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Laurent La Rocca, CEO de The Treep : « Nous aidons les entreprises à se débarrasser des voyages superflus et trouver un équilibre entre business à distance et physique »

Laurent La Rocca, CEO de The Treep.Laurent La Rocca, CEO de The Treep.

Selon le baromètre de l’association européenne de l’aviation d’affaires (EBAA), les déplacements professionnels aériens ont connu en 2022 un regain de 11,8%, après un temps d’arrêt historique engendré par la crise sanitaire. Mais si le trafic reprend, il se pourrait que le voyage d’affaires ne soit plus comme avant. Laurent La Rocca, CEO du logiciel de réservation de voyages d’affaires The Treep, nous explique dans cet entretien comment les entreprises réinventent leur manière d’entretenir leurs relations commerciales à distance, afin de limiter autant leur impact carbone que leurs dépenses.

Comment vous est venue l’idée de créer The Treep ?

L’idée de créer The Treep est venue en 2016 avec mon associé Pierre-François Verbecque. Nous étions tous les deux à l’origine dans de grands groupes où il était courant de faire beaucoup de voyages d’affaires dans toute l’Europe et à l’international.

Et nous avons fait le constat que les outils de réservation de voyage étaient dépassés ; notamment au regard de l’ergonomie de pointe des logiciels de réservation de vacances type Booking. Les échanges avec les agences de voyage sont souvent interminables et notre logiciel permet de gagner beaucoup de temps pour acheter des billets de train ou d’avion ou pour louer une voiture.

À partir d’une certaine taille, les organisations ont tout intérêt à faire appel à nous comme
intermédiaire pour éviter un volume de notes de frais trop important et ainsi éviter les trous de trésorerie au collaborateur.

Comment faites-vous pour promouvoir un modèle de voyage d’affaires plus responsable ?

Au moment de la COP21 en 2015, nous nous sommes dit qu’il fallait réinventer le voyage d’affaires sur le plan écologique. Autrement dit, permettre aux entreprises d’agir vers une diminution de l’empreinte carbone de leurs voyages d’affaires.

Par exemple, pour comparer le train par rapport à l’avion pour un trajet Paris-Marseille, nous affichons notamment la durée totale du voyage (ajoutant à la durée du transport principal tous les temps additionnels : les temps de transport pour arriver ou repartir des aéroports ou gares et les temps d’embarquement et débarquement)

En complément, nous comparons également les solutions de transport possibles sous l’angle de l’empreinte carbone. Cela met en évidence que, pour un même trajet, l’avion est 80 fois plus émetteur de CO2 que le train.

Mais l’utilisateur a le dernier mot et notre rôle reste de l’inciter à privilégier le mode de transport le moins émissif en fonction de ses besoins. Le temps utile dans le transport est également mis en évidence. Le temps de travail possible dans un train par rapport à un avion est également très supérieur.

Comment avez-vous survécu à la crise et l’arrêt total de l’aviation civile ?

Ce n’est qu’en 2019 que nous avons connu une exploitation très forte de notre produit et puis le Covid a stoppé net notre progression. Nous avons eu l’occasion de lever des fonds plusieurs fois et notamment auprès de la Banque des territoires et d’IMA Participations 

mais je ne vais pas mentir : c’était tout de même un passage compliqué. Grâce à nos actionnaires, nous avons réussi à passer cette crise et nous en avons profité pour réfléchir et approfondir notre modèle. Nous sommes d’ailleurs très prudents sur les fluctuations du marché et nous ne partageons pas l’idée d’une croissance infinie ; qui de toute façon n’est pas possible dans un monde fini.

Cette réflexion est parfois angoissante car l’État ne sera pas toujours là pour nous sauver en cas de crise. Si nous voulons rendre notre business model compatible avec les limites planétaires, il faut totalement le réinventer. La logique de “+ de voyages = + d’argent” est tout simplement écocide et fluctue trop selon le contexte. C’est pour cela que nous avons mis en place un système d’abonnement pour mieux faire face aux incertitudes du marché et ne pas être trop dépendants du nombre de voyages effectués.

Peut-on faire du business sans voyager ?

C’est là le grand dilemme auquel doivent faire face les entreprises depuis la sortie de la crise sanitaire : peut-on maintenir des relations commerciales uniquement à distance ? Chez The Treep, notre effort en R&D s’intéresse justement à commercialiser un outil d’aide à la décision qui détermine si un voyage est essentiel ou non. Plusieurs critères sont explorés : voyage substituable ? expertise in situ indispensable ? enjeu financier de la rencontre élevé ? fréquence de la rencontre ?

De notre point de vue, il y aura toujours besoin de rencontrer des clients de visu mais notre objectif reste d’aider les entreprises à se débarrasser des voyages superflus et trouver un équilibre entre business à distance et physique. D’autres solutions sont aussi possibles comme le fait de trouver un lieu de rencontre à équidistance entre deux entreprises.

Mais évidemment, il y a des voyages qui ne peuvent tout simplement pas être bas-carbone – à l’image du trajet Paris-New York – et certains mécanismes de compensation sont prévus comme les projets de reforestation. Mais à mon sens, il ne faut pas que cela soit l’action principale qui permet aux entreprises de s’acheter une bonne conscience.

Une vraie entreprise contributive et régénérative inclut cette action de compensation dans sa mission globale mais n’établit pas une corrélation directe avec sa propre activité pour simplement présenter un bilan carbone plus propre.

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