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FORTISSIMO | Rencontre avec Anne-Lise Gastaldi, « l’intense discrète »

 💡 PORTRAIT | Son doux visage illumine la pièce où elle se trouve. Une bienveillance irrésistible apaise avant les premières notes qui s’élanceront du piano comme dans ces nombreux grands festivals qui l’ont vue s’affirmer. Figure trop discrète de la musique classique, Anne-Lise Gastaldi, pianiste, est une récidiviste de la création : fondatrice du trio George Sand, pédagogue renommée, elle a écrit plusieurs méthodes de piano, et enseigne aux CNSMD de Lyon et de Paris. Elle est aussi productrice du label de disque Elstir, directrice artistique de Classicaval à Val d’Isère et des Journées Musicales Marcel Proust, dont la prochaine édition se déroulera pour l’anniversaire de la mort du génie à Paris, à Trouville et à Evian du 7 au 17 octobre cette année. Un disque célébrant Marcel Proust et la modernité « Ecrits dans une sorte de langue étrangère » paraîtra le 13 octobre.

Rencontre avec Florence Petros

 

Comment est née votre passion pour la musique et le désir d’en faire votre métier ?

Anne Lise Gastaldi : Toute petite, comme mon frère faisait du piano, j’ai voulu faire comme lui. Je me suis vite approprié l’instrument qui m’est immédiatement devenu indispensable. La présence d’un piano dans ma chambre était une présence rassurante pour la petite fille que j’étais. Je ne me suis jamais posé la question d’en faire mon métier : cela a toujours été une évidence.

 

Vous êtes une pédagogue reconnue et vous avez écrit plusieurs méthodes de pédagogie. Vous œuvrez aussi pour que la musique contemporaine et la création soient présentes dans vos enseignements. Quelles sont les principales valeurs que vous souhaitez leur transmettre ?

 L’attention : c’est ce que l’on capte de l’autre. C’est la forme première de la générosité. « Savoir écouter c’est posséder, outre le sien, le cerveau des autres » dit Léonard de Vinci.

L’enthousiasme et la ferveur : dans l’Antiquité, Proclus disait que l’enthousiasme était supérieur à toute connaissance. Schumann, dans ses Conseils aux jeunes musiciens, a loué également les vertus de l’enthousiasme.

« Le succès c’est la capacité d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme » (Winston Churchill)

 

Savoir défendre ses valeurs sans qu’elles tiennent lieu de Vérité.

Ne jamais perdre l’intuition dans la théorie.

L’exigence : le plaisir ne l’exclut jamais. Le travail et la quête artistique sont des trésors à préserver.

L’humilité : on n’est jamais le seul artisan de son succès.

Cette citation de Goethe m’accompagne : « Traiter les gens comme s’ils étaient ce qu’ils pourraient être et vous les aiderez à devenir ce qu’ils sont capables d’être »

 

Vous êtes une passionnée de l’œuvre de Marcel Proust et vous avez très vite associé son écriture à la musique et créé « les journées musicales Marcel Proust ». Cette année sera la 6ème édition. Quelle était la relation de Proust à la Musique ?

Proust a toujours baigné dans la musique, notamment grâce à sa mère et sa grand-mère. Au-delà du mélomane qui écoutait tous les grands compositeurs, de Mozart à Debussy, qui assista à la première du Sacre du Printemps, qui avait fait l’acquisition d’un pianola, qui était abonné au théâtrophone pour écouter des concerts à distance, il était même un « écrivain-musicien » ! Pour lui, la musique était le modèle idéal de la littérature : celle-ci est un catalyseur du désir de devenir écrivain chez le narrateur.

 


Anne Lise Gastaldi : Je suis toujours émerveillée de voir à quel point les artistes, même dans des périodes troublées comme celles que nous vivons, nous aident à garder notre énergie vitale


 

Jean-Pierre Gibrat a fait le dessin de notre affiche

 

Quels seront les points forts de cette nouvelle édition, qui accompagnera aussi la sortie de votre nouveau disque « Ecrits dans une sorte de langue étrangère » ?

 Cette nouvelle édition met l’accent sur l’éclectisme et la modernité de l’écrivain, à l’occasion du centenaire de sa mort. Nous allons, pour cela, jeter un pont entre les arts modernes du temps de l’écrivain et notre 21ème siècle, ce que l’on retrouvera d’ailleurs dans le disque-livre intitulé « Ecrits dans une sorte de langue étrangère ». C’est ainsi que le street art sera représenté, dans le livret, par Levalet, La rouille et Madame, chacun ayant répondu à notre commande. Levalet et Madame seront au cœur du festival en créant à Trouville et Evian. La musique sera présente du classique au contemporain avec la création d’une commande pour piano à quatre mains et électronique faite à Pierre-Yves Macé, en passant par le jazz, avec une myriade d’artistes de toutes générations. Des comédiens du Français (Loïc Corbery, Clément Hervieu-Léger, Didier Sandre) seront également présents. Cette fois encore Jean-Pierre Gibrat a fait le dessin de notre affiche. Et nous emmèneront les festivaliers dans des lieux rares comme l’Hôtel de Behague, le Cercle National des Armées à Paris, la Villa du Châtelet à Evian.

 

 

Dans le disque-livre, la littérature s’ajoutera à ces composantes avec la présence d’écrivains notoires et d’artistes de tous horizons. De quoi êtes-vous finalement la plus fière dans vos réalisations ?

 Il n’y a pas une réalisation plutôt qu’une autre : je suis plutôt « fière » de ma capacité à associer ma créativité à celle d’artistes de tous horizons, souvent connus, exerçant dans des domaines très divers comme la musique, évidemment, mais aussi la littérature, la peinture, le théâtre, la chanson, la gastronomie …

 

Quels sont vos coups de cœur artistiques pour cette rentrée 2022 ?

Je suis toujours émerveillée de voir à quel point les artistes, même dans des périodes troublées comme celles que nous vivons, nous aident à garder notre énergie vitale. Le Louvre, la Comédie-Française, la Philharmonie de Paris sont des lieux qui font partie intégrante de ma vie, mais mes coups de cœurs vont souvent vers des lieux plus confidentiels avec une âme différente comme, cet automne, l’exposition Henner intime. L’homme derrière l’artiste au Musée Henner ou Mes chers enfants avec Anny Duperey au théâtre de Passy.

 

Journées Musicales Marcel Proust – http://www.amisdevinteuil.fr

 

 

 ➡ FORTISSIMO : Portrait de Sonia Simmenauer

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