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Apidata, l’Insurtech Leader De La Data Quality

Apidata est LA Start Up de l’Insurtech à suivre ! Cette pépite de la FrenchTech est une belle illustration de la Start Up Nation promue par notre président Emmanuel MACRON : rentable depuis sa première année de création, sans aucune levée de fonds à ce jour, elle comptabilise déjà dans ses bases plus de 3,5 millions d’assurés et plus de 450 millions de flux de données. Focus sur une success story à la française.

 

Forbes : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Xavier Garcia : Je suis le CEO d’Apidata, une start-up de l’InsurTech, dans le secteur de l’assurance et plus précisément dans l’assurance de personnes : santé, prévoyance, emprunteur, retraite… Nous intervenons cependant majoritairement dans la santé et la prévoyance, tant individuelle que collective.

 

Quel est votre parcours et qu’est-ce qui vous a amené à rejoindre ce domaine assez pointu ?

C’est une histoire de rencontre… la rencontre de trois professionnels du métier de l’assurance, de personnes autour d’une vision commune des besoins du secteur !

Tout d’abord, Christophe Burlot, ex directeur général de groupe de protection sociale (Institution de Prévoyance, Mutuelle, Caisse de Retraite GIE, centres de gestion…). Christophe est devenu un ami après avoir été mon client lorsque j’étais en charge des relations avec l’économie sociale au sein du groupe Generali (sur les sujets de réassurance de Mutuelles et d’Institutions de Prévoyance).

Il faut savoir que les grands assureurs assurent ou réassurent des assureurs de taille inférieure même s’il ne s’agit pas de leur seule activité. Des assureurs peuvent aussi être réassureurs entre eux, quelle que soit leur taille. J’étais donc en charge des relations avec l’économie sociale, au niveau des entreprises, et je réassurais l’Institution de Prévoyance dirigée par Christophe.

Christophe de son côté développait une première activité avec Michel Ramos, un spécialiste en génie informatique et père de la solution, fort d’une longue expérience en banque puis assurance. Le courant est bien passé entre nous 3, nous avions la complémentarité et une même culture du secteur !

Nous avons rapidement fait le constat d’un manque au niveau du marché de l’assurance de personnes, en France, un vide métier qui correspond aux activités de middle office dans le secteur bancaire. C’est l’interface entre les activités de « back » et de « front » office, et en assurance cela n’existe pas. Tout est vraiment séparé. Il n’existe pas d’outil adapté à la communication entre le monde de la gestion et les autres mondes, qu’ils soient techniques ou commerciaux.

En assurance de personnes encore plus que dans l’IARD par exemple, les quantités de données gérées sont gigantesques – des millions et des millions de lignes – qui sont échangées entre les gestionnaires, les courtiers, les services internes des assureurs, et chacun les gère, ou pas, à sa façon. Nous constatons ainsi un gros souci de fiabilité des données et une énorme difficulté à établir rapidement des comptes de résultats justes, pour les populations assurées comme pour les entreprises.
C’est-à-dire que le cheminement de l’information est tellement lent , aléatoire et complexe dans l’assurance que, pour essayer de rétablir un équilibre, les assureurs prennent des précautions, c’est la réglementation, et cela se matérialise par des provisions. Les provisions sont estimées selon bien sûr le niveau d’information et la qualité de celle-ci. Moins l’information est disponible, ou incomplète, plus la provision sera élevée.

Autant dire que la qualité de l’information disponible est très importante !

L’assurance est un métier étonnant… où le résultat et les bénéfices sont très fortement tributaires du montant des provisions. Une trop grande prudence peut se traduire par des pertes, être déficitaire et donc ne pas payer d’impôts – à l’inverse ne pas être assez prudent peut permettre de sortir de bons résultats, – donc payer plus d’impôts – mais aboutir au risque de ne pas respecter la réglementation qui impose un niveau de fonds propres suffisants en face des engagements.

C’est le métier de base de l’assureur de « piloter » son risque. Et là-dessus, à l’époque, à la surprise générale, nous avions constaté qu’il y avait un flou, pour ne pas dire un vrai manque à ce niveau-là.

 

Un exemple concret, peut-être ?

Sans mentionner les noms, parlons du cas d’un important opérateur mobile, avec qui nous réalisions à l’époque entre 12 et 14 millions de chiffre d’affaires. Un courtier, un assureur et l’entreprise, risque santé et prévoyance, arrêts de travail…

Arrive l’époque des résultats, qui se traduit par un ratio, d’après la direction technique, de – si mes souvenirs sont bons – 112. Il manquait donc 12 points pour être à l’équilibre.

Problème, que fait-on pour redresser le compte ? Bien sûr une augmentation de tarif et un aménagement des garanties. Le client est quand même un peu sceptique, parce qu’il trouve ça bizarre. Il décide de lancer un appel d’offre, via d’autres courtiers et d’autres assureurs. Nous faisons une nouvelle proposition avec le courtier avec une augmentation de 4 points et un aménagement les garanties, en espérant pouvoir rattraper les mauvais résultats sur la durée. Et badaboum, un assureur et un courtier concurrents proposent -10 par rapport au tarif. Un an et demi plus tard, le service Inventaire de la direction technique, qui recense tous les sinistres, réalise qu’ils n’étaient pas à 112 mais à 106. Ils n’avaient pas reçu les données à temps. Résultat des courses : nous avons perdu le contrat.

Conclusion : sans data juste, pas de gestion fine possible pour les entreprises d’assurance.

Tout tourne ainsi autour de la data, de son exploitation, de sa fiabilité et de sa vitesse de circulation.

Avec mes associés actuels, forts de ces constat et de notre partage d’expérience, nous avons réalisé que la data était à la fois extrêmement précieuse et fragile. L’ennemi de la data, c’est la main humaine. A chaque fois qu’une information est saisie manuellement la qualité de la donnée est altérable, car le potentiel d’erreur de saisie est important.

Nous avons donc conçu une solution qui permet de traiter la data par des robots, par un outil, une plateforme, qui récupère ces données, les traite, les fiabilise, les « historise », et la rend exploitable pour l’assureur, de manière optimale, en excluant les tâches manuelles, qui sont réservées à l’analyse et l’expertise.

 

Et vous avez donc créé Apidata.

En effet, nous avons donc créé Apidata en 2012 après deux ans de R&D, la commercialisation a vraiment débutée à partir de 2014.

Une solution permettant de rendre aux acteurs de l’assurance une vision juste de leur données, notamment de gestion.

Assez rapidement le leader de l’assurance en France, CNP Assurances, est devenu un client. Puis nous avons complété nos offres pour proposer des solutions plus industrielles, susceptible d’être déployée très rapidement et à moindre coûts. Nous avons pour cela finalisé nos propres dictionnaires de données, nous « imposons » notre modèle métier, basée sur l’analyse de l’ensemble des modèles constatés sur le marché.

Enfin, nous lançons cette année (un scoop rien que pour vous) un nouveau service, inédit en France : la gestion de la gestion déléguée.

Nous allons l’appeler « Apigestion ». Plutôt que de vendre ou de louer l’outil, nous demandons à l’assureur de nous confier, pour leur compte, la récupération des données de leurs courtiers-gestionnaires, nous nous chargeons de l’outil et du service d’homogénéisation. Nous allons devenir l’interface entre l’assureur et ses gestionnaires. La seule chose qu’il devra malgré tout conserver et accentuer sera la conformité, au travers du déclenchement d’audits sur place, parce qu’il est nécessaire qu’il conserve la maîtrise de ces activités : contrôler, déclarer, vérifier…

Aujourd’hui, il y a ce qu’on appelle des délégataires de gestion, des sociétés qui ne font que gérer pour le compte des assureurs, qui ne sont pas forcément courtiers ou distributeurs d’ailleurs.

Nous allons ainsi être les premiers gestionnaires de ces délégataires. Aujourd’hui, c’e sont en moyenne 50/60 personnes ETP pour 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires, qui ne font que ça.

Autour de ces 50/60 personnes, on a à peu près 150 à 200 personnes qui, partiellement en tout cas, interviennent dans la chaîne autour de ces services dédiés. Notre nouvelle proposition de service est de prendre en charge la relation avec les délégataires.

 

Parlons un peu technique et RD (développement informatique).

Technologiquement nous n’utilisons que des éléments standards et de l’open source. Nous avons développé en java standard et avons utilisé des base de données relationnelles. Contrairement à nos concurrents qui ont utilisé des bases NoSQL avec une approche beaucoup plus statistique et analytique que la nôtre, nous avons davantage axé notre réflexion sur le traitement et l’organisation de la donnée.

Nous sommes une source d’alimentation essentielle du big data, des outils BI et des CRM. Nous contribuons également aux déploiement d’outils d’intelligence artificielle qui peuvent s’appuyer sur des données de qualité pour de meilleurs résultats . Les outils comptables, réglementaires (pour les tutelles), audit … sont des clients naturels de notre solution: traitement, qualification et fiabilisation de la donnée sont les maîtres mots de nos interventions.

Notre philosophie est de ne pas transformer la donnée. Nous la « raffinons » pour qu’elle soit utilisable par l’ensemble des outils du système d’information : la donnée est filtrée, historisée, triée, classée, enrichie, réorientée, distribuée et réinjectée au bon endroit au bon moment pour les bonnes personnes.

 

Combien êtes-vous aujourd’hui chez Apidata ?

Dix collaborateurs, dont… un développeur. Cela peut paraître surprenant mais ça ne l’est pas tant puisque c’est en réalité la machine qui développe. C’est notre secret de fabrication.

Un pense pour la machine et les autres – des data scientists ou des datas analystes – analysent au départ les formats de données.

Il manque souvent des données basiques à nos clients, qui sont pourtant réglementairement obligatoires. Elles sont aussi souvent récupérées sous un format agrégé, sauf que la réglementation (Solvabilité 2) impose de les avoir détaillées. C’est alors un peu notre rôle, ici, de faire le gendarme et de demander des contenus exhaustifs, mais nous n’exigeons aucune organisation ou type de format, afin de faciliter le plus possible le travail des délégataires.

 

Pour combien de clients ?

Nous avons aujourd’hui 4 clients en production. Nous sommes montés jusqu’à dix, auparavant, parce que le secteur de l’assurance est en pleine concentration.

Ces 4 clients à eux seuls représentent 3,5 millions de personnes, pour un traitement d’environ 450 millions de flux traités par an.

Et pour gérer ce volume, en toute sécurité, nous avons comme hébergeur OVH (une entreprise française spécialisée dans les services de cloud computing fondée en 1999) sur deux sites à Strasbourg et à Lille. C’est totalement sécurisé, nous disposons de nos propres serveurs.

Aujourd’hui nous n’utilisons environ seulement 4% du volume dont nous disposons, autant dire qu’il y a encore une marge colossale.

 

Six ans d’existence, 4 des plus grands réassureurs en France comme clients… Quelles sont les barrières à l’entrée ? Qu’est-ce qui vous différencie de la concurrence ?

Nos intuitions nous ont fait prendre de l’avance.

Ensuite, notre intimité relationnelle avec ce marché que nous connaissons bien. Nous aidons nos clients à prendre conscience de la nécessité de changer de vision sur les outils de gestion. Notre regard d’expert et notre culture de ce métier rendent nos propos crédibles. Nous sommes un peu là comme un « médecin », et ce n’est pas quelque chose qui est facilement avouable parfois, pour certains et notamment les DSI (directeurs des systèmes d’information, ou directeurs informatique) pour lesquels notre sujet devrait être prioritaire.

La difficulté des DSI est qu’ils ne parlent pas le même langage, qu’ils ne sont pas dans le même monde. Nous faisons donc office, en quelque sorte, d’interprète, entre les DSI et les métiers.

A l’heure actuelle, nous sommes les seuls capables de proposer cela : une double compétence métier / informatique.

Ensuite, nous avons une approche « ultra-métier » par rapport à nos concurrents Nous avons notre propre infrastructure : serveurs, hébergement, exploitation qui nous permettent de travailler en proximité, nous ne sommes ni intrusifs, ni exclusifs. Nous n’avons pas de problème de « rejet de la greffe » puisque nous ne sommes pas dans le corps.

 

Avoir leur data en dehors de leurs serveurs ne leur pose pas de souci ?

Au début, ils refusent totalement.

 

Alors comment réussissez-vous à les convaincre ?

Le coût. Le client n’a pas besoin de bases Oracle par exemple (une entreprise américaine créée en 1977 qui offre des applications Cloud et des services de plateforme intégrés), tout simplement.

 

Comment vous êtes-vous financés et quel est votre chiffre d’affaire aujourd’hui ?

Intégralement en autofinancement et nous avons été rentables dès la première année. En 2017 nous avons ainsi réalisé un chiffre d’affaires de 2 millions d’euros.

 

Quelle est votre stratégie aujourd’hui, quelles sont vos perspectives d’avenir ?

Nous souhaitons nous développer à l’international puisque nous n’avons pour le moment que des clients franco-français.

Nous sommes en train d’effectuer une étude pour l’export, justement, et les premières informations que nous avons recueillies montrent que le marché français est extrêmement structuré et automatisé. C’est pratiquement le meilleur du monde sur l’assurance de personnes avec la sécurité sociale, les régimes complémentaires, etc. Que ce soit sur la santé ou la prévoyance, c’est le système le plus évolué et le plus propre.

A titre de comparaison le NHS en Angleterre compte environ 70 centres de gestion différents répartis sur tout le territoire. L’information n’est pas centralisée. Par rapport à la France, ils sont presque à l’âge de pierre.

Quant à l’international nous pensons forcément à l’Obamacare, mais la communication est loin d’être meilleure. Aux Etats-Unis, des sociétés cherchent à faire « comme nous » mais elles ont beaucoup de mal parce qu’elles manquent justement de cette approche métier. Et elles sont davantage en NoSQL, en approche analytique, qu’en traitement. Ils ne prennent pas le sujet par le même bout que nous. Nous allons en amont quand eux sont en aval.

Quant aux années à venir, pour 2019, 2020… Nous espérons doubler notre chiffre d’affaires chaque année, accroître nos effectifs – surtout avec Apigestion. A termes, nous espérons travailler avec des très grands comme Axa ou Allianz mais pour l’heure nous misons sur des acteurs plus modestes et je pense notamment aux bancassureurs.

 

Pourriez-vous définir Apidata en trois mots clés ?

Transparence

Pertinence

Compliance

 

Rédigé avec Clémence Monfray

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