PORTRAIT | Cathy Hackl, papesse américaine du métaverse

Dans son dernier livre Into the Metaverse, Cathy Hackl, l’une des premières Chief Metaverse Officers au monde, nous alerte sur l’importance de se former aux métiers de la réalité virtuelle. Portrait d’une battante qui sillonne le cyber-espace et figure déjà dans la liste des Vogue Business 100 innovators.

 

« Nous comptons aujourd’hui 200 000 chief executive officers , 125 000 chief financial officers et 62 000 chief information officers aux États-Unis, mais au moment où j’écris ces lignes, il n’y a que six Chief Metaverse Officers et je suis l’une d’entre eux. ». En préambule de son livre « Into the metaverse », Cathy Hackl reconnue comme la spécialiste du monde virtuel en 3D lève le voile sur l’urgence à se former aux métiers liés aux nouvelles technologies qui secouent la planète high tech et dont les potentiels revenus à l’horizon 2030 interpellent les entreprises. « Le métavers est un univers virtuel en 3D qui représente l’avenir d’Internet. Avec l’évolution rapide de la technologie et des applications virtuelles, il faut assumer ces nouvelles responsabilités pour permettre aux entreprises de suivre le rythme.». À la tête du Metaverse Studio de Journey, une entreprise leader dans les expériences de métaverse, Cathy Hackl a forgé sa carrière grâce à sa curiosité naturelle et à son besoin permanent d’apporter « quelque chose de nouveau » au divertissement. Journaliste pour CNN, elle raconte qu’une conférence sur la réalité virtuelle a changé sa vie : « J’ai ressenti un véritable choc quand pour la première fois de ma vie j’ai testé un casque de réalité virtuelle. Ce fut à la fois une expérience magique et déterminante… j’ai su immédiatement que c’était ce que je voulais faire. ».

 

Une évangéliste du cybermonde

La foi chevillée au corps, elle part à la rencontre des grandes entreprises en leur montrant l’immensité du champ qui s’ouvre au marketing digital : « Je suis une communicante doublée d’une sorte de futuriste de la technologie. » Cathy Hackl a développé sa vision d’ensemble du métaverse mais aussi de son impact sur le public, au service de HCT Vive, Magic Leap, et Amazon Web Services, avant de se lancer en créant sa société de conseil « Futures Intelligence Group » en 2020. Rachetée un an plus tard par l’agence de conseil en innovation Journey World , elle officie depuis comme « Chief Office Metavers » au sein du groupe : « J’ai dit à mon nouveau confrère Andy Zimmerman, que mon titre n’était pas négociable. Je le porte comme une sorte d’insigne honorifique, qui oblige à envisager ces nouveaux besoins comme incontournables en interne dans les entreprises. ». Notre évangéliste du cybermonde semble avoir trouvé son ancrage définitif : elle a fondé le Metaverse Studio of Journey, qui domine le marché de l’offre d’événements immersifs et d’expériences uniques combinant la technologie du monde réel et du métaverse. Elle accompagne depuis huit ans ses clients en mettant en place des stratégies personnalisées d’extension ( métaverse, NFT, jeux, mode virtuelle,… ) de leur marque. Elle a par exemple créé pour le géant américain de la distribution Walmart, des mondes virtuels (« Universe of Play », « Walmart Land ») où elle produit des événements comme un festival de concert virtuel ou encore plusieurs collections de prêt-à-porter de luxe connectées.  Son dernier ouvrage « Into The Metaverse : The Essential Guide to the Business Opportunities of the Web3 Era » vise à combattre les idées reçues selon lesquelles son métier s’apparenterait à celui de gourou des médias sociaux et que le métaverse ne serait qu’un sujet à la mode. Elle y dresse le cahier des charges du poste idéal pour servir les entreprises de demain : une connaissance des jeux vidéo et de l’écosystème du Web 3.0 avec des aptitudes approfondies en crypto-monnaies, en cloud computing, et en blockchain. Elle définit elle-même comme une directrice de la communication qui s’appuie sur des compétences techniques pour gérer la marque, son image, sa mission et sa vision. « Il faut être en mesure d’aider leurs entreprises à capter la génération Z et Alpha ( de 1997 à 2020 ). Ces derniers traînent plus souvent sur Fortnite, Roblox et Minecraft que sur les médias sociaux traditionnels. ». Si certains grands noms de la mode (Nike, Balenciaga, Ralph Lauren,. ) ont plongé la tête la première dans le métaverse (collaborations, expositions ou défilés de mode), les grandes entreprises se battent désormais pour recruter les meilleurs talents pour construire leur cyber-univers.

 

Au travers de ces nouvelles opportunités, la question de l’inclusivité est également posée par Cathy, pour qui la diversité n’est pas une option : « Le métaverse que nous construisons prend en compte tout le monde sous le soleil. C’est un monde immersif, en trois dimensions… un monde virtuel mais aux interactions bien réelles, et où la diversité, l’équité et l’inclusion sont centrales pour les plateformes. Elles sont au cœur du fondement du métaverse décentralisé, qui signifie qu’il est accessible par tous et qu’il n’y a pas de propriété ou d’exploitation par une seule entité. Chacun est invité à être qui il veut être. » Elle précise que pour rendre le métaverse plus inclusif, la culture doit être le point central de son développement. 

 

Dans le rapport public ‘’Mission exploratoire sur les métavers’’ (Octobre 2022), le succès en France de grandes structures comme Ubisoft, Dassault Systèmes ou encore Ledger, prouve qu’il y a de nombreux atouts dans cet horizon commun des technologies de l’immersion. À titre d’exemple, les Jeux olympiques de Paris 2024 créeront « l’opportunité d’expériences immersives avant, pendant et après les Jeux », avec la participation de marques comme Nike, qui a imaginé un lieu virtuel. ‘’Nikeland’’ sera un espace où le sport et la créativité cohabitent et au sein duquel les gens peuvent se rencontrer et partager des expériences, et même inventer de nouveaux sports à l’aide du matériel virtuel à disposition. « Le métaverse est le futur et le futur est maintenant » pour Kathy Hackl… tel est le défi des entreprises qui ne veulent pas louper la prochaine itération d’Internet.

 

“Into the Metaverse: The Essential Guide to the Business Opportunities of the Web” de Kathy Hackl chez Bloomsbury