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Echouer Vite Et Échouer Mieux, Une Clé Pour Entreprendre Et Réussir

Si on en croit les chiffres de l’Insee qui annoncent une hausse des créations d’entreprises de 5% en 2018, on peut dire que la « start-up nation » a le vent en poupe et que bien des gens se rêvent entrepreneurs. Autant le patron a une mauvaise image (en tout cas en France), autant l’entrepreneur en a une bonne… alors qu’il est pourtant aussi un patron !

Mais il conserve un côté aventurier romantique, qui se lève chaque matin pour réaliser ses rêves. Et son entreprise est naissante (ou en pleine puberté) alors ça reste mignon, humain et chaleureux. De plus, rien à voir avec le capitalisme ! Ses motivations viennent du plus profond de ses entrailles…

  • « C’est un projet qui me tient à coeur… »
  • « Je veux être mon propre patron ! »
  • « Je veux me prouver que j’en suis capable, tout simplement. »
  • « Je veux être libre et prendre ma vie en main… »
  • « Je suis né comme ça, je suis un serial entrepreneur ! »
  • « Je me suis fait virer, je veux leur prouver qu’ils ont eu tort. »
  • « Je veux changer le monde… »

 

Ainsi, il y a des tonnes de raisons d’entreprendre et de monter sa boîte, et toutes sont bonnes. Mais il y a aussi quantité de raisons de ne pas le faire, et la plupart ne le sont pas ! Même si elles sont respectables, légitimes et explicables.

  • « Ce n’est pas le moment… »
  • « J’ai un prêt à rembourser et une famille à nourrir. »
  • « Je ne supporte pas l’inconnu ! »
  • « Je gagne très bien ma vie, pourquoi tout risquer ? »
  • « Je n’ai tout simplement pas d’idée. »
  • « Il faut beaucoup d’argent… »
  • « J’ai peur de me planter ! »

 

La liste des freins qui nous empêchent de passer à l’acte est longue. Il faut donc sans doute une bonne dose d’inconscience, que d’autres appelleront courage (et l’inverse est vrai aussi !), pour se jeter à l’eau. Avec parfois un sentiment d’urgence et de nécessité… Mais il s’agit rarement d’une décision radicale. C’est plus souvent un mouvement qui nous met sur le chemin d’entreprendre : un petit pas suivi d’un autre, l’enthousiasme contagieux d’un associé qui nous précipite à sa suite, une vague opportune qui nous empêche de résister.

Pourtant, certains franchissent le pas quand d’autres se contentent d’en parler. Alors qu’est-ce qui fait la différence ? Difficile à dire, mais il est probable que la soif d’indépendance soit l’étincelle qui met le feu au moteur : s’il fascine autant, c’est sans doute parce que l’entrepreneur est avant tout le patron de sa vie. Dans une époque qui multiplie les contraintes et réduit les libertés, il est celui qui a décidé de prendre son destin professionnel en main. Seul ou en groupe, il se lance dans un voyage.

Sa quête ? Parfois simplement le désir brulant de donner vie à une idée. Parfois aussi l’envie de sortir du lot pour accéder à une forme de reconnaissance. Souvent, juste la volonté de prendre les commandes, de faire les choses comme il l’entend et de créer quelque chose de plus grand que lui.

Et si l’entrepreneur a le vent en poupe, c’est parce qu’il incarne quelque part un héros des temps modernes, désireux de porter une idée en prenant le risque de sortir d’un cadre bien balisé. Or la route vers l’inconnu fait peur ; on risque de tomber, on risque de se perdre… et on risque d’échouer.

Ah, la peur de l’échec ! Depuis l’école, on nous enseigne que se tromper, c’est échouer. En France, on n’apprend pas en se risquant à essayer, on apprend en relisant ses cahiers. Sinon, c’est la honte devant toute la classe, la mauvaise note assurée et les réprimandes parentales en rentrant à la maison.

Dès lors, on retient la leçon : surtout, ne prendre aucun risque.

Car un parcours scolaire comme une carrière exemplaire ne peut supporter ni pause ni accident de parcours. On gommera même une année de chômage dans son CV en inventant un projet humanitaire ou un tour du monde, ça fait tout de même plus sérieux que de dire qu’on a été licencié et que notre génie n’a pas été reconnu immédiatement chez un autre employeur.

Une drôle de culture quand on sait que la recherche scientifique de haut niveau est basée sur un principe simple : l’expérience. On essaye pour voir si ça marche ou si ça ne marche pas, puis on avise en fonction du résultat.

D’ailleurs, on trouve aussi cette méthode chez les enfants, par exemple un nourrisson qui apprend à marcher ou à parler. Il essaye, il se trompe, on l’aide à mieux faire, il essaye de nouveau et finalement il réussit. Mais pourquoi ce qui est si mignon chez un bébé deviendrait si horrible dès l’école maternelle ? Dans d’autres cultures, on encourage les enfants à s’exprimer et à prendre des risques, non pas en portant l’échec comme une ambition, mais bien comme un moyen d’apprendre plus rapidement.

Les exemples sont nombreux : les entreprises qui réussissent n’ont pas peur d’essayer, quitte à se tromper pour corriger le tir. Le but n’est évidemment pas de se tromper pour se tromper mais de faire des tests sans craindre qu’ils échouent, afin d’améliorer son produit ou son service dans un processus itératif. D’ailleurs, un article paru dans la Harvard Business Review en avril 2011 classe les échecs dans trois catégories distinctes :

  • Les « good failures » ou « bons échecs », c’est-à-dire les échecs probables et attendus en raison d’un essai sur une idée nouvelle ou un processus nouveau ; ils permettent à l’entreprise de progresser en étant une source d’enseignements pour le patron et les salariés (par exemple, l’essai d’un nouveau packaging pour une opération promotionnelle).
     
  • Les « bad failures » ou « mauvais échecs », c’est-à-dire les erreurs de jugement ou d’appréciation qui se reproduisent car on n’en tire aucune conséquence, ce qui dégrade la qualité du produit ou du service au fur et à mesure (par exemple, ne pas tenir compte des retours des clients lors des enquêtes de satisfaction).
     
  • Les « unavoidable failures » ou « échecs inévitables », c’est-à-dire les échecs définitifs qui conduisent à la faillite d’une entreprise et dont il sera difficile de se remettre (par exemple… non, on ne veut être désagréable avec personne !).

Dans la vie des entreprises qui réussissent, il y a souvent plusieurs bons échecs, qui permettent d’améliorer la qualité de l’offre initiale au fil du temps, et parfois quelques mauvais échecs, dont il faut se relever avant de prendre le mur. Quant aux échecs inévitables, ils résident souvent dans l’idée de départ, dans la mise en œuvre initiale ou dans le refus de s’adapter…

Mais vous aurez compris une chose : se planter n’est pas mortel et ça peut même être bénéfique !

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