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Le Red Défilé D’Isabelle Weill Sauve Le Cœur Des Femmes

redIsabelle Weill accompagnée de ses égéries au Red Défilé 2018.

Une femme sur trois meurt de maladies cardiovasculaires. C’est une problématique peu connue et qui fait l’objet du combat de la fondation Ajila. Sauver le cœur des femmes, c’est le but ultime du Red défilé d’Isabelle Weill, présidente de la fondation.

Comment votre parcours vous a-t-il amenée à la création de la fondation Ajila ?

Isabelle Weill : J’ai toujours été une femme de radio. J’ai commencé à NRJ quand j’avais 20 ans, puis en 2000 avec mon ex-mari Alain Weill nous avons racheté RMC, et entrepris de monter NextRadioTV. On avait envie de pouvoir utiliser nos antennes pour une cause qui pouvait vraiment avoir du sens, de pouvoir toucher nos auditeurs.

C’est en 2008, lorsque le jeune joueur de foot Marco Randriana fait un arrêt cardiaque sur le terrain et se voit sauvé grâce à un défibrillateur que nous avons eu le déclic. C’était une cause dont on pouvait parler parce que l’on pouvait compter sur nos auditeurs, des amateurs de sport et des chefs d’entreprises capables de faire bouger les lignes sur l’installation de défibrillateurs et l’initiation aux gestes de premiers secours. C’est à partir de là que j’ai lancé la fondation Ajila en 2008, en me concentrant sur l’arrêt cardiaque et les gestes de premiers secours. Des trains ont sillonné la France, dans lesquels on formait gratuitement les gens aux gestes de premiers secours dans les gares.

À l’époque, on découvrait juste le défibrillateur et les manières d’intervenir. Nous avons fait de nombreuses opérations, aussi bien dans les trains que sur les stations de ski, les stations balnéaires, ou encore les écoles. Nous avons également formé 6000 élèves au Grand Palais sur les gestes de premiers secours. Parallèlement, je voulais aussi prendre part à la cause du cœur des femmes, parce que c’est une vraie problématique de santé publique dont on parle peu. Le mouvement Red est né ici. Tout a commencé par une étude épidémiologique, 100% féminine, jamais réalisée auparavant. Son résultat était terrible : nous nous sommes rendu compte que plus les femmes étaient à risque, moins elles avaient conscience de l’être. À partir de ce constat, on a voulu axer nos messages sur la prévention.

Contrairement, au cancer du sein, par exemple, les maladies cardiovasculaires se manifestent à cause d’une mauvaise hygiène de vie. Les femmes ont généralement du mal à entendre ce message, donc j’ai voulu le faire passer par le biais d’événements un peu plus glamour, et de là a émergé l’idée du Red défilé. Ce sont des égéries bénévoles, issues de tous les milieux : médias, écrivains, chanteuses, et même des anonymes. Des femmes de tout âge, de tout gabarit, pour bien faire comprendre que ce message est porté et destiné à toutes les femmes. Il était donc très important pour nous d’avoir des femmes-égéries, qui toute l’année nous suivent et défilent en rouge. Nous réunissons, lors de ces défilés, environ 350 personnes qui peuvent relayer derrière ce message de prévention au sujet des maladies cardiovasculaires. Le Red défilé est une des actions de mon combat pour le cœur des femmes.

Isabelle Weill, présidente de la fondation Ajila, au Red Défilé 2018.

 

Comment évolue la sensibilité par rapport à ce sujet ?

I.W : On peut voir grâce aux réseaux sociaux comment notre visibilité a augmenté depuis quatre ans. Ils nous permettent de faire passer le message tout au long de l’année. Grâce au défilé, on fait passer encore plus de messages. On arrive à quantifier réellement notre notoriété et à sensibiliser les jeunes femmes, mais le travail est encore long. Je travaille sur l’arrêt cardiaque depuis 11 ans, nous avons fait passer des lois sur la formation, sur l’obligation de déclarer ses défibrillateurs, mais nous avons mis pratiquement 10 ans pour obtenir ce résultat. Les retours du ministère de la Santé sont très limités.

Qu’avez-vous en ligne de mire pour Ajila ?

I.W : Mon modèle, c’est les États-Unis. Je travaille avec la American Heart Association qui a lancé depuis 12 ans, Go Red For Women. Ils m’ont demandé de lancer ce mouvement en France. Je souhaite, comme eux, faire bouger les lignes au niveau des ministères, et cela inclut d’avoir une femme politique à nos côtés. Michelle Obama s’est mise en rouge et s’est exprimée sur les maladies cardiovasculaires chez la femme. Ce que j’aimerais, c’est que Brigitte Macron puisse un jour suivre ce mouvement, mais nous avons tout de même le soutien d’Agnès Buzyn, ministre de la Santé. Nous avons également du soutien du côté des entreprises. Nous avons des partenaires financiers comme Klezia, mais également des médias, comme Forbes, Chérie 25, ou encore BFMTV qui relaient nos messages. Nous sommes très soutenus, et on remercie nos partenaires d’être à nos côtés. Au mois d’avril, le Red Day nous permet de mettre en avant ces soutiens médiatiques, et c’est l’occasion de faire venir des chercheurs ou des professeurs qui peuvent s’exprimer sur la problématique des maladies cardiovasculaires.

Le Red Défilé réunit des personnalités de tous les secteurs qui viennent soutenir la cause du cœur des femmes.

Nous avons fait un numéro spécial femmes en juin 2019. Pensez-vous que l’on a toujours besoin de faire cela en 2019 ?

I.W : Le numéro Femmes Forbes m’a tout de suite interpellée. On ne met pas assez en avant ces femmes entrepreneures. On sait très bien que les femmes qui fondent des start-up ont bien moins de chance d’obtenir des financements que les hommes. Au XXIe siècle, je ne comprends pas ce fossé dans les pourcentages de start-up hommes et de start-up femmes. Je trouve qu’il est dommage de devoir faire un magazine spécial femmes, pour se rendre compte que l’énergie entrepreneuriale des femmes, mais il est évident que l’on a besoin de le faire et j’ai trouvé l’idée formidable. J’essaye, à mon niveau, d’aider les jeunes femmes entrepreneures, et de faire passer des messages de santé parce que pour être dans le monde de l’entrepreneuriat, il est indispensable d’être en bonne santé, et il est difficile de faire de la prévention pour les femmes, puisqu’elles ont tendance à se prendre en charge qu’après avoir pris en charge leur famille. C’est cela que j’essaie de changer à travers ma fondation. Mon vœu le plus cher est que dans 10 ans, nous ayons inversé la courbe sur les AVC, les infarctus et les maladies cardiovasculaires, comme l’ont fait les États-Unis. Il n’y a pas de raison que l’on n’y arrive pas en France, il faut surtout que le ministère de la Santé en prenne conscience.

Toutes les femmes réunies par Isabelle Weill défilaient en rouge lors de l’édition 2018.

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