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Pour Vivre Heureux, Vivons Taxés ! Vraiment ?

Le Fonds Monétaire International a décidé d’aider de son expertise les pays en développement et il leur préconise plus d’impôts et d’Etat. L’OCDE, qui s’est penché sur les pays développés, leur conseille l’inverse.

 

Le bonheur est-il dans plus de taxation comme le pensent les bureaucrates du FMI qui ne paient pas d’impôts, au titre de leur statut de fonctionnaire international ?

La 11e session des Journées européennes du développement qui se tenaient à Bruxelles les 7 et 8 juin derniers portait sur le thème : « Investir dans le développement ». Le FMI a dans ses projets d’aider « les pays à libérer leur potentiel de croissance, créer des emplois et bâtir des économies durables ». Il a mitonné une potion magique de prospérité : augmenter impôts et taxes dans les pays les plus pauvres.

Si les pays en développement n’ont pas encore atteint leur stade de maturité, c’est parce que le poids de l’Etat y est insuffisant, analyse le FMI.

Christine Lagarde, affirme dans son discours que « les impôts et l’amélioration des systèmes fiscaux sont des moyens incroyables d’accélérer le développement dans de multiples domaines, des soins de santé à l’éducation, en passant par la sécurité. »

Les pauvres ont moins de 20% de leur économie accaparée par l’Etat

Dans les pays en développement « les impôts recouvrés représentent généralement entre 10 % et 20 % du PIB alors qu’en moyenne, dans les pays avancés, cette proportion est plutôt proche de 40 %. »

Quel serait donc le bon dosage de prélèvements obligatoires – avec son corollaire d’interventionnisme et de bureaucratie – susceptible d’apporter la croissance maximale ?

En France le taux de croissance annuel du PIB est en berne et pourtant, le poids de l’Etat Français bien lourd : ses dépenses représentent en effet 56,2 % du PIB en fin d’année 2016.

Il nous semble que cette analyse du FMI néglige l’histoire des pays développés qui atteignirent pour la plupart la prospérité dans le courant du 19e siècle, justement lorsque leurs Etats étaient peu gourmands et pesaient faiblement sur l’économie.

Ce n’est qu’à partir des années 1930, que progressivement ces pays ont adopté des politiques de hausse des dépenses publiques, de redistributions et donc de hausse des impôts pour financer ces générosités. 

Voici l’évolution des prestations sociales et de la croissance dans 14 pays de l’OCDE de 1880 à 1995.

Comme vous pouvez le constater, plus de « redistribution » n’implique pas plus de croissance.

 

Transferts sociaux et croissance en pourcentage du PIB dans certains pays de l’OCDE, 1880 à 1995

Sources: Lindert (2002) ; OCDE (1985) ; Daniel Mitchell, The Rise (and upcoming fall) of the welfare state in the western world ; données Banque Mondiale.
Sources: Lindert (2002) ; OCDE (1985) ; Daniel Mitchell, The Rise (and upcoming fall) of the welfare state in the western world ; données Banque Mondiale.

Pourquoi le FMI ne s’est-il pas intéressé aux pays en développement qui ont réussi grâce à l’avènement de politiques plus libérales et non par « plus d’Etat » ?

  • Les Dragons asiatiques (Corée du Sud, Hong Kong, Taïwan, Singapour)
  • Les Tigres (Thaïlande, Malaisie, Indonésie, Vietnam, Philippines)
  • ou encore de pays comme le Chili, le Botswana…

Ces pays ont su se développer en donnant plus d’oxygène à l’économie, en attirant les capitaux étrangers, en garantissant davantage le droit de propriété, en luttant contre la corruption et en se dotant de régimes politiques stables.

Le FMI ne mettrait-il  pas la charrue avant les bœufs ? C’est le développement qui permet à l’Etat d’assurer de la façon la plus efficace possible ses fonctions régaliennes. Un droit de propriété fort est une des clés pour intégrer dans l’économie toute les activités extra légales qui fleurissent dans la majorité des pays pauvres.[1]

Une étude de l’OCDE publiée en novembre 2016[2] statuait qu’un trop gros gouvernement nuisait à la croissance économique.

36% : le poids optimal de l’Etat pour l’OCDE

« Les plus gros gouvernements sont associés aux plus faibles croissances de long terme. Les plus gros gouvernements ralentissent également les rattrapages de productivité » peut-on lire dans la note de l’OCDE signée par Jean-Marc Fournier et Asa Johansson.

Cette étude concerne les pays développés, déjà prospères donc. Elle démontre que dans la plupart des pays où l’Etat absorbe une part importante du PIB, une cure d’amaigrissement des dépenses publiques apporterait sur le long terme une croissance moyenne de 10%. L’analyse prend en compte une réduction des dépenses publiques par le biais de réformes étalées sur 10 ans. Les résultats bénéfiques seraient visibles sur 45 ans.

 

Parmi les 5 pays qui y gagneraient le plus on trouve sans étonnement : l’Italie, la Grèce et la France.

Les dépenses des gouvernements de ces pays cinq rapportées à leur PIB représentent :

  • 49,6 % en Italie,
  • 49 % en Grèce,
  • 47,5 % en Hongrie,
  • 56,2 % en France,
  • 45,5 % en Slovénie…

Les pays qui gagneraient le plus à de telles réformes sont ceux dont l’administration est la moins efficace. Certains pays à « gros » Etats mais dont l’administration est efficace  comme la Suède (50% du PIB), la Finlande (56,1%) ou la Norvège (51,1%) auraient mois à y gagner.

Le bonheur n’est pas dans la taxation. L’Etat ne peut redistribuer que ce qu’il prend : encore faut-il qu’il y ait quelque chose à prendre.

« L’Etat n’est pas manchot et ne peut l’être. Il a deux mains, l’une pour recevoir l’autre pour donner, autrement dit la main rude et la main douce. (…) Ce qui ne s’est jamais vu, ce qui ne se verra jamais et ne se peut même concevoir, c’est que l’Etat rende au public plus qu’il ne lui a pris »

Frédéric Bastiat.

 

La pauvreté n’est pas une fatalité, un dommage collatéral de la richesse. Elle est la situation de départ de l’humanité. On n’en sort pas par la taxation. On en sort par l’épargne, l’investissement et la création de richesse. Pour cela, il faut qu’il y ait des Etats qui fassent respecter les droits fondamentaux de liberté et de propriété, qui luttent contre la corruption de leur propre administration, qui veillent à une saine concurrence.

La prospérité ne naît pas de la taxation. Elle s’épanouit dans la liberté, la propriété, la responsabilité, la concurrence, l’intelligence et l’imagination. Mais comment des fonctionnaires qui ne paient pas d’impôt (ni même de TVA) et ne sont pas soumis au secteur concurrentiel pourraient-ils le découvrir ?

 

[1] Hernando de Soto, Le mystère du capital

[1] http://www.oecd.org/eco/public-finance/The-effect-of-the-size-and-the-mix-of-public-spending-on-growth-and-inequality-working-paper.pdf

 

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