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Après Avoir Dépassé Les 9 000 Dollars, Jusqu’où Grimpera Le Bitcoin ?

« Bulle » pour certains, « révolution » pour d’autres, le Bitcoin n’en finit pas de cristalliser les passions et susciter le débat… tout en poursuivant allègrement son irrésistible ascension, la cryptomonnaie ayant atteint les 9 000 dollars dans la nuit du lundi 27 novembre. Tristant Colombet, CEO de DomRaider, l’une des premières entreprises en France à avoir levé des fonds en monnaies alternatives, revient pour Forbes France sur l’actualité du « roi » Bitcoin. 

Après un été mouvementé qui a vu la scission du bitcoin en deux monnaies distinctes (Bitcoin canal historique et Bitcoin cash), beaucoup ont prédit l’implosion de la cryptomonnaie qui vient de franchir la barre des 9 000 dollars. Jusqu’où ira le Bitcoin ?

J’aimerais le savoir ! (rires). Nous sommes aujourd’hui dans une situation qui est finalement celle du Bitcoin depuis son origine, en ce sens où 50% des gens y voient un outil technique du futur, ce qui légitimerait cette montée en puissance que nous constatons depuis plusieurs mois. A l’inverse, l’autre « versant » critique cet engouement, arguant que le Bitcoin n’est qu’une bulle qui ne repose sur rien et qui va finir par éclater. Bien malin qui pourrait dire aujourd’hui laquelle des deux théories l’emportera : si le Bitcoin va grimper au point de dépasser les 10 000 dollars ou si nous allons assister à une correction prochaine. Je ne me hasarderai pas à un pronostic. Il y a du vrai dans les deux camps. La progression du cours ces dernières semaines revêt à la fois un caractère impressionnant mais également inquiétant. Cela va beaucoup plus vite que le développement des usages business. La technologie sous-jacente au Bitcoin est porteuse d’énormément d’espoirs pour l’avenir. Nous sommes clairement à l’aube d’une révolution qui peut être mise sur le même plan que celle engendrée par les débuts d’internet.

Occupant le devant de la scène et ne laissant que des miettes à ses concurrents, cette « hype » du Bitcoin est-elle également palpable chez les autres cryptomonnaies comme l’Ethereum ou encore le Litecoin, qui a fait une incursion timide au début de l’automne ?

Le marché, dans sa globalité, a été fortement haussier sur l’ensemble de l’année 2017. Cela n’exclut pas qu’il existe un nombre non négligeable de monnaies numériques qui ont littéralement disparu du paysage ou ont plongé, comme d’autres ont vu le jour au cours de ces 12 derniers mois. Ce qui est certain, néanmoins, c’est que toutes ces monnaies alternatives sont ‘victimes’ d’effets de manipulation encore plus importants que ceux constatés sur le Bitcoin. Mais c’est en effet une tendance de fond pour l’ensemble des cryptomonnaies de premier plan. L’attention se focalise davantage sur le Bitcoin car il s’agit de la plus célèbre d’entre elles, celle qui parle le plus à l’imaginaire collectif. Si le Bitcoin bénéfice d’un éclairage médiatique très important, technologiquement, il n’est pas spécialement plus avancé que ses concurrents. Ce serait même, de ce point de vue, plutôt l’inverse.

Que pensez-vous de « l’activisme «  de certains pays voulant interdire le Bitcoin – comme le Maroc par exemple – ou d’autres comme la Chine et l’Inde désireux de le réguler au point même d’envisager le lancement d’une cryptomonnaie nationale. Comment analysez-vous cette tendance ?

Je pense que c’est une excellente chose que les Etats se saisissent de la question dans une optique d’encadrement. Je vois cela comme une véritable avancée. Mais je suis, en revanche, plus dubitatif concernant un blocage complet, comme l’a fait le Maroc que vous évoquez. Cette position ne peut être que temporaire car à moins de couper purement et simplement l’accès internet à la population, il me semble difficile d’empêcher l’accès aux cryptomonnaies. Il est préférable d’accompagner le processus, de l’expérimenter dans différents cadres, afin d’en comprendre les limites et les possibilités plutôt que de chercher à interdire sans discussions possibles.

Certains spécialistes présentent le Bitcoin comme la valeur refuge par excellence, au même titre que l’or, estimant même que la cryptomonnaie surpassera le métal jaune à long terme. Partagez-vous ce point de vue ?

Le terme de valeur refuge, à l’heure actuelle, n’est à mon sens pas adapté. L’or correspond à un actif matériel et jouit d’une certaine stabilité de sa valeur dans le temps. A l’inverse, le Bitcoin est un outil spéculatif n’ayant pas de concrétisation physique. Mais il n’est pas à exclure que le Bitcoin et d’autres cryptocurrencies puissent devenir, dans quelques années, beaucoup plus durables au point d’avoir plus de résilience et de stabilité que les monnaies nationales. Notamment celles faisant face à une inflation extrêmement forte et en proie à des risques systémiques très élevés. C’est pour cela que nous assistons – même si le processus n’en est qu’à ses balbutiements – à un intérêt, de la part de ces populations, pour les cryptomonnaies finalement plus facile à appréhender qu’une monnaie nationale exposée à ce type de risques.

Concernant votre actualité, votre entreprise DomRaider vient de procéder à l’une des premières levées de fonds en cryptomonnaies (ICO) en France. Pouvez-vous présenter, dans les grandes lignes, ce processus et nous dire  pourquoi avoir privilégié ce mode de financement ?

Le principe d’une ICO consiste pour l’entreprise à effectuer une levée de fonds en cryptomonnaies émettant un jeton virtuel qui va être vendu à ceux qui souhaitent investir. Voilà pour l’aspect technique. Dans les faits, il s’agit d’un mode de financement hybride à mi-chemin entre l’introduction en Bourse et le crowdfunding puisque vous allez chercher des fonds auprès d’un nombre important d’investisseurs internationaux qui vont donc adhérer à ce projet. Concernant maintenant la proximité avec l’introduction en Bourse, les jetons qui vont être achetés vont être cotés sur des ‘exchanges’ et devenir liquides. Ce qui signifie que les personnes en ayant acheté vont pouvoir profiter de l’augmentation de leur valeur pour réaliser une plus-value. Concernant la seconde partie de votre question, plusieurs éléments nous ont convaincu de recourir à ce mode de financement au premier rang desquels l’importance de la communauté. Ainsi, parmi nos investisseurs figurent des ressortissants de 114 pays différents. Forts de ce constat, nous n’aurions jamais pu atteindre, à notre stade de maturité, le montant espéré si nous avions utilisé un mode de financement plus traditionnel. Enfin, notre projet étant fondamentalement orienté sur la technologie Blockchain, il nous semblait logique d’utiliser cette même technologie dans notre quête de fonds.

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