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Start-up européennes : l’opportunité historique de bâtir enfin un marché unique

Face aux crises géopolitiques, climatiques et technologiques, l’Europe dispose d’un levier majeur de souveraineté : ses startups. Mais faute d’un marché unique véritablement intégré, elles peinent encore à rivaliser avec les géants américains et chinois. L’initiative EU-INC entend changer la donne en créant un cadre juridique paneuropéen simple et unifié.
Face aux crises géopolitiques, climatiques et technologiques, l’Europe dispose d’un levier majeur de souveraineté : ses startups. Mais faute d’un marché unique véritablement intégré, elles peinent encore à rivaliser avec les géants américains et chinois. L’initiative EU-INC entend changer la donne en créant un cadre juridique paneuropéen simple et unifié.
Face aux crises géopolitiques, climatiques et technologiques, l’Europe dispose d’un levier majeur de souveraineté : ses startups. Mais faute d’un marché unique véritablement intégré, elles peinent encore à rivaliser avec les géants américains et chinois. L’initiative EU-INC entend changer la donne en créant un cadre juridique paneuropéen simple et unifié.

Une contribution de Maxime Paradis, entrepreneur, investisseur et cofondateur du European Tech Sovereignty Summit et United Founders

 

Notre continent est confronté à une accumulation de crises : la guerre en Ukraine, la transition climatique et énergétique, une démographie en recul, une dette publique croissante, des démocraties fragilisées et, au-dessus de tout, l’accélération de l’intelligence artificielle qui redessine les équilibres mondiaux. Dans ce contexte, les start-up ne sont pas un luxe. Elles sont un outil stratégique de souveraineté. Elles inventent les technologies de défense qui garantiront notre sécurité, les innovations climatiques qui permettront la transition énergétique, les solutions médicales et robotiques qui transformeront nos sociétés. Elles créent des emplois, renouvellent nos industries et assurent notre compétitivité économique à long terme. Pourtant, malgré l’abondance de talents et de capitaux, l’Europe reste à la traîne face aux États-Unis et à la Chine.

 


Le vrai problème : la fragmentation

Trop souvent, lorsqu’un fondateur ambitieux lève des fonds, son conseil est clair : créer une société dans le Delaware. Pourquoi ? Parce que tout y est simple, rapide et standardisé : une seule forme juridique (la C-Corp), des contrats universels comme le SAFE de Y Combinator, un cadre lisible qui rassure fondateurs et investisseurs. En Europe, à l’inverse, l’entrepreneur se perd dans un labyrinthe : 27 pays, des dizaines de formes sociales, chacune avec ses règles, ses coûts et ses lenteurs. C’est une situation qui génère une perte de temps, d’argent et de compétitivité.

Comme le rappelle Niklas Zennström (Atomico) : « Europe has no shortage of talent, ambition, or ideas but it still lacks a functional Single Market for startups to scale. This can’t be symbolic or driven by legacy voices. It must be co-created with the founders building Europe’s tech future. » Et Martin Mignot (Index Ventures) ajoute : « The thing Europe needs the most is not capital and certainly not talent, but a giant fully unified market for their most ambitious startups to scale. »

 

La solution : EU-INC

Face à ce constat, une initiative a émergé : EU-INC. Son ambition est claire : créer une nouvelle forme juridique paneuropéenne, un « 28e régime » permettant à une start-up d’opérer sous un seul cadre à travers toute l’Union européenne.

L’EU-INC se décline en plusieurs piliers :

  • EU-INC : une société standard, simple et adaptée aux start-up.

  • EU-REGISTRY : un registre central numérique au niveau de l’UE.

  • EU-FAST : une documentation d’investissement harmonisée, sur le modèle du SAFE.

  • EU-ESOP : un cadre européen efficace pour les stock-options.

  • EU-DASHBOARD : une interface unique pour gérer gouvernance et cap table en ligne.

L’objectif est simple : permettre à une entreprise née à Paris de lever des fonds à Berlin, d’embaucher à Lisbonne et de s’implanter à Varsovie sans recréer une société à chaque étape.

 

Une mobilisation sans précédent

Depuis octobre 2024, le mouvement a pris une ampleur inédite. La pétition EU-INC a rassemblé plus de 16 000 signatures de fondateurs et d’investisseurs à travers l’Europe, devenant la mobilisation la plus massive de l’histoire des start-up. Des figures mondiales comme Patrick Collison (Stripe), Taavet Hinrikus (Wise), Sonali De Rycker (Accel) ou Arthur Mensch (Mistral) l’ont soutenue publiquement.

En janvier 2025, une proposition juridique détaillée a été publiée en open source avec l’appui de cabinets de premier plan (Bird & Bird, Orrick, Osborne Clarke) et d’associations européennes. En février, elle a été présentée officiellement à Bruxelles aux nouveaux commissaires européens.

Depuis, des échanges réguliers ont lieu avec le groupe de travail mandaté par Ursula von der Leyen. Et la semaine dernière, la Commission a lancé une consultation publique sur le 28e régime.

 

Le momentum politique

Jamais une telle convergence de voix n’avait existé.

  • Ursula von der Leyen : « Continental scale is our biggest strength. »

  • Mario Draghi : « We can change our continent’s trajectory. Removing obstacles to intra-European trade would have a considerable impact on European growth. »

  • Arthur Mensch (Mistral) : « Without an ambitious yet simple ’28th regime’, we risk losing another generation of European innovators. »

  • Hanno Renner (Personio) : « Europe is much more than a museum. We have ambitious founders and incredible talent. But Europe must further increase its relevance by joining forces across countries. »

Les signaux politiques sont clairs. Mais rien n’est gagné.

 

L’urgence : la deadline du 30 septembre

La consultation publique de la Commission se clôture le 30 septembre 2025. Si l’écosystème reste silencieux, nous aurons une version édulcorée, technocratique, qui ne changera rien. Mais si les fondateurs, investisseurs et acteurs européens parlent d’une seule voix, alors l’Europe peut obtenir un EU-INC ambitieux et complet.

C’est une occasion historique : dans deux ans, les premières start-up pourraient être créées sous le statut EU-INC. Cela changerait radicalement l’attractivité de l’Europe face au Delaware et à la Silicon Valley.

 

Un appel à l’action

Je lance donc un appel à tous les fondateurs, investisseurs et leaders de notre écosystème : prenez cinq minutes pour contribuer à cette consultation. Car ce que nous décidons aujourd’hui déterminera la place de l’Europe dans l’économie mondiale des vingt prochaines années.

Comme le dit Sonali De Rycker (Accel) :

« European entrepreneurs have long had the appetite and ambition to build global, category-defining companies, and now it’s time to unlock Europe’s full potential. A single, unified market will be consequential in every way. »

L’Europe a une chance historique de devenir le meilleur endroit au monde pour créer et scaler une start-up. Ne la manquons pas.

 


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