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Le bois, une réponse durable aux enjeux climatiques ?

boisSource : GettyImages

L’urgence climatique conduit de nombreux secteurs d’activité à rechercher des solutions renouvelables, abondantes, faiblement carbonées et permettant d’entrer dans une logique circulaire. Dans ce contexte de transition écologique, le bois devient un matériau de substitution incontournable dont les bénéfices sont souvent surexploités.

 

Des usages multiples

Le bois est un matériau organique utilisable avec ou sans transformation. Il sert à la fois dans l’industrie papetière, la construction de bâtiments ou comme combustible. De nouvelles applications ont émergé ces dernières années pour réduire l’impact carbone de certaines activités. Ainsi, le bois remplace le plastique jetable et une partie du béton dans certains bâtiments.
Il représente une ressource énergétique et économique intéressante pour les installations collectives et industrielles. Contribuant à la substitution de combustibles fossiles, il permet de réduire considérablement l’impact carbone du procédé. Toutefois, l’utilisation du bois de chauffage domestique peut générer une pollution atmosphérique importante si l’appareil de chauffage est ancien, cas de la moitié du parc domestique actuel. Leur renouvellement doit donc être une priorité pour le développement de cette application.
Les produits jetables en bois ont une durée de vie très courte. Pour un consommateur sans composteur, il est considéré comme un déchet ménager à incinérer. La circularité est donc perdue dans la grande majorité des cas.
L’engouement actuel pour le bois dans la construction de maisons ou d’immeubles est principalement lié à des préoccupations environnementales. Matériau performant, il doit être associé à d’autres dans un ouvrage afin de garantir la durabilité du bâti.
A titre d’exemple, il ne peut substituer complètement le béton pour des raisons de stabilité et de sécurité. De plus, le bois est à entretenir tout au long de sa durée de vie. Il doit donc s’intégrer dans une démarche de réduction des impacts, mais aussi de maintien durable des performances du bâtiment.

 

Stockage du carbone sur le long terme

Au cours de sa vie, le bois séquestre le CO2 atmosphérique qui n’est réémis qu’au moment de la destruction du matériau. Lors de l’analyse du cycle de vie (ACV) d’un produit constitué de bois, cet effet de séquestration carbone est considéré, permettant d’allouer un crédit carbone à l’impact global du produit. Cette démarche est uniquement admise dans le cas d’utilisations durables, de plus de 100 ans, comme dans la construction.
Pour des produits de plus faible durée de vie, la séquestration carbone est considérée au prorata de la durée d’utilisation. Cela conduit à une surestimation des bénéfices de captation temporaire du carbone qui n’a aucun sens scientifique.
Cette notion de séquestration s’intègre dans un cycle global du carbone, impliquant une gestion responsable des forêts et une augmentation du volume de bois utilisé dans des applications durables comme la construction. Ce n’est qu’à ces conditions que les émissions de carbone pourront être réduites par la séquestration carbone.

 

Renouvelable si responsable

La séquestration carbone dépend donc de l’origine, de l’utilisation, du devenir du produit ainsi que de la gestion responsable des forêts. Mais l’image positive du bois l’emporte sur ces critères pourtant d’une grande importance. La substitution d’un matériau a des conséquences sur tout le cycle de vie d’une solution et peut générer des impacts plus importants, même si le substituant est d’origine renouvelable.
L’impulsion écologique a tendance à se focaliser sur les matériaux et leur impact brut, alors qu’il est nécessaire de considérer une solution dans son ensemble. Ces sujets complexes sont souvent utilisés de manière trompeuse, avec pour objectif l’écoblanchiment d’une filière ou d’une entreprise. Afin que le bois puisse jouer son rôle dans la séquestration carbone, il est donc nécessaire d’intégrer son utilisation dans une démarche globale de développement durable des forêts.

 

Tribune rédigée par Kako NAÏT ALI, Dr-Ingénieur en Chimie des Matériaux

 

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