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Bugatti Chiron : Premiers Tours De Roues Qui Vont Vous Faire Décoller

Quand le co-pilote de ma Bugatti Chiron, Andy Wallace, le gagnant des 24 heures du Mans de 1988, a relâché le moteur W16 de 1500 chevaux pour m’aider à acclimater mes sens avant de prendre le relais, j’ai eu l’impression d’être sanglé à une météorite se précipitant à travers les cieux. La Bugatti Chiron est la plus rapide et la plus véloce en ligne droite, mais aussi la plus puissante, docile, luxueuse, et artistique supercar qui soit – voitures à essence, hybrides ou électriques confondues. On pourrait écrire un livre sur ses détails techniques, tant ils sont nombreux. 

Cela peut paraître exagéré venant d’un journaliste, mais si l’idée de payer 3 millions de dollars pour une voiture ne provoque aucun tic nerveux, je recommande hautement la Chiron comme la récompense d’une vie. Bugatti a accepté un acompte conséquent sur plus de la moitié du développement prévu de 500 modèles. Peut-être 70 de ces bolides pouvant aller jusqu’à 420 km/h seront distribués en 2017.

Dans les 20 secondes et quelques au cours desquelles je me suis évertué à boucler trois tours complets de poussée d’accélération, en passant de l’arrêt à près de 210 km/h – il n’y avait pas assez de bitume, ni un champ de vision assez clair pour aller beaucoup plus vite sans faire preuve de stupidité – la Chiron a modifié mes pensées sur Bugatti, en me menant de la perplexité à la conviction. À chaque fois que j’appuie sur l’accélérateur, j’atteins 207 km/h en moins de 7 secondes, sans la moindre trace d’un empoignement moite et nerveux sur le volant de carbone et de cuir, sans le moindre pépiement d’aucun des quatre énormes pneus Michelin, et sans effort physique ou mental considérable.

La tête et la colonne vertébrale correctement positionnées pour embrasser complètement le cuir beurre doux du dossier, j’ai fait l’expérience de la capacité de la Chiron à absorber les détails de l’horizon lointain avec son museau en forme de fer-à-cheval.
J’ai testé le démarrage contrôlé avec une Porshe 911 Turbo S, avec une McLaren 675LT Longtail, une Ferrari 488 et tous les types de Lamborghini, ce qui vous embarque en près de trois secondes, si ce n’est moins. En réduisant de seulement quatre ou cinq dixièmes le sprint de 100 km/h, pour arriver à 2.5 secondes tout juste, Bugatti modifie les dimensions de l’univers. Pour surpasser la Chiron, il faudrait une voiture de course américaine déterminée, et qui ne serait autorisée sur les routes qu’en théorie, et des voitures de ce genre sont des machines à usage unique toujours sur le point d’imploser, pas des voitures de sport luxueuses pour gentlemen de bonne famille.

 

 

À environ 40%, les Européens présentent le plus grand marché de Bugatti – une voiture d’autoroute, capable de se lancer facilement dans des configurations de 40, 80, 160 km/h avec une lourde main sur l’accélérateur. Mais cette luge-fusée de haut luxe serait comme à la maison dans les rues de Los Angeles où s’organisent des courses de voitures. Jackson Hole (une vallée de l’ouest de l’état du Wyoming aux Etats-Unis) est un point de départ américain idéal pour la Chiron, offrant une succession de routes qui émergent de la chaîne Teton (chaîne de montagnes, Wyoming), à travers une plaine.

Les ingénieurs et designers de la Chiron ont mis en commun toutes les leçons tirées du modèle qui l’a précédée, la Veyron, afin de mettre au monde une voiture complètement nouvelle. J’ai passé une heure à interroger sans relâche un ingénieur Bugatti en face-à-face (il a commencé sa carrière en créant des vélos de vitesse avec BMW Mottorad) et une demi-heure à discuter agréablement avec Achim Anscheidt, le cérébral chef designer de La Maison Bugatti. La Chiron n’est pas une évolution informatique de la Veyron, bien qu’elle comprenne une ingénierie similaire et réponde au même marché. L’une et l’autre n’ont presque rien de plus en commun. Le moteur tout entier, la boîte de vitesse et le pack aérodynamique ont dû être repensés pour un ajout de 500 chevaux tout en gardant un moteur fiable, un défi qui mettrait à l’épreuve des ingénieurs de chez JPL, la NASA et Lockheed-Martin.

Une combinaison des nécessités fonctionnelles d’un moteur de 1500 chevaux et d’un design Art déco 21e siècle : le tout est élégant, dans le menu détail. La Chiron est cohésive dans ses facteurs humains, son aérodynamique, sa fraîcheur, sa performance… tout. Mon mètre 85 a parfaitement trouvé sa place dans le cockpit : il y a beaucoup d’espace pour la tête, les épaules et les jambes, bien que ma pointure 45 ait nécessité un positionnement attentif. La Chiron est plus docile qu’un agneau, l’une de ces voitures de sport sexy qui peuvent être utiles pour impressionner lors d’un rendez-vous galant, quand vous prenez la direction du bistrot local à pas hésitants tandis que derrière le volant, en appuyant sur l’accélérateur, vous chevauchez la météorite, enflammant l’atmosphère. On peut appeler cela « libérer la bête. »

 

 

Andy Wallace a piloté la McLaren F1 jusqu’à son record de vitesse de 386 km en 1998. Il a ensuite conduit la McLaren F1 sponsorisée par Harrod, avec Derek et Justin Bell lors de la victoire surprenante de la McLaren F1 au Mans en 1995. Un vieil ami et collègue, directeur marketing pour la McLaren F1, évoque l’événement ainsi: « Au Mans j’ai aidé à installer les caméras dans la voiture d’Andy, pour l’un des premiers commentaires de qualification. » Ils filmaient pour aider Electronic Arts à créer un jeu vidéo. « Un gars tranquille. Il était très bon en monoplace et aurait pu faire la F1. » Bugatti a engagé Wallace en tant que conducteur professionnel, car le danger est son métier. Wallace est un personnage simple, modeste – juste ce que l’on recherche chez un monstre de la haute vitesse.

Pour gérer le couple 1600 Nm du moteur, Bugatti s’est tourné vers son partenaire anglais spécialiste de la boîte de vitesse, Ricardo, pour réinventer la boîte à sept vitesses et double embrayage de la Veyron. La Chiron a la boite à double embrayage la plus lisse qu’il m’ait jamais été donné de manier, ou du moins c’est ce qu’il m’a semblé, avec une pointe d’adrénaline parcourant mes veines. La Chiron est profonde, affirmative, sans être rigide ou sévère. Le son et la vitesse se manifestent d’une façon étonnamment raffinée grâce à une conduite qui ne fait pas fumer les pneus.

À moins que vous ne souhaitiez délibérément faire fumer les pneus en utilisant un système que Bugatti présente avec la Chiron, permettant d’évoluer selon des angles et des vitesses extrêmes avant que la technologie ne prenne la relève. Quand cette technologie sera t-elle présentée dans un film d’action ? Je me le demande. Ajouté à la vitesse, l’accélération, et au luxe tout entier, ce système de déplacement étend l’univers Bugatti. Au vu des dommages qu’une voiture d’un tel poids peut causer à ses pneus d’un coût élevé, le propriétaire d’une telle voiture ferait mieux d’apprécier chaque instant des accélérations mortelles pour ces derniers. 
Les détails de la valve sont conçus avec un soin exceptionnel pour maîtriser la physique de la vitesse. Par exemple, le bouchon de la valve, fin comme du papier, pèse 2.5 grammes en main, mais à vitesse maximale il pèse à peu près 7.25 kg. Comme Wallace le dit, « c’est beaucoup demander de pousser une voiture jusqu’à 480 km par heure. Les voitures de vitesse ne sont pas équipées de pneus en caoutchouc. Elles roulent sur de solides disques de métal. Michelin a fait un travail exceptionnel. » Gardez à l’esprit que pour atteindre 420 km/h, il vous faut insérer une deuxième clé qui se trouve dans le compartiment de la portière conducteur – j’ai fait des affaires avec des avocats de constructeurs automobiles pendant plus de 20 ans, et je parie qu’ils ont eu quelque chose à voir avec cette deuxième clé. La faire tourner pour enclencher le mécanisme signifie que vous prenez pleinement conscience de votre implication, vous n’en faites donc pas un gâchis. Autrement, la voiture est limitée à 379 km/h, une simple petite promenade à la boulangerie du coin pour un pain au chocolat.

Dans un monde peuplé de super et hyper-cars de 700, 900 et 1000 chevaux construites avant tout pour le circuit automobile, plusieurs coureurs et journalistes anticonformistes qui n’expérimenteront jamais un produit Bugatti déclarent que, comme la Veyron avant elle, la Chiron n’est pas une hyper-car digne de ce nom. Ils justifient cette opinion par l’argument de son poids, qui dépasse bien les deux tonnes, ou parce qu’ils pensent qu’elle est trop raffinée et facile à conduire, ou encore parce que selon eux elle n’est qu’accélération et vitesse et ne tient pas le coup sur une route de course. Cela peut être aussi parce qu’elle est simplement la voiture la plus vivace, l’évolution la plus spécialisée d’un véhicule de sport fonctionnant à l’essence et qu’en conséquence elle n’est pas avant-gardiste comme peut l’être un véhicule électrique.

Tout cela n’a aucun sens. La Chiron explore les limites absolues d’un moteur à essence et d’une certaine technologie, le tout enveloppé dans de la fibre carbone et de l’alliage, une voiture qui est aussi luxueuse à l’intérieur qu’une Bentley ou une Rolls et aussi facile de conduite que n’importe quel coupé ou berline allemande que vous pourrez trouver chez un concessionnaire ici (à Los Angeles). Aucune autre voiture ne combine tant de puissance, d’accélération, de vitesse, de luxe et d’accomplissement artistique. La Chiron est une œuvre ultime pour l’époque, un pinacle, une voiture qui n’a pas d’égale.

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