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Ces huit technologies vont accélérer la transition verte de l’Europe

EuropeLes technologies qui vont accélérer la transition verte de l’Europe. | Source : Pixabay

À l’instar des États-Unis, l’Europe a dévoilé sa stratégie pour rester compétitive au niveau mondial dans la course au « zéro net ».

 

Les dirigeants de l’Union européenne (UE) ont présenté huit technologies stratégiques qui façonneront la transition verte de l’Europe. Il s’agit de l’énergie solaire, des électrolyseurs et des piles à combustible, de l’énergie éolienne, du biogaz durable, des batteries et du stockage, des technologies de captage et stockage du carbone (CSC), des pompes à chaleur et de la géothermie, ainsi que des technologies de réseau.

Ces huit technologies stratégiques constituent la base de la proposition de règlement la Commission européenne baptisée « Net Zero Industry Act » (NZIA, règlement pour une industrie « zéro net »), qui doit encore être débattue et approuvée, mais qui témoigne clairement des intentions de l’UE pour les décennies à venir.

Ces technologies pourront bénéficier d’un soutien spécifique, notamment sous la forme d’incitations financières et d’une réduction des formalités administratives. La durée du processus d’autorisation sera réduite à neuf ou douze mois en fonction de la capacité, ce qui constitue un changement majeur.

S’attaquer à la chaîne d’approvisionnement

La Commission européenne a également proposé « un ensemble complet de mesures afin de garantir l’accès de l’UE à un approvisionnement sûr, diversifié, abordable et durable en matières premières critiques ». Cette règlementation européenne sur les matières premières critiques vise à réduire la dépendance à l’égard de la Chine notamment concernant les minéraux essentiels et les matériaux nécessaires pour réduire de 55 % les émissions de carbone d’ici 2030 et à atteindre la neutralité climatique d’ici 2050.

La Chine a fait de grands progrès dans la sécurisation de la chaîne de valeur des minéraux critiques, de l’excavation à la transformation. Les rumeurs selon lesquelles la Chine restreindrait les exportations de certains matériaux et produits essentiels à la fabrication de panneaux photovoltaïques ont semé le trouble au sein de la chaîne d’approvisionnement. Cela pourrait sérieusement entraver la capacité des pays européens à concurrencer les entreprises chinoises dans ce domaine.

Selon la règlementation européenne sur les matières premières critiques, 10 % des minéraux nécessaires doivent provenir de l’UE, 40 % doivent être transformés dans l’UE et le taux de recyclage doit être d’au moins 15 %. L’UE conclura des accords avec d’autres pays/régions pour la production et la transformation afin de diversifier l’accès et de mettre en place des chaînes d’approvisionnement solides. Ces chaînes d’approvisionnement sont totalement dominées par la Chine aujourd’hui.

L’Europe au cœur d’un nouvel échiquier mondial

Cette nouvelle intervient quelques semaines après la publication par la Commission européenne d’un rapport visant à maintenir l’attractivité de l’UE pour l’investissement et le développement de l’industrie « zéro net » dans un monde en pleine mutation.

Le rapport, intitulé « A Green Deal Industrial Plan for the Net-Zero Age » (un plan industriel du pacte vert pour l’ère de la neutralité carbone), reconnaît les difficultés à court terme rencontrées par l’Europe en raison de la guerre et des prix élevés de l’énergie, ainsi que le fait que certaines des initiatives promues dans d’autres parties du monde posent des problèmes au sein de l’UE.

La Commission européenne a remis en question l’équité de certaines de ces initiatives, en particulier la stratégie de subventions élevées et de domination de la chaîne d’approvisionnement poursuivie par la Chine. Dans ce rapport, la Commission revient également sur l’Inflation Reduction Act (IRA) aux États-Unis ainsi que sur d’autres programmes similaires au Japon et en Inde.

Le stockage du CO2 : une priorité stratégique

L’inscription des technologies de captage et stockage du CO2 parmi les priorités stratégiques de l’Europe n’était pas acquise.

Le Danemark, la Norvège et les Pays-Bas figurent parmi les pays qui ont annoncé de nouveaux plans de stockage du CO2. Maintenant qu’il est clair que les dirigeants européens soutiennent ces technologies, les investissements dans les technologies de captage et les projets de stockage peuvent réellement s’accélérer, et il était temps.

Capter le CO2 sans pour le stocker est une stratégie absurde. Il est impossible d’atteindre les objectifs fixés sans la mise en place d’infrastructures permettant le stockage du CO2.

La réduction des formalités administratives liées à cette technologie éprouvée est une étape clé, tout comme l’obligation pour les compagnies pétrolières et gazières de fournir 50 millions de tonnes de CO2 stockable par an d’ici 2030. Il convient de noter que la règlementation européenne fournit des repères pour les différentes technologies et des solutions plutôt que des objectifs stricts.

À titre d’exemple, le projet novateur de stockage de CO2 Northern Lights, en Norvège, offre une capacité de seulement 1,5 million de tonnes par an dans la phase I, bien qu’il soit prévu de l’étendre à plus de 5 millions de tonnes par an. En revanche, le Danemark prévoit de porter sa capacité à plus de 50 millions de tonnes par an d’ici 2030, et des projets néerlandais de taille similaire poursuivent cet objectif global.

Ce qui est peut-être le plus remarquable dans le NZIA, c’est l’absence du nucléaire en tant que technologie stratégique européenne « zéro net », même s’il est toujours mentionné comme une technologie « zéro net ».

L’hydrogène reste essentiel

La production d’hydrogène est également une omission notable, même si la fabrication d’électrolyseurs et de piles à combustible est incluse dans la stratégie « zéro net » de l’Europe. Cependant, il existe déjà des objectifs pour l’hydrogène, comme celui à court terme de 10 millions de tonnes par an pour la production de l’UE et la même quantité importée d’ici 2030.

Cela fait partie du plan REPowerEU, qui vise essentiellement à se débarrasser de la dépendance énergétique à l’égard de la Russie pour donner un élan à la transition verte et créer la base d’une industrie européenne florissante dans le domaine des énergies renouvelables.

Toutefois, le lancement de la Banque européenne de l’hydrogène pour soutenir le marché et la sécurité des investisseurs en matière d’hydrogène renouvelable au sein de l’UE est un signe clair que l’Europe reste attachée à l’hydrogène en tant que carburant alternatif.

Aux États-Unis, l’IRA permet de bénéficier d’une réduction d’impôt pouvant aller jusqu’à 3 dollars par kilogramme. Des procédures seront mises en place pour que la production d’hydrogène au sein de l’UE puisse bénéficier du mécanisme de soutien de 800 millions d’euros, qui prévoit une prime pour une période pouvant aller jusqu’à dix ans. Ce mécanisme pourrait rendre le coût nivelé de l’hydrogène au sein de l’UE compétitif par rapport aux États-Unis pour l’hydrogène vert.

La stratégie révisée de l’Europe pour l’industrie verte

Bien qu’elles soient conçues pour permettre à l’UE d’atteindre ses objectifs en matière de climat et de jouer un rôle de premier plan au niveau mondial dans le domaine des technologies propres et de l’innovation industrielle, les nouvelles stratégies ne sont en réalité qu’une consolidation de nombreuses mesures existantes, avec une orientation opérationnelle à long terme plus marquée qu’auparavant.

La Commission européenne souhaite accélérer l’environnement règlementaire pour permettre aux technologies de se développer rapidement. Elle fixe des critères de production pour les technologies et les matériaux clés au sein de l’UE, ce qui n’est pas si fréquent.

Le modèle de marché qui a fonctionné durant tant d’années ne fonctionne plus aussi bien lorsqu’il y a un problème de sécurité d’approvisionnement en énergie, comme c’est le cas aujourd’hui. L’Europe est actuellement confrontée à la démondialisation des marchés, alors que la mondialisation et le commerce ont été le fondement même d’une économie européenne florissante.

Des interrogations persistent sur le financement et la stratégie de recherche

La principale question soulevée par le NZIA est celle du financement. Il a été question d’un financement central, mais le NZIA ne prévoit aucun nouveau financement substantiel. En revanche, il permet aux États membres d’accorder des subventions dans des domaines stratégiques clés, ce qui est généralement contraire à la législation de l’UE en matière d’aides d’État.

En dehors de cela, le financement continuera à provenir des canaux existants tels que le mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE), les projets importants d’intérêt européen commun (PIIEC) et le programme InvestEU, ainsi que de nouveaux mécanismes tels que l’encadrement temporaire de crise et de transition.

Un autre aspect préoccupant est l’absence de stratégie de recherche mentionnée dans les récents rapports. C’est un domaine dans lequel les programmes-cadres de recherche et d’innovation de l’UE ont excellé en rassemblant les efforts et l’expertise paneuropéens pour mettre en avant de nouvelles technologies et solutions.

Les gouvernements recherchent des solutions rapides et des moyens de créer de la valeur avec le fruit de préparation technologique élevée. Si cette stratégie fonctionne à court terme, cela crée un déficit d’innovation pour le flux régulier de nouvelles technologies qui seront nécessaires pour atteindre l’objectif « net zéro ». Le fait d’être pressé signifie que le modèle d’innovation linéaire ne fonctionne pas. En parallèle, il faut mener la recherche, l’innovation et le déploiement en étroite collaboration.

Les principaux États membres appellent à doubler les efforts pour le prochain programme-cadre, en vue d’un investissement de 200 milliards d’euros dans l’économie future de l’UE.

La course est donc lancée. Il ne s’agit pas seulement de la course au « zéro net », mais également de la course aux subventions. Jusqu’à présent, le changement climatique, la protection de la nature et des océans n’ont pas été pris en compte dans le modèle économique européen. Cela va changer, et rapidement, car l’Europe se prépare à un nouveau modèle de marché fondé sur des objectifs durables.

 

Article traduit de Forbes US – Auteur : Nils Rokke

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