Un Certain Regard à Cannes : « Rosalie » ou la belle de foire

« Rosalie », le deuxième film de Stéphanie Di Giusto, avec Nadia Tereszkiewicz et Benoît Magimel, nous plonge en 1970 au cœur des Vosges dans l’intimité d’une femme pas comme les autres.

« Vous en voulez plein les mirettes, ne vous gênez pas, regardez-moi bien dans les poils ! » L’histoire est vraie, celle de madame Delait, tenancière d’un troquet qui à la suite d’un pari avec un client, se laissa pousser la barbe qu’elle rasait chaque jour depuis sa puberté, et qui remporta un tel succès, que l’on vint de tous les environs pour l’admirer. Après La Danseuse en 2016, Stéphanie du Giusto présente Rosalie Au Certain Regard, et nous plonge dans l’intimité largement inspirée de cette femme hors du commun, de Rosalie (Nadia Tereszkiewicz) qui porte une barbe. « Ce visage féminin avec une barbe me fascinait. J’avais des photos, un regard, un mystère à explorer. Je savais qu’elle avait refusé de devenir un banal phénomène de foire mais avait au contraire voulu être « dans la vie », avoir une vie de femme. » explique la réalisatrice qui affectionne les portraits de femmes déterminées, aux prises avec les carcans de leurs époques.

En abordant le sujet avant tout comme une histoire d’amour, elle a évité les écueils d’un scénario qui combat les stéréotypes pour nous faire vivre son étrangeté avec le même regard que son mari (Benoit Magimel), tour à tour torturé entre désir, dégoût et compassion. Si l’image est très belle avec en toile de fond la France rurale fin 19^ème qui s’industrialise, le scénario manque parfois de densité : autant l’esprit rebelle et anticonformiste de Rosalie admirablement campée par Nadia Tereszkiewicz nous émerveille, autant le scénario s’étire légèrement en longueur… à  défaut d’un objectif qui manque peut-être de précision.

Rosalie de Stéphanie di Giusto, Film présenté dans Un Certain Regard au Festival de Cannes 2023