vergogne de multiples temples grouillant de vie dans un étonnant mariage de “baroque jésuite et de rococo hindou”. Les échoppes alignées et ouvertes à tous les vents de la curiosité attirent une foule bigarrée. Dans l’atmosphère flotte un air de “susedad”, ce terme local qui peut se traduire par décontraction.

Rêver à l’abri d’ “Ahilya by the sea”

Là se trouvent les vestiges glorieux d’une conquête qui fut à la fois culturelle et économique. A Panjim au coeur d’un lacis de ruelles étroites, le vieux quartier de Fontainhas exhale le charme nostalgique du passé. La Fondation Oriente dédiée à Antonio Xavier Trindade, peintre goanais du début du XXème siècle est là pour rappeler ces liens qui subsistent. Venue du Portugal, Maria Inès Figueira, directrice du lieu, se charge de la programmation artistique. Ici sont organisés concerts et expositions mais c’est avant tout un musée dédié aux oeuvres (portraits, tableaux intimistes et remarquables aquarelles représentant des scènes de la vie indienne) d’Antonio Xavier Trindade, cet artiste né à Sanguem Goa en 1870.

Il restera présent dans votre mémoire quand vous poserez vos bagages dans l’une des maisons de “Ahilya By the Sea” à Nerul : les trois jolies villas de latérite rouge ( Leela Villa, Sunrise Villa, Sunset Villa) et la maison (presque) dans les arbres qui jouxte et semble partager l’espace vital avec le tronc séculaire d’un magnifique banyan, sont en effet la propriété de Leela, descendante en ligne directe de l’artiste.
Souvent éloignée de cette retraite paisible car elle partage son temps entre l’Inde et les Etats-Unis, la maîtresse des lieux a confié la gestion de cette résidence entièrement imaginée et décorée par ses soins, à son parent par alliance le prince Richard Holkar. Choisie, meublée et décorée avec goût, ”Ahilya By the Sea” a tout le cachet d’une demeure que son occupante vient de quitter laissant derrière elle ses meubles, ses tableaux et ses oeuvres d’art préférées. L’endroit respire la quiétude et le chic intimiste d’un intérieur “habité”, mêlant passé et présent dans le décor à la fois exotique et raffiné d’une goanaise de vieille souche.

Chic indien

Ne vous étonnez donc pas si vous croisez dans ces lieux le fils unique de feu son Altesse Yeshwantrao Holkar Bahadur, dernier maharajah d’Indore.
Richard Holkar fait partie des personnalités indiennes qui ont choisi d’ouvrir les incroyables lieux où elles ont grandi ou vécu. Après avoir aménagé le merveilleux “Ahilya Fort” de Maheshwar dans l’Etat d’Indore pour y accueillir des hôtes curieux de découvrir ce palais situé sur les rives de la rivière Narmada, il a imaginé la destinée hôtelière de ces trois maisons entre mer et colline le long d’une anse de la baie des Dauphins : peut-être là même où Saint-François Xavier posa le pied lorsqu’il débarqua à Goa en 1542.

Sous la houlette d’une équipe franco-indienne autour de Bambi l’intendante et de Mathieu, le directeur, ce havre de paix de 9 chambres et suites peut accueillir une vingtaine d’hôtes. Les chambres sont spacieuses, décorées avec goût mais sans surcharge. L’excellente literie est une invite au “lâcher-prise” loin du bruit de la ville, dans le bercement des vagues qui se brisent sur la plage. Seuls les pêcheurs l’occupent dès l’aube, tirant leurs filets, poussant leurs barques sur le sable.

Les pieds dans l’eau ? Seulement dans les deux piscines : elles ont le charme fou de bassins d’eau à l’ancienne et s’y plonger est un rafraîchissement au goût de plaisir défendu.

Tout aussi sereins, les dîners ou les déjeuners à l’extérieur avec large vue sur la baie seront une délicieuse occasion d’embrasser du regard l’enfilade des façades, de savourer l’apparition des étoiles et les reflets dans l’eau tout en savourant une délicate cuisine d’inspiration goanaise à base des produits frais ramenés des marchés locaux. A découvrir à travers l’authentique Thaali, assortiment de diverses préparations fines et relevées.

Reposant camp de base

De là, reposé, partez à la découverte d’Old Goa qui s’enorgueillit de sa cathédrale du Bon Jésus, premier édifice catholique bâtit sur le sous-continent indien. La présence dans ses murs du tombeau de Saint-François Xavier, draine une foule curieuse et recueillie. Tous les 10 ans, la dépouille du saint est sortie de son emplacement et visible durant plusieurs jours. Rendez-vous en 2023 pour assister à ce rare évènement.

Tout près, la cathédrale Sainte-Catherine complète ce tableau du passé marqué par la fièvre missionnaire des pères jésuites. Ce premier lieu d’installation des colons fut ultérieurement abandonné pour cause d’épidémies. Après cela, vous ne vous étonnerez pas de deviner encore la présence d’un clocher au sommet de quelques collines ou de découvrir tant d’églises de style colonial et les petites chapelles naïvement colorées au goût indien. Ici tout se fond et se marie dans une débauche de palmiers, de fleurs aux couleurs éclatantes et de luxuriance végétale balayée d’air marin.

Plus profane, le quartier de Fontainhas à Panjim garde encore des airs de village avec ses maisons d’un étage aux façades colorées où courent des balcons gracieux. L’abondance de la végétation, le chant de oiseaux, le lent balancement des cocotiers sous le souffle tiède du vent vous ramènent irrésistiblement quelques siècles en arrière.

Escales sur le sable

Les plages goanaises ont attiré des générations de hippies. Florence et Serge, deux français qui savent sentir les bonnes vibrations de certains lieux, sont venus s’installer sur une longue plage au nord de Goa dans les années 80. A Ashvem, leur restaurant “La Plage” ne désemplit pas. Sous son vaste toit de paille, le couple a réparti les espaces au gré d’une passion de la décoration et du renouveau qui les amènent à tout revoir chaque année pour offrir une ambiance différente aux habitués de cet endroit qui lui, ne change pas : les yeux rivés sur les premiers rouleaux, on se laisse happer par la “coolitude” ambiante, bien calé dans l’instant qui passe. La cuisine, délicieuse, puise son inspiration à différentes sources au gré de l’âme voyageuse de Fabienne, aux fourneaux.

Le concept a même fait son trou bien loin de la mer, avec une ouverture récente de “La Plage Manali” (Himachal Pradesh) et “Soleil by La Plage” au tasting-room de Sula Vineyards, le plus grand domaine viticole indien à Nashik (Maharashtra).
Pour se distraire, il y a le shopping plutôt branché quand il s’agit des vêtements et des bijoux de la petite boutique de plage de Jade Jagger et de sa voisine, l’annexe de “La Plage”.
En ville, les bonnes adresses font saliver d’envie de dépenser (sans se ruiner) toutes les “fashionistas” et tous ceux et celles qui rêvent de faire main basse sur quelque trésor inattendu : c’est possible ! Parmi les bons conseils de nos hôtes et notre propre expérience il faut impérativement débarquer dans la cour de Rangeela, une boutique de mode et de beaux objets bien mis en scène au sein même d’une maison coloniale, à Calangute. Rare Republic est un très beau concept-store à Siolim Chapora le long de la rivière Teso et Bambi vous recommande la boutique Natti’s Naturals dédiée aux produits alimentaires et à l’épicerie. Pour la couleur et l’animation, poussez jusqu’à Betim Fish Market ou encore jusqu’au marché de Mapusa, regorgeant d’épices et de produits frais.

Octobre et mars/avril constituent des intersaisons. La basse saison correspond à la mousson (mai-septembre). La haute-saison s’étend de novembre à février.
Quittant Goa, notre route s’engage ensuite en direction du nord-est à travers le plateau du Deccan vers le site archéologique d’Hampi. 

Mon avis :

On expérimente ici un dépaysement particulier au sein d’un pays qui est lui-même extrêmement dépaysant. Bref, Goa offre une forme d’exotisme à rebours qui est due au sentiment étrange de voyager dans le passé tout en vivant bel et bien au 21ème siècle. Pas de gratte-ciel en vue cependant et Goa reste un état à taille humaine !
Le séjour à “Ahilya by the sea” est parfait pour se mettre au diapason de cette ambiance tout à fait unique, cool et envoûtante de charme. Huit jardiniers à plein temps bichonnent le luxuriant jardin et le personnel, discret et attentif, est aux petits soins.

Ahilya by the Sea Goa
787 Neruls-Reis Margos Road,Nerul
Goa
Tel : 91 11 4155 1575 
www.ahilyabythesea.com

Fundaçao Oriente
175, Filipe Neri Xavier Road
Fontainhas Panjim
Goa 403 001
mail : [email protected]

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