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8 mars | Quand le harcèlement à l’égard des femmes se déplace sur internet

Droits des femmesJournée internationale des droits des femmes. | Source : Getty Images

La violence à l’égard des femmes en ligne et facilitée par la technologie s’inscrit dans la continuité des nombreuses formes de violences à l’égard des femmes qui ont lieu hors ligne.

 

Le numérique renforce certaines inégalités entre les hommes et les femmes. L’ONU-Femmes signale qu’« un écart important entre les sexes persiste dans les technologies et l’innovation, malgré de récentes améliorations. Les femmes et les filles sont sous-représentées dans les industries, les universités et le secteur technologique au sens large. » Les femmes n’occupent que 22 % des postes dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA). En outre, parmi les 20 plus grandes entreprises technologiques mondiales, « les femmes représentent 33 % de la main-d’œuvre en 2022, mais occupent seulement un poste de direction sur quatre. Les inventrices ne représentent que 16,5 % des inventeurs inscrits sur les demandes internationales de brevet dans le monde. » Par ailleurs, 37 % des femmes n’utilisent pas internet et elles sont 259 millions de moins que les hommes à ne pas avoir accès à internet, alors qu’elles représentent près de la moitié de la population mondiale. Bien qu’il offre de nombreuses opportunités aux femmes, le numérique pose de nombreux défis, notamment à cause du harcèlement en ligne qui ne fait qu’accentuer le fossé numérique entre les hommes et les femmes.

Le harcèlement en ligne ne fait pas l’objet d’une définition uniforme et diffère d’une juridiction à l’autre. Le harcèlement en ligne concerne généralement l’utilisation des technologies de l’information et de la communication par un individu ou un groupe d’individus dans le but de nuire à une autre personne. Le Conseil de l’Europe identifie trois types de violence en ligne à l’égard des femmes facilitée par la technologie : le harcèlement sexuel en ligne, les formes de traque en ligne et les formes de violence psychologique.

Selon le Conseil de l’Europe, le harcèlement sexuel en ligne comprend « le cyber flashing – ou l’envoi de photos à caractère sexuel non sollicitées – les commentaires à caractère sexuel, la diffamation à caractère sexuel, la calomnie à caractère sexuel, l’usurpation d’identité à des fins sexuelles, le doxing, mais aussi le trolling, le flaming et les agressions de masse à caractère sexuel fondées sur le genre ». Le harcèlement sexuel en ligne comprend également « le harcèlement sexuel sur la base d’images comme les creepshots (des images sexuellement suggestives ou intimes prises sans consentement et partagées en ligne), l’upskirting (des photos sexuelles ou intimes prises sous la jupe ou la robe d’une femme à son insu et partagées en ligne), les abus sexuels basés sur des images (le partage non consenti de vidéos ou de photos, ou le partage non consenti d’images intimes ou “revenge porn”), les deepfakes, les viols et les agressions sexuelles enregistrés, y compris le “vidéolynchage” (diffusion en direct ou sur des sites pornographiques), les menaces et la contrainte comme le sexting forcé, la sextorsion, les menaces de viol ou l’incitation à commettre un viol. »

Par violence psychologique, le Conseil de l’Europe entend, entre autres, « le discours de haine sexiste en ligne et l’incitation à l’automutilation ou au suicide, les agressions verbales, les insultes, les menaces de mort, les pressions, le chantage ou le morinommage (le fait de révéler le prénom de naissance d’une personne contre sa volonté pour la blesser). »

Selon le rapport de l’ONU-Femmes, baptisée Progrès vers la réalisation des objectifs de développement durable. Gros plan sur l’égalité des sexes 2022, « une étude portant sur 51 pays a dévoilé que 38 % des femmes ont personnellement été victimes de violences en ligne. Seulement une sur quatre l’a signalé aux autorités compétentes et près de neuf sur dix ont choisi de limiter leur activité en ligne, augmentant ainsi la fracture numérique entre les sexes. » Ces tendances n’ont fait que s’exacerber pendant la pandémie. D’après autre étude, réalisée par le Pew Research Center, « les femmes sont plus susceptibles que les hommes de déclarer avoir été harcelées sexuellement en ligne (16 % contre 5 %) ou traquées (13 % contre 9 %). Les jeunes femmes sont particulièrement susceptibles d’avoir été victimes de harcèlement sexuel en ligne. Pas moins de 33 % des femmes de moins de 35 ans déclarent avoir été victimes de harcèlement sexuel en ligne, contre 11 % des hommes de moins de 35 ans ». Bien que les données du Pew Research Center concernent les États-Unis, elles illustrent les contours de la situation mondiale.

La Stratégie du Conseil de l’Europe pour l’égalité entre les femmes et les hommes 2018-2023 indique qu’« il est également établi que les médias sociaux font, en particulier, l’objet d’utilisations abusives, et que les femmes et les filles sont souvent confrontées à des menaces violentes et à caractère sexuel en ligne. Des plateformes en particulier sont utilisées pour véhiculer un discours de haine sexiste, dont les médias sociaux et les jeux vidéo. La liberté d’expression sert souvent d’excuse pour justifier des comportements inacceptables et offensants. À l’instar d’autres formes de violence contre les femmes, le discours de haine sexiste reste insuffisamment signalé, mais ses effets sur les femmes, en particulier les plus jeunes d’entre elles, peuvent être dévastateurs, que ce soit sur le plan émotionnel, psychologique et/ou physique. Il en va de même pour le sexisme. » Ce type de harcèlement en ligne continue d’aggraver le fossé numérique entre les hommes et les femmes.

À l’occasion de la Journée internationale des droits de femme, le 8 mars, il est essentiel d’étudier les moyens de combler ce fossé numérique entre les hommes et les femmes, afin que les femmes et les jeunes filles puissent tirer le meilleur parti des possibilités offertes par internet. Cependant, à mesure que de nombreux aspects du quotidien se déplacent en ligne, le harcèlement dont sont victimes de nombreuses femmes et jeunes filles a également évolué. Le monde numérique n’est pas un espace sûr. Alors que les formes de harcèlement en ligne ne cessent d’évoluer, il est essentiel de trouver des moyens de relever ces nouveaux défis.

 

Article traduit de Forbes US – Auteure : Dr. Ewelina U. Ochab

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