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Louise Bousquet (co-fondatrice Leia Capital) : « Nous contribuons à diversifier le paysage des investisseurs, et à incarner une forme de modèle nécessaire pour la jeune génération. Les femmes entrepreneures viennent nous chercher pour cela, autant pour l’expertise que pour l’accompagnement humain »

Beautiful young businesswoman with hand on chin using laptop in office

Fondé en décembre 2021, Leia Capital est un groupe de business angels 100 % féminin qui investit dans des projets ambitieux portés par des femmes entrepreneures. Quels projets ont-elles décidé de soutenir et pourquoi ? Rencontre avec Clémence Lejeune et Louise Bousquet, deux des 14 business angels du fonds.

 

Comment est née l’aventure de Leia Capital ?

Louise Bousquet : L’idée d’investir m’est venue il y a cinq ans environ. Il y a deux ans, je suis entrée au conseil de surveillance d’une start-up, où chacun évoquait librement ses différentes prises de participation. C’est à ce moment-là que j’ai vu l’écart entre mes homologues masculins, très au fait de ces sujets, alors que de mon côté, je démarrais à peine. Un déclic !

Clémence Lejeune : Après mon école de commerce, je suis partie en Asie, où j’ai travaillé pendant sept ans chez Lazada, une entreprise pionnière de l’e-commerce, qui a ensuite été rachetée par Alibaba. C’est en échangeant sur le programme d’incentive (BSPCE) mis en place pour le management, que j’ai pu observer ce décalage entre les hommes, qui étaient prêts à placer leur argent et investir, et mes collègues féminines, pour qui parler d’argent était encore tabou. À mon retour en France, lorsque j’ai décidé de monter mon entreprise dans le secteur de la FemTech, j’ai constaté que les interlocuteurs investisseurs étaient majoritairement masculins. Ce constat m’a donné envie de m’engager pour soutenir les femmes entrepreneures en particulier.

En quoi Leia Capital permet de faire bouger les lignes et d’intéresser les femmes à la finance ?

L.B. : En s’attaquant aux difficultés de financement des projets portés par les femmes. D’après le baromètre Sista 2022, celles-ci lèvent en moyenne 4,3 fois moins que leurs homologues masculins auprès des principaux fonds d’investissement. Une tendance qui s’est aggravée par rapport à 2019, où le chiffre s’élevait à 2,5. Leia Capital crée deux verticales : en soutenant l’entrepreneuriat au féminin, notre fonds favorise la mixité des projets, et invite les femmes qui le souhaitent à mobiliser leur épargne et à l’affecter à une dynamique de société vertueuse.

Comment avez-vous constitué l’équipe qui vous entoure ?

C.L. : Essentiellement par le bouche-à-oreille. Nous ne pensions pas avoir autant de résonance au sein de notre entourage, ce qui fait que nous sommes rapidement arrivées à ce groupe de 14 femmes d’horizons et d’expériences variés et complémentaires, comme Cécile Guillou, CEO de Franprix, Émilie Daversin, cofondatrice de VO2 Group, un acteur global du conseil en transformation digitale, ou encore Aude Vandenbroucque, Legal counsel chez Philip Morris International.

Dans quel(s) type(s) de projets investissez-vous ?

C.L. : Nous investissons dans des projets portés par des femmes, soit en tant que fondatrice, soit en tant que cofondatrice et détentrice de 30 % du capital. Nous investissons dans des projets ambitieux, qui apportent une vraie proposition de valeur sur leur marché, et qui sont compatibles avec notre éthique. L’e-commerce, la santé, l’éducation, l’industrie ou encore l’IA font partie des sujets qui nous intéressent particulièrement et que nous souhaitons promouvoir.

L.B. : Ce tour de table à 14 nous a permis de créer un véhicule financier total de 400 000  €, réparti selon les projets entre des tickets allant de 30 000 à 70 000 €. À ce jour, nous accompagnons six projets, et un septième est en cours de discussion.

Comment s’est passée la sélection des entreprises ?

C.L. : Nous avons reçu en cinq mois près de 200 dossiers, ce qui est la preuve de la pertinence de la thèse d’investissement de Leia Capital. Notre chance est d’être parfaitement intégrées à l’écosystème entrepreneurial et financier. Nous recevons aussi bien des dossiers des incubateurs avec lesquels nous travaillons, que d’autres fonds de venture capitalists ou de business angels principalement masculins, qui veulent avoir des femmes investissant à leurs côtés et soutiennent notre initiative.

L.B. : Avec Leia Capital, nous contribuons à diversifier le paysage des investisseurs, et à incarner une forme de modèle nécessaire pour la jeune génération. Nous avons bien conscience que notre prise de participation ne change pas la donne d’un point de vue financier, en revanche, elle apporte un soutien d’une autre nature. Les femmes entrepreneures viennent nous chercher pour cela, autant pour l’expertise que pour l’accompagnement humain que nous offrons.

Quels sont les projets que vous avez décidé de soutenir ?

L.B. : Debongout, la première marque de décoration à mélanger le neuf et la brocante [voir encadré], mais aussi Auxilia, une start-up dont la solution d’intelligence artificielle vient se brancher aux systèmes de sécurité hardware des aéroports, des prisons mais aussi des JO de 2024. Dans la FoodTech, nous avons sélectionné Yumgo, un projet porté par le boulanger pâtissier Rodolphe Landemaine et son associée Anne Vincent, qui propose des alternatives véganes et végétales aux œufs, à un réseau BtoB.

C.L. : En santé, nous avons retenu l’entreprise SiView et son appareil médical de pointe qui permet à tout professionnel de santé de réaliser un bilan optique entre 5 et 7 minutes (contre 20 habituellement), et dans le secteur de la finance, la néo-banque Green-Got et son projet de finance verte nous a tapé dans l’œil.

Quelles sont vos ambitions pour la suite ?

C.L. : Finaliser les échanges avec le sixième projet issu de l’univers de la PropTech, et continuer d’accompagner nos entrepreneures. Nous réfléchissons également à monter un second véhicule pour soutenir d’autres projets, rendez-vous pour cela en septembre prochain !

 

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