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Sissy Mua : comment la fitgirl veut dominer le business de la sueur

Sissy Mua, le 28 février à Paris. Crédits : Maurice Midena

Portrait | L’influenceuse fitness et entrepreneuse Sissy Mua lance une offre B2B pour Trainsweateat, son « Netflix du sport et du bien être à la maison », pour partager un peu plus sa passion des haltères et des squats.  Dont elle a fait un joli business. 

Avec Maurice Midena 

 

Pour cette fois, elle a laissé le legging et la brassière au vestiaire pour arborer une tenue de ville. Seule la paire de sneakers qu’elle porte pourrait rappeler qu’elle est une fitness girl. C’est décontractée et souriante que Sissy Mua  s’est confiée à Forbes France. La jolie niçoise totalise sur ses différents réseaux sociaux 1,5 millions d’abonnés sur Instagram, 1,97 millions d’abonnés sur YouTube – avec des centaines de milliers de vues – et une application de sport, Trainsweateat aux milliers d’abonnés. En ce début 2024, elle lance une nouvelle offre TSE PRO sur son application sportive.  

Tout a commencé en 2009 pour celle que sa communauté appelle désormais « Tata Sissy » (l’intéressée tient à ce que son vrai nom ne soit pas public). Cette année-là, elle se lance sur la plateforme YouTube et propose du contenu mode et maquillage – d’où son surnom « Mua », pour « make up artist ». En parallèle, âgée de 18 ans, Sissy quitte son sud pour aller étudier à la réputée Université technologique de Compiègne dans le but d’obtenir un diplôme en ingénierie agroalimentaire. Outre sa vie étudiante, Sissy est une férue de sport, notamment de la danse : du modern jazz, du classique, mais c’est à Compiègne qu’elle commence le fitness dans une salle adjacente à son université, car la pratique du sport a toujours fait parti de son quotidien. Se surpasser, c’est ce qui l’attire dans ce milieu rempli de testostérone. Sur les bancs de l’université, ses camarades sont pour le moins sceptiques.

Mais lors de ses études, elle a l’opportunité de faire une césure au Brésil, “un petit break” comme elle le dit. Elle y reste seulement un an, mais là-bas c’est le coup de foudre pour l’univers du fitness. “J’ai découvert le fitness sous une approche un petit peu différente. A cette époque, en France, le fitness était assez peu pratiqué par les femmes. Moi j’allais déjà dans des salles de musculation et c’est vrai que quand j’y allais, j’étais toujours la seule femme sur les machines, ou alors on était deux.” Dans les années 2010, en France, le fitness n’est pas aussi populaire qu’aujourd’hui. Certains stéréotypes forts dominent le milieu : un univers exclusivement masculin, voire beauf pour certains. “Au Brésil j’ai pu découvrir que le fitness était beaucoup pratiqué par des femme, qui n’avaient pas peur de se muscler et de fréquenter un lieu très masculin. J’ai beaucoup aimé l’approche et c’est ce qui m’a fait pratiquer encore plus à mon retour”. 

Ce qui n’était à l’origine qu’un loisir, devient finalement pour Sissy Mua une philosophie de vie. Au fil du temps, ses entraînements deviennent plus réguliers et sa pratique s’intensifie. A son retour en France, boostée par son voyage, elle se met à proposer à sa communauté du contenu sportif. “ J’ai été beaucoup influencée par les réseaux sociaux, donc je suis vite passée de consommatrice de contenus sportifs à créatrice. Petit à petit, je me suis spécialisée car le sport a pris plus de place dans ma vie personnelle”. En 2013, elle commence à proposer à ses abonnés des programmes gratuits à faire à la maison : les célèbres « Bikini avec Sissy » – découlant du body summer pour être “jolie” l’été en bikini – qui ont un succès fulgurant. Pour exemple la vidéo “10 min pour perdre le bas du vente”, comptabilise aujourd’hui 6,8 millions de vues sur YouTube. Au vu de la popularité de ce rendez-vous saisonnier, Sissy et son associé Tini – qu’elle a découvert en 2016 au détour d’un entraînement de fitness et qui est aujourd’hui son compagnon – décident de pousser le concept encore plus loin. C’est la naissance en 2019, de la plateforme Trainsweateat, lancée avec les 30 000 euros d’économie présents sur le compte en banque de la fitgirl. La plateforme dédiée au sport a été créée “pour inspirer leur communauté et l’aider à adopter facilement un mode de vie healthy et fit”. 

Trainsweateat c’est un catalogue de coaching pour tous les objectifs et tous les niveaux. L’offre s’accompagne de programmes nutritionnels et de bien-être, pensés par des diététiciens ou encore des kinésithérapeutes, qui entourent le duo à chaque moment de la confection. Cette imbrication entre sissy et des professionnels se développe dans chaque contenus proposés sur la plateforme TSE. “On a toujours eu trois concepts. Le train, le sweat, le eat. Le train, c’est l’entraînement en salle de sport. Cette partie est animée par Tini qui a une grosse compétence en musculation. Moi, j’anime davantage le pôle sweat qui est sous forme de circuit training. C’est la continuité des bikinis avec Sissy. Le pôle eat, c’est aussi moi car j’aime cuisiner. On essaie de faire au maximum par nous même, mais évidemment, les entraînements, les séances et les programmes sont élaborés avec des professionnels”. Pour l’entrepreneuse, “l’idée de la plateforme en ligne c’est d’aller plus loin que les contenus gratuits déjà disponibles sur YouTube.” Un pari qu’elle réussit en proposant une large gamme de contenus exclusifs. 

 

Sissy Mua, le 28 février à Paris. Crédits : Maurice Midena

 

Abdos et squats en confinement 

Seulement un an après le lancement de la plateforme, le covid-19 s’abat sur le monde. Pour beaucoup d’entreprises cette épidémie est un coup de massue, mais pour la team Trainsweateat c’est une aubaine. Pendant le confinement, les Français ont beaucoup plus de temps libre. Un temps qu’ils vont pour la plupart consacrer aux réseaux sociaux. Au même moment, Sissy Mua lance un live quotidien en soirée, pendant trois mois, où elle retrouve les « Fitgens » (sa communauté) pour une “session sportive partagée”. Coachée par leur influenceuse préférée, la recette prend tout de suite. Pour la fitness girl c’est un vrai boom, qui lui permet de faire connaître son application aux près des centaines de milliers d’abonnés qui la suivent en direct chaque soir. “Le confinement a été un vrai tremplin. On a inscrit de nouvelles habitudes chez les Français. Grâce au confinement et aux lives que j’ai proposés sur un coup de tête, ceux qui m’ont suivi ont découvert que s’entraîner chez soi c’était une solution qui était facile, rapide et accessible à tous. S’entraîner chez soi ne voulait pas dire s’entraîner en pyjama, faire trois petits abdos et terminer au bout de quelques minutes, mais plutôt qu’on pouvait s’entraîner de manière sérieuse et rigoureuse”. Un an après sa création, post confinement, Sissy explique que Trainsweatheat comptabilise 1,4 millions d’abonnés. Un chiffre qui a diminué depuis mais qui avoisine toujours les milliers d’abonnés.

Ces incroyables statistiques, la fitgirl l’explique par une ambiance familiale et un esprit d’équipe. “Chez TSE, on cultive vraiment l’esprit de communauté, d’entraide et de motivation collective.” Malgré le culte du corps que véhicule la pratique du fitness, Sissy est très attachée à ce que son application partage des valeurs de bien-être et d’acceptation de soi. “Si une personne nous rejoint en disant, je suis en surpoids et j’ai envie de m’inscrire pour me sentir bien. Bah, c’est OK, on ne cultive pas la minceur”. 

Pourtant, elle partage sur ses réseaux sociaux une mise en scène constante de son corps très dessiné, ce qui lui a valu d’être souvent la cible de vives critiques. “Quand on est dans ce milieu là, on est évidemment exposé à toutes sortes de critiques. Il y a même des gens qui disent ça fait dix ans, tu progresses plus ou encore que mon physique n’est pas idéal. Ce qu’ils ne comprennent pas, c’est que ce n’est plus mon objectif. Aujourd’hui, ma pratique est le reflet de ce que j’ai envie de faire. J’ai envie de performer, d’améliorer ma condition. Je ne suis plus dans une course à l’idéal.” Tout en ayant de fait, le corps d’une athlète qui s’entraîne entre une et deux heures par jour, six fois par semaine.

 

TSE PRO : le bien-être au travail 

Avec une application florissante, un partenariat en 2020 avec la marque de sport Decathlon ou encore des réseaux sociaux qui ne cessent d’accroître, Sissy Mua domine le milieu de l’influence du fitness français. 

Début d’année 2024, la start-up qui compte désormais une trentaine de salariés cible les entreprises. Trainsweateat dévoile une nouvelle offre à destination de professionnels de secteurs variés. Ces dernières années, le sport et les sujets liés à la santé se sont démocratisés dans le monde de l’entrepreunariat. Cette nouvelle offre permet aux salariés d’avoir un accès entièrement financé par leurs entreprises aux contenus premium de l’application. L’idée de TSE Pro a germé dans la tête du duo de sportifs – une fois de plus- après le confinement. “Suite au confinement, on a eu pas mal de demandes sur le sport en entreprise. Beaucoup de personnes nous ont contactés pour se faire rembourser leur abonnement par leurs entreprises ou des entreprises qui nous ont contactés d’elles-mêmes. Tout ça nous a fait réfléchir sur le sujet.” Pour l’heure, TSE Pro a déjà séduit de nombreuses entreprises dont L’Occitane en Provence, IZI by EDF ou encore des magasins E.Leclerc. Prônant toujours des valeurs de partage, de bien-être et de santé, TSE pro souhaite répondre à un besoin de ses abonnés. “On s’adapte à nos abonnés, on propose de la méditation, du yoga, le genre de choses qui intéressent des salariés dans leur quotidien”. Bref, tout un tas de pratiques possibles aussi sur le lieu de travail, entre bien-être individuel et sessions de team building collectifs. Pour une fois qu’en suer au travail peut être un plaisir. 

 

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